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3,66

sur 1287 notes
Servi par une écriture « à bout de souffle » ce roman se lit d'une traite et même si la deuxième partie nous entraîne moins loin dans l'aventure, il sera difficile après avoir fermé le livre de quitter cette jeune femme atypique vivant continuellement au bord du précipice sans égards pour son corps se nourrissant de pop-corn, de crème glacée et de White Russian quand elle est à terre ou du coeur cru des poissons à bord, avec pour seul idée : pêcher encore et encore et aller au bout du bout du monde, au bout du bout d'elle-même et même au-delà. On ne saura pas ce qu'elle fuit mais cela n'a pas beaucoup d'importance car on comprend que Lili, petit bout de femme aux mains énormes, surnommée le moineau, écorchée vive, sans limite n'a qu'un besoin : se sentir libre, sans entraves, et voler au-delà de ses ressources pour oublier sans doute sa peine et ses peurs.
Catherine Poulain nous fait cadeau dans ce premier roman d'une partie de sa vie et tant est épique la force de son écriture qu'elle pourrait nous raconter encore et encore les tempêtes, les poissons qu'on éventre au bout de ses forces, les saouleries dans les bars, les quarts sans fin, l'immensité des paysages sans qu'on s'en lasse.
« Il faudrait toujours être en route pour l'Alaska. Mais y arriver à quoi bon. J'ai fait mon sac. C'est la nuit. Un jour je quitte Manosque-les-Plateaux, Manosque-les-Couteaux, c'est février, les bars ne désemplissent pas, la fumée et la bière, je pars, le bout du monde, sur la Grande Bleue, vers le cristal et le péril, je pars. Je ne veux plus mourir d'ennui, de bière, d'une balle perdue. de malheur. Je pars. Tu es folle. Ils se moquent. Ils se moquent toujours ' toute seule sur des bateaux avec des hordes d'hommes, tu es folle' Ils rient.
Riez. Riez. Buvez. Défoncez-vous. Mourez si vous voulez. Pas moi. Je pars pêcher en Alaska. Salut.
Je suis partie. »

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Le tout début a été d'une lecture un peu difficile pour moi, avec des "phrases" ultra courtes. Mais au fil des pages, au fil des mots, la fluidité s'est installé.
Même chose au niveau des personnages. J'avais un peu de mal avec les différents marins, je les confondais. Mais la reconnaissance s'est installée, la connivence s'est créée.
J'ai lu avec avidité l'histoire maritime de Lili, du grand marin, et de tous ces hommes. J'avais l'odeur du poisson autour de moi, la brûlure du sel sur mes mains, l'eau glacée imbibait mes vêtements. Enfin presque. Un premier roman, oui, mais d'emblée un grand roman.
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Voilà un livre que j'avais mis dans ma liste de livres à lire absolument ! Un livre présenté et recommandé par l'émission de la GRANDE LIBRAIRIE sur la 5 le jeudi soir. Cette femme m'avait impressionné.

Le Grand Marin de Catherine POULAIN (née en 1960 à Manosque)


L'air du grand large, l'odeur du poisson, la sueur, l'ambiance des bistrots remplis de marins assoiffés, les larmes, la souffrance, le désespoir etc....Peu d'histoire dans ce roman mais énormément de ressentis, du vécu . Lili quitte Manosque pour l'ALASKA car elle étouffait, elle avait envie de partir vers la dernière frontière. Elle arrive à KODIAK (Alaska) avec un vieil anorak déchiré et son duvet. Elle est embauchée pour pêcher la morue noire. Elle dormira d'abord sur le sol du bateau Elle travaillera jusqu'à l'épuisement, jusqu'aux larmes et finira par se faire respecter par ces marins cabossés par la vie, alcooliques, marginaux....Elle rencontrera le GRAND MARIN...
Un premier roman d'une femme libre. 

Une femme hors du commun.
Elle a travaillé dans une conserverie Islandaise, barmaid à Hong-Kong,
a pêché 10 ans en ALASKA etc......
Mireine



J
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Tell me a story...

Au grand marin, Lili pourrait raconter la France. La fuite. Partir pour respirer. Pour ne pas crever, d'ennui, le sien et celui des autres. Mais partir. Comme on ne sait plus faire autrement. Reprendre son souffle, partout, espérer les grands espaces, le bout de tous les bouts du monde. Sauter dans le vide. A l'eau. Mais oser. Mais risquer.

Rejoindre l'Alaska.

Au grand marin, Lili pourrait le bercer de ce qu'il sait déjà. le tangage du Rebel, bateau de pêche où ils se rencontrent. Les embruns, le froid, la folie de survivre, pour rien ou presque rien, la bière au port, l'amitié au milieu des gueulantes viriles, tu dors, reveille-toi Lili !
Gagner leur confiance.
Offrir la sienne aussi.
Le respect qu'on n'attend plus, parce que, quoi, on est une femme, un petit corps chétif, une brindille qui tient debout quand même, tant pis pour le gros grain !
Et comment vivre sans eux après, quand on a connu l'entraide, l'épuisement, les côtes cassées et les plaies empoisonnées ?

Tell me a story...

Au grand marin, elle pourrait lui dire l'amour. Qui vient brutalement. Qu'on pressent, qu'on devine, violent, sans pouvoir encore le nommer. Et puis l'océan. Les nuits à même le sol. La vie à même la peau.
Ce grand marin, cet homme si puissant sur mer, si fragile sans ses jambes de marin, cet homme n'est qu'une métaphore. Si douce et cruelle.

Voilà ce qu'elle dirait, Lili.

Avec une économie de mots. Précis, maîtrisés.
Ce livre m'a coupé le souffle.
De beauté. de sensibilité. de justesse.
L'Alaska ? Quand elle veut.
Certains poèmes n'en ont pas l'air...
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Roman qui a tout du récit... et récit qui épouse les codes du roman. Mais surtout, roman écrit avec du style... écriture saccadée, réduite à l'essentiel, sans fioriture, directe, violente comme un uppercurt... et parfois des tournures poétiques, philosophiques.
Catherine Poulain nous fait découvrir un monde âpre et déglingué, un monde d'hommes, prêts à accepter tous les sacrifices, à affronter les pires conditions pour assouvir leur soif de liberté.
Catherine Poulain nous raconte sa propre histoire, celle des marins de l'Alaska qui partent à la pêche à la morue, au flétan ou au crabe royal suivant les saisons. Tous sont durs au mal, imprévisibles. Ils claquent tout leur fric dans les bars où ils s'oublient dans l'alcool. Ils ont des rêves plein la tête mais ne savent pas vivre sans retourner à l'océan.
On peut également y rencontrer l'amour. Ce livre est une ode à ce "grand marin" dont elle est tombée amoureuse. Mais, dans ces contrées lointaines et sauvages, l'amour ne résiste pas à l'appel du large.
Beau témoignage et respect pour cette femme au parcours de vie franchement hors du commun.
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Quand le Grand marin est sorti, il y a quelques mois, le Monde diplomatique a consacré un dossier au métier le plus dangereux du monde. Contrairement à ce que je croyais, ce n'est pas militaire ni policier ni pompier ni ouvrier du bâtiment ; c'est pêcheur ! Lili quitte Manosque (fuit Manosque) pour aller pêcher en Alaska. Je n'ai rien compris à Lili: pourquoi a-t-elle choisi cette activité où TOUT est extrême ? le froid, la fatigue, la saleté, le danger, le sexisme, la misère, l'ivrognerie ? Quel plaisir éprouve-t-elle à se faire humilier, à côtoyer des hommes sales, frustres, camés , violents, malheureux, tellement malheureux ? Pourquoi y retournent-ils tous, sur les bateaux ? Bref, je n'ai rien compris. Sauf que cette histoire est vraie, que Catherine Poulain a vraiment été pêcheur en Alaska. Chapeau bas, Madame ! Car, en effet, grâce au Grand marin, j'ai tout compris à la pêche. Il y a du Melville et du Jack London dans le Grand marin. Je ne mangerai plus le poisson de la même façon depuis que je sais qu'il est le fruit des damnés de la mer. Un grand roman.
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Le grand Marin est un livre impressionnant. Un cri de liberté, voyage fascinant inspiré par la vie de l'auteure et les dix années qu'elle a passées à pêcher en Alaska, seule femme embarquée parmi des colosses bourrus. On a presque l'impression de lire du Jim Harrison ou du Jack London. L'écriture de Catherine Poulain est habitée, sauvage et intense comme son héroïne, d'une poésie permettant de saisir la beauté des éléments, mais aussi d'entrevoir le brasier qui irradie au coeur de l'humain.

Le grand Marin est ce genre de livre où, quand tu lis un passage que tu veux noter, tu es tellement pris par ta lecture que dix pages ont passé quand tu arrives enfin à saisir ton stylo. Lili a fui la France à vingt ans, sa famille aisée du bordelais viticole et une existence confortable, pour étancher sa soif d'absolu et de liberté. « J'ai peur des maisons, des murs, des enfants des autres, du bonheur des gens beaux et qui ont de l'argent », « Etre une petite femelle, c'est pas pour moi ». Elle a un rêve, s'embarquer sur des chalutiers en Alaska et pêcher sur les mers les plus difficiles du monde. Quand elle arrive à Kodiak, petit bout de femme à la volonté sidérante, elle va réussir à trouver une place, tout d'abord sur le Rebel.

Et alors elle va pêcher, et nous avec elle. La morue, le flétan, le crabe, durant des journées entières passées en mer avec l'humidité, la fatigue, la peur, le sel qui ronge les blessures, les tempêtes et les éléments, dormir par terre et le lendemain recommencer, toujours plus, toujours mieux. Elle va gagner le respect des hommes, qui vont l'adopter et dès lors elle partagera leurs existences, à part entière, pendant dix ans. Des hommes transfigurés par la mer ; mais dont parfois la peau de demi-dieu de légende finit rongée par l'alcool et les rêves brisés, à terre au coin d'un bar.

Cette lecture vivifiante montre une humanité que l'on n'a pas souvent l'occasion de croiser. Et ça vaut vraiment le détour.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Alaska: un seul mot qui donne envie de lire ce livre .Aucun avis préalable sur l'auteur , aucun résumé, aucune critique.Pour un breton pur souche, l'enfance est imprégnée de récits maritimes
La mer est partout ,dangereuse ,agitée ,théâtre d'aventures extraordinaires et de drames répétés
Alaska, "dernière frontière" en Amérique du Nord où aboutissent de vrais marins mais aussi un assemblage hétéroclite de paumés, de gueux, de "mendiants rivalisant de tare" avec un seul objectif:la rédemption par le travail acharné.Se donner une dernière chance de réussir un peu sa vie quand tout semble perdu.Arrive du Sud de la France un petit bout de femme .Pourquoi ce voyage:nous ne le saurons pas vraiment.A corps perdu, elle va se lancer dans l'aventure de la pêche dans un monde très dur physiquement.
Le style est simple , les phrases sont courtes ,le langage technique .Normal,un bateau est un lieu de travail ,les hommes sont taiseux,appliqués, courageux à l'extrême
Au retour de pêche, une seule activité:boire et reboire encore
On partage donc la vie de ce petit village où il ne se passe rien, hormis le rythme des différentes saisons de pêche
On navigue avec eux, on nage dans le sang des poissons, on vit oû on survit au gré des bonnes
oû des mauvaises pêches
Avec l'impression d'un monde hors du temps où ne survivent que les hommes et les femmes
solides physiquement mais pas forcément psychologiquement
Petite moment de respiration dans ce monde dur et clos: une histoire d'amour à l'image des personnages: simple, rude, entre 2 être cabossés ,endurcis par la vie
L'auteure a vraiment vécu 10 ans comme pêcheuse en Alaska.C'est une femme plutôt réservée et sympathique
D'où la force de son récit
Il faut prendre ce livre comme il vient , ne pas comparer avec les grands de la littérature maritime
Le récit d'une histoire vraie, bien éloignée d'autres témoignages d'aventures formatées mis en exergue dans le monde de l'édition ,de la télévision oû du cinéma
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«Il faudrait toujours être en route pour l'Alaska. Mais y arriver à quoi bon.»

Catherine Poulain, un petit bout de femme, le "moineau", aux mains hors normes, une «runaway», avide d'aventures fortes, extrêmes, de sensations, de libertés, est partie à l'aventure, au bout du monde, dans le Grand Nord, pêcher, tuer, éviscérer en compagnie des hommes, des durs, des rustres, des costauds, abîmés par la mer et l'alcool mais qui savent être tendres et amicaux. Elle est une femme libre, croquant la vie à pleines dents, capable d'affronter tous les dangers que la mer réserve, saisissant toutes les occasions pour ... vivre pleinement, simplement, à la recherche d'une autre vie; elle fuit l'enfermement et elle nous embarque dans son extraordinaire aventure, dépaysement assuré, avec beaucoup de pudeur et de sincérité.

«Vous êtes venus chercher quelque chose qui est impossible à trouver. Une sécurité ? Enfin non puisque c'est la mort que vous avez l'air de chercher, ou en tout cas vouloir rencontrer. Vous cherchez… Une certitude peut-être… Quelque chose qui serait assez fort pour combattre vos peurs, vos douleurs, votre passé – qui sauverait tout, vous en premier.»

J'ai aimé ce voyage, cette aventure, l'histoire de cette femme qui n'a pas froid aux yeux; je suis admirative devant ses exploits, son état d'esprit, sa force, son courage, sa détermination, son histoire d'amour, pudique et inattendue, sa puissance, son intelligence.
«Je ne suis pas une fille qui court après les hommes, c'est ça que je veux dire, les hommes, je m'en fous, mais il faut me laisser libre autrement je m'en vais… de toute façon, je m'en vais toujours. Je peux pas m'en empêcher. Ça me rend folle quand on m'oblige à rester dans un lit, une maison, ça me rend mauvaise. Je suis pas vivable. Etre une petite femelle c'est pas pour moi. Je veux qu'on me laisse courir.»

J'ai moins aimé le style, saccadé, aux longueurs et redondances qui ont, par moment, trop haché, ma lecture et m'ont détachée petit à petit de l'Alaska. Je n'ai pas embarqué sur le Rebel comme je l'aurais pensé, je n'ai pas ressenti l'air marin, comme je l'attendais, je n'ai pas pêché, je n'ai pas frémi comme je l'espérais...

Néanmoins, ce livre est grand roman d'aventures, et l'histoire de Catherine Poulain est incroyable. Elle est un phénomène, une personne que j'aimerais rencontrer, son histoire m'émeut.
J'ai refermé ce livre avec l' impression de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir su le savourer à sa juste valeur. J'aurais dû prendre plus de temps, peut-être. Je l'ai comparé aussi, mon erreur : j'ai préféré de loin les aventuriers nés sous la plume de Melville ou de London, ou encore de Conrad, de Stevenson.
Mais ce n'est que mon avis, faites-vous votre propre opinion, Catherine Poulain est une femme fascinante !

Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Quel roman dépaysant et époustouflant!!!
J'ai adoré accompagner Lili, double de papier de Catherine Poulain, dans ses tribulations sur les bateaux de pêche en Alaska!
Ce petit bout de femme, qui fuit la France et son passé, se jette aveuglément dans un monde presqu'exclusivement masculin (mais assurément misogyne) de la pêche à la morue et au flétan dans les eaux glacées du pôle. Minuscule au milieu de ces gars immenses et forts, insignifiante face à l'immensité des flots, elle va pourtant rapidement mériter l'estime de ces pêcheurs au passé trouble et à la violence innée. Lili cache ses larmes, qu'elles soient de colère, de douleur ou de honte. Elle avance, sur les flots, de bateau en bateau, de skipper en équipage de marins, de bar en bar, aussi, faisant fi de tous les dangers. Son but: atteindre "the last frontier" et rien, pas même le grand marin aux yeux jaunes et à la crinière de lion, ne la fera renoncer.
Catherine Poulain dit avoir toujours écrit ses histoires sur des petits carnets au fur et à mesure de ses aventures, et s'être récemment décidée à les rédiger dans le but de les partager. Son écriture est très sensuelle, rythmée par la respiration de la romancière et au plus près de diverses sensations, qu'elles soient tactiles, visuelles... tous nos sens de lecteur se mettent en éveil! J'ai aussi apprécié la pudeur dont elle fait preuve sur des éléments qui pourraient pourtant ajouter un côté tapageur au récit.
Un très grand livre d'une qualité rare.
J'espère que Catherine Poulain donnera une suite aux aventures de Lili!
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