AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782823608632
384 pages
Editions de l'Olivier (04/02/2016)
3.66/5   1279 notes
Résumé :
Quand Lili Colt arrive à Kodiak, un port de l'Alaska, elle sait qu'elle va enfin réaliser son rêve : s'embarquer sur un de ces bateaux qui partent pêcher au loin. Pour la jeune femme, une runaway qui a fui jadis le confort d'une famille française pour " faire la route " , la véritable aventure commence. Le choc est brutal. Il lui faut dormir à même le pont dans le froid insupportable, l'humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, les blessures...Seu... >Voir plus
Que lire après Le Grand MarinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (292) Voir plus Ajouter une critique
3,66

sur 1279 notes
Au départ, c'était pour moi un défi de lire cet ouvrage, et ce le plus rapidement possible, étant donné que l'auteur devait être l'invitée de le seule eu unique librairie de ma ville (eh oui, pauvre de moi !) ce jeudi. Ouvrage donc rapidement emprunté à la médiathèque (toujours seule et unique dans cette même ville dans laquelle je réside) et rapidement lu. Deux choses se sont produite entre-temps, lorsque j'ai eu commencé ma lecture : la première est que l'auteure ne vient plus jeudi comme prévu mais à une date postérieure non encore connue à ce jour et la deuxième est que je n'ai plus lu cet ouvrage par défi mais simplement parce que je me suis laissée envoûtée autant bien par l'histoire que par la qualité d'écriture que nous offre ici Catherine Poulain.

Lili, l'héroïne et narratrice de ce roman, décide un beau jour de tout lâcher. Sa petite vie paisible et routinière à la campagne, sa famille...bref tout ! Elle a l'impression d'étouffer, elle n'en peut plus ! Il faut qu'elle parte à tout prix ? Pourquoi avoir choisi l'Alaska et la pêche pour survivre ? Tout simplement pour se sentir vivante ! Elle n'est jamais partie en mer pour d'aussi longues périodes et a encore tout à apprendre du métier de pêcheur mais Lili ne demande que cela. C'est le bateau le Rebel qui lui donnera sa chance de faire ses preuves et bien qu'elle ne soit plutôt menue, elle les fera. Elle apprendra à se faire respecter dans un monde traditionnellement réservé aux homme, fera ses quarts comme eux, videra les poissons (d'abord la morue puisque telle est la première grande pêche pour laquelle elle s'embraque) puis les flétans après et d'autres que je n'énumère pas car ils sont en partie minoritaire. C'est sur son premier bateau qu'elle fera la connaissance de Jude, "l'homme-lion" comme on le surnomme, le Grand marin préférera-t-elle employer comme distinction quand elle parlera de lui. Elle voudrait marcher dans ses pas, même quand il gueule car, il ne faut pas croire mais lors des journées de pêche, tous les hommes gueulent ! Lors du retour à quai, ils se rendent dans les bars afin de boire, fumer et boire encore. Lili, elle fera comme eux et sera, au bout d'un certain temps, appréciée et respectée comme eux. Pourtant, ils lui en ont fait voir de toutes les couleurs mais Lili a tenu bon, et est même devenue accro ! Accro à ce grand frisson, accro à ces nuits où le sommeil n'est quasiment pas autorisé, accro à ces heures d'attente, puis bien plus tard accro à "son grand marin" mais cela est une autre histoire...

Un roman poignant dans lequel le lecteur (ce fut le cas pour moi en tout cas) se laisse bercer par le bateau même quand la mer se fait capricieuse, quitte à en avoir un peu le mal de mer (je vous rassure tout de suite, on s'acclimate très vite) ! Il vit en même temps que ses personnages, espérant pour eux que la pêche aura été bonne ou tremblant avec eux en raison du matériel pas assez résistant et qu'ils devront rembourser une fois revenu à Kodiac, leur ville de départ, ayant froid pour eux et ayant presque honte le soir quand ils vont se coucher dans un lit bien douillet alors que certains, si le place se fait rare (tel est le cas de Lili au départ) doivent coucher à même le sol, avoir les pieds trempés et bien d'autres désagréments encore. Mais Lili, elle, est heureuse et par conséquent, le lecteur avec elle ! A découvrir ! Un premier roman qui s'avère très prometteur !
Commenter  J’apprécie          1161
J'ai plongé les deux pieds dedans.
Pourtant ce livre ne raconte rien ou du moins pas grand-chose.
Une jeune française qui plaque tout pour aller au bout du monde et qui se retrouve sur un bateau de pêche à sortir et à éviscérer des morues sur un océan déchaîné au large de l'Alaska.
Voilà l'histoire.
Une histoire d'hommes, de marins, qui passent leur temps à pécher, à travailler, à dormir, à rentrer au port prendre des cuites, à repeindre le port en rouge, et recommencer. Un jour, c'est de la morue. le lendemain, c'est du flétan. Peut-être qu'un jour on péchera le crabe !
Lili a embarqué sur le "Rebel" parmi les hommes. Elle est la seule femme à bord. Il faut qu'elle fasse son trou … toute seule. Se faire accepter … ne pas se plaindre … même avec une côte brisée … même avec une arête de poisson fichée dans la main, infectée jusqu'à l'empoisonnement. Garder sa place. Gagner la confiance de l'équipage. Se faire respecter. Dormir à la dure, quand on peut dormir. Des heures durant sur le pont, décrocher les poissons, les vider, accrocher les appâts, nettoyer et recommencer, encore et encore.
Un livre que j'ai pris comme un coup de poing, l'expérience est si puissante, sûr j'en ressortirai pas indemme.
La lecture s'avère passionnante, l'histoire dégouline comme les embruns sur les vitres de la timonerie. Les phrases sont courtes : un sujet, un verbe, un complément. le rythme du récit est intense, pas d'ennui à la lecture. Un véritable talent de conteuse, la vie, le temps qui passe ... inlassablement .... inexorablement ... Comme les pages de ce livre qui filent plus vite que le vent : déjà la moitié ? Allez encore un peu ... Merde il fait déjà jour !
J'ai lu jusqu'à la nausée : homme de la terre, je n'ai pas le pied très marin.
Commenter  J’apprécie          1063
J'ai découvert ce livre grâce à une autre Lili que je remercie car, sans elle, je serais passée à côté de ce roman. En effet, les livres parlant d'éléments maritimes ne m'intéressent pas vraiment habituellement. Honte à moi dont certains ancêtres étaient bateliers et dont une partie de la famille est constituée de marins-pêcheurs ! Cependant, je me rends compte que lorsqu'ils sont bien écrits - et c'est le cas ici - je me laisse embarquer. Il en avait été de même avec "Le Mépris et la Haine" de Jean-François Zimmermann.

Cette femme est une battante, j'oserais même dire "une combattante". Elle brave tout, sans sourciller ou presque, afin d'assouvir son idéal : vivre libre, être en harmonie avec les grands espaces. Elle lâche tout, une vie confortable, des repères géographiques et sociaux pour se lancer à corps perdu dans l'aventure. On ne sait que trop à quel point il est difficile, pour les hommes, de vivre à bord d'un bateau, d'essuyer des tempêtes, de garder le moral... alors imaginez un peu pour une femme au physique de brindille ! Mais Lili va s'adapter et se faire une place sur ce bateau au nom évocateur, le "Rebel"... SA place.

L'écriture de ce texte est mimétique des aventures de l'héroïne : elle ne laisse pas le lecteur respirer une seule seconde. Et lorsqu'on sait que Catherine Poulain s'inspire de sa propre expérience, on ne peut qu'admirer le courage et la passion qui l'animent. J'ai vraiment apprécié ce roman que j'ai lu pratiquement d'une traite, submergée par la grande vague des mots.

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          966
Avec le Grand Marin, Catherine Poulain nous offre un premier livre éblouissant dans le tumulte de l'Océan et le froid polaire de L'Alaska.

J'ai reçu Un coup au coeur en lisant ce roman tissé de douleurs, de cris, de désespérances, mais la grâce de l'écriture trempé au sang des fleitans, au regard des marins, univers où nulle femme ne vient , ne franchit le bastingage, ne se heurte aux rugosités sauvages de ces êtres, obligés pour survivre à accepter l'insoutenable, roman qui raconte l'essentiel, la vie.

L'histoire d'un défi humain, la pêche Hauturière, pour cette femme bouleversante d'émotions contenues, présente à la LGL, qui va enchanter mes amis halieutes et tous les amoureux de pêches en mer.

Ce roman, bouée de survie pour lili, le Nom de Catherine Poulain dans le roman, qui a du renoncer à cette vie de fracas pour des prairies paisibles entourée de moutons, l'a sauvée d'elle même, de ses frayeurs mais surtout de ses dix années qui l'ont porté vers des hommes âpres et noueux, John, Simon, Jude, Niképhoros...

Si l'écriture peut sauver parfois, Catherine Poulain nous en donne quel spectaculaire exemple!

Dans tout ce récit , rien de trop, rien d'inutile ni de gratuit, une exigence de justesse, les mots son choisis pesés, une écriture de chair," je ris quand il glisse, je sens le vent dans mes reins" une écriture manuelle, puisée dans les épreuves, l'humidité, le froid, le sel, les gerçures et les bruits assourdissants des manoeuvres « lili, mais bordel de merde lili tu dors » .

Le Grand Marin rassemble aussi des portraits d'hommes farouches qui peu à peu vont ouvrir leur humanité, leur sensibilité et leur histoire, à vous maintenant de rentrer dans la carcasse du Rebel pour vivre avec Lili son épopée, et une douloureuse mais très charnelle histoire d'amour.

Livre inoubliable à partager.
Commenter  J’apprécie          823
« Manquer de tout, de sommeil, de chaleur, d'amour aussi, jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu'à haïr le métier, et malgré tout on en redemande, parce que le reste du monde vous semble fade, vous ennuie à en devenir fou. On finit par ne plus se passer de ça, de cette ivresse, de ce danger, de cette folie oui ! »


Eh oui, elle en redemande, Lili ! La petite Française toute menue qui s'en va, de Manosque à Kodiak, en Alaska, pour pêcher, oui, pêcher ! S'en aller sur un bateau plein de marins rudes, arracher le coeur des poissons, les manger...Parce qu'elle MANGE le coeur des poissons, après les avoir vidés. Drôle de fille, Lili. Et puis quand vient le temps de retourner à terre, elle erre. Dans les bars, sur les routes, sur les rochers. A la rencontre du vide, du manque de mer. Elle se heurte à l'alcool, elle s'attache à certains hommes, à un homme certainement : le grand marin, le lion, le dur, l'immense à l'extérieur, le paumé de l'intérieur. L'Alaska remplira-t-il son rêve ? Celui d'aller jusqu'au bout ?


Vous allez dire que je suis folle car ce roman a été encensé, mais je ne l'ai pas aimé. Malgré ce style exceptionnel, à coups de phrases courtes et très souvent poétiques, que je salue en connaisseuse, je n'ai pas aimé.
L'ambiance grise, pleine de saleté, de vomissures, d'alcool, d'entrailles de poissons, de sang, de blessures, d'humidité, les personnages perdus quoique rarement méchants, quelquefois misogynes mais souvent malheureux, prisonniers de leur destin happé par la mer, l'hiver, la bruine, les rochers, les bateaux sales et noirs, les patrons têtus...pardonnez-moi, mais je n'ai pas aimé.
Impossible pour moi de trouver quelque chose de positif dans cette narration d'un « rêve » de toujours. Est-elle heureuse, la petite Française ? Ce vide qu'elle a dans le ventre est-il comblé ? Je ne sais pas. Quand elle est en mer, oui (mais la narration de la pêche, quel ennui pour moi !). Quand elle est sur terre, c'est autre chose.


Ce désespoir latent quand on va au bout de ses rêves, ça ne me va pas.
Le sommeil, la chaleur, l'amour, j'en veux. Et ce n'est pas dans ce roman que je les trouve.
Encore désolée.
Commenter  J’apprécie          7124


critiques presse (8)
LaPresse
31 juillet 2017
Car, au plus fort des tempêtes et des ressacs, y compris les plus intimes, demeurent ces éclats de lumière vibrant comme autant de trous dans les nuages sous les effets de la plume gorgée d'un réalisme tantôt cru, tantôt poétique, de Catherine Poulain.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
31 juillet 2017
Le roman révèle une plume singulière, très puissante, capable d’évoquer une large palette d’émotions et de dépeindre les grandioses paysages de l’Alaska, où se trouve son héroïne, Lili Colt.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Liberation
10 juillet 2017
Un bon coup de fraîcheur par ces temps de canicule ! Ce livre est destiné à ceux qui aiment les grands espaces, la nature et surtout la mer.
Lire la critique sur le site : Liberation
LaLibreBelgique
10 avril 2017
Un premier roman à la grâce aérienne, à l’écriture cristalline, où les fulgurances poétiques emportent par douces vagues.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
05 avril 2017
Des dix années qu'elle a passées en mer, la frêle et discrète Catherine Poulain a nourri, quinze ans plus tard, ce premier roman très directement autobiographique.
Lire la critique sur le site : Telerama
Actualitte
04 août 2016
Porté par une écriture précise et poétique, son souffle puissant nous transporte littéralement dans l’atmosphère âpre et rude de l’Alaska, « the last Frontier » (...) C’est un roman qui se vit !
Lire la critique sur le site : Actualitte
Bibliobs
12 février 2016
Cette héritière sauvage de Conrad et Melville a composé, sous sa yourte provençale, un étourdissant et rugissant premier livre dont la prose évoque l’inquiétant mugissement d’une corne de brume.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
04 février 2016
Catherine Poulain raconte la vie d'une jeune Française à bord des palangriers d'Alaska et emporte le lecteur dans une histoire singulière et passionnante sur la condition humaine.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (210) Voir plus Ajouter une citation
Ma côte me fait mal. J’ai froid. Je voudrais rentrer à Kodiak. Joey m’horrifie, il était doux hier, il me parlait des bêtes et des bois, il disait tristement : Moi le négro d’Indien, le voilà devenu barbare. Il faut tuer au plus rapide. Le temps est de l’argent, les poissons des dollars, et quand paraît une étoile de mer, souvent plus grosse que mes deux mains réunies, qu’elle retombe flasque sur le plan de travail, accrochée à l’hameçon qu’elle suce avidement, il l’envoie s’écraser contre un montant d’acier.

Quelquefois encore, des petits poissons de roche sont broyés dans la poulie, ou déchiquetés contre les gardes de métal entre lesquelles passe la ligne. Je relance à la mer ceux qui arrivent à ma portée d’un geste furtif et dérisoire que j’essaye de cacher aux autres, mes hommes, mes miens, des tueurs au long cours – des mercenaires, ces barbares qui me font peur, devenus bêtes à éventrer dans la vaste boucherie, le fracas des moteurs, le déchaînement de l’océan. P119
Commenter  J’apprécie          330
Page 302
- Mais qu’est-ce que tu veux toi pour finir ? Tu disais Point Barrow au début, pour des raisons qu’avaient pas de sens, maintenant c’est le crabe qui t’habite. Et puis des fois c’est Hawaï, pour un mec je suppose… M’étonnerait que ce soit pour les beaux yeux d’une femme.

- D’abord je veux pêcher. Je veux m’épuiser encore et encore, que rien ne m’arrête plus, comme… comme une corde tendue, oui, et qui n’a pas le droit de se détendre, tendue au risque de se rompre. Et après Hawaï… Et Point Barrow un jour.

- La pêche… Vous êtes tous les mêmes, vous qui arrivez ici comme des illuminés. Moi c’est mon pays, j’ai rien vu d’autre, pas voyagé plus loin que Fairbanks. Je cherche pas l’impossible. Je veux juste vivre et élever mes gosses. C’est chez moi cette île ! Remarque moi je suis rien qu’un con, un sale négro d’Indien...`

- Non Joey, j’aime pas quand tu dis ça.

... Joey a repris et sa voix devient traînante :

- Alors t’as laissé ton pays pour venir pêcher l’aventure…

- Je suis partie, c’est tout.

- Pfff ! Vous êtes des milliers comme ça, qui arrivez depuis plus d’un siècle. Les premiers c’étaient des féroces. Vous c’est pas pareil. Vous êtes venus chercher quelque chose qui est impossible à trouver. Une sécurité ? Enfin non même pas puisque c’est la mort que vous avez l’air de chercher, ou en tout cas vouloir rencontrer. Vous cherchez… une certitude peut-être… quelque chose qui serait assez fort pour combattre vos peurs, vos douleurs, votre passé – qui sauverait tout, vous en premier.

Il boit au goulot de sa bouteille longuement, paupières mi-closes, la repose sur le comptoir, rouvre les yeux :

- Vous êtes comme tous ces soldats qui partent affronter le combat, comme si votre vie ne vous suffisait plus… s’il fallait trouver une raison de mourir. Ou comme s’il vous fallait expier quelque chose.

- Je veux pas mourir Joey.
Commenter  J’apprécie          150
Mon skipper rêve encore face à la mer. Il disait que chacun se révélait une fois à bord. Qu'est-ce qu'il doit être triste alors, je pense en le regardant. Il s'est retourné :
- Alors Lili, pas trop dure cette saison?
- Oh non.
Il sourit :
- Je savais que ça te plairait. J'ai vu passer suffisamment de greenhorns pour savoir reconnaître ceux qui vont accrocher.
- Je fais l'affaire?
- Sûr...
- Tu vas y aller, pêcher sur la mer de Béring?
- Peut-être. Faut que je redescende à Oklahoma d'abord. Voir mes gamins. Ma femme.
- Tu les vois pas souvent.
- Pas trop. J'y ai quand même passé l'hiver. Ils grandissent. Ils sont beaux.
- Tu dois manquer à ta femme.
Il a un sourire triste.
- Peut-être. Je lui en ai fait assez voir quand je faisais le con. Quand je rentrais saoul mort toutes les nuits.
- Mais tu ne bois plus maintenant. Et même t'es beau.
Son visage s'éclaire un instant. Il a un sourire gêné.
- Si tu le dis...
Commenter  J’apprécie          260
Il faudrait toujours être en route pour l'Alaska. Mais y arriver à quoi bon. J'ai fait mon sac. C'est la nuit. Un jour je quitte Manosque-les-Plateaux, Manosque-les-Couteaux, c'est février, les bars ne désemplissent pas, la fumée et la bière, je pars, le bout du monde, sur la Grande Bleue, vers le cristal et le péril, je pars.
Je ne veux plus mourir d'ennui, de bière, d'une balle perdue. De malheur. Je pars. Tu es folle. Ils se moquent. Ils se moquent toujours - toute seule sur des bateaux avec des hordes d'hommes, tu es folle… Ils rient.
Riez. Riez. Buvez. Défoncez-vous. Mourez si vous voulez. Pas moi. Je pars pêcher en Alaska. Salut.
Je suis partie.
Commenter  J’apprécie          370
Simon love les palangres, assis sur un baquet en dessous de la poulie. Julie est penché par-dessus la lisse. Il scrute la remontée de la ligne, gaffe le flétan sitôt qu'il surgit des flots, s'arc-boute, reins tendus, la mâchoire serrée, visage ruisselant. Il le hisse à bord, décroche le poisson d'une torsion brève du croc. Joey, Dave et Jesse égorgent et éviscèrent. Je racle l'intérieur des ventres ouverts, les lave de leur sang. Je déplace et remplace les baquets, au fur et à mesure que Simon les remplit des palangres délestées de leurs prises . Une pointe de feu me traverse quand je me baisse pour empoigner les baquets pleins, que je les charrie à l'autre bout du pont, titubant dans le violent roulis. Tripes, lambeaux d'appâts et créatures semi-végétales balayent le pont de bord à bord.
Commenter  J’apprécie          300

Videos de Catherine Poulain (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Catherine Poulain
Catherine Poulain - L'ombre d'un grand oiseau
autres livres classés : alaskaVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2470) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1712 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..