Elle était en permanence outrée par ce qu'elle percevait comme l'immoralité criante du monde moderne.
La ferme isolée de Plainfiled n'était pas, ainsi que l'espérait Augusta, un sanctuaire loin des péchés des hommes. Au contraire, elle était une prison volontaire, bâtie sur leur union mal assortie. Un incubateur de folie.
Avant Ed et Psychose, les monstres des films venaient systématiquement d'ailleurs : Transylvanie, Allemagne, Angleterre… Ou de l'espace.
Sous les traits de Norman Bates, Ed Gein introduisit quelque chose de nouveau et de révolutionnaire sur le grand écran : le monstre américain pure souche. La terreur voisine.
Norman Bates ne fut pas la seule icône de film d'horreur que Gein inspira. Il servit également de modèle pour Leatherface et son masque en peau humaine dans Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, ainsi que Jame Gumb alias Buffalo Bill, le tueur en série qui coud un costume en peau à partir des corps écorchés de ses victimes féminines dans Le Silence des agneaux de Thomas Harris.
Mais l'influence culturelle d'Ed fut plus vaste encore. Si Psychose donna naissance au genre “slasher”, la figure d'Ed Gein se dresse derrière chaque psychopathe brandissant un couteau, une hache ou un couperet ayant hanté les écrans dans les décennies qui suivirent.
Il n'y a aucune prise de position morale. C'est un film qui traite de gens dérangés. On ne peut appliquer la notion de moralité aux fous.
On dirait que la nuit va être longue.
Je n'ai jamais tué personne, à ma connaissance.
C'était l'histoire d'un homme qui avait gardé le corps de sa mère dans sa maison, quelque part dans le Wisconsin. Je ne peux que supposer qu'il avait bu un verre de lait avant de commettre ses crimes.
- C'est intéressant de voir comment ça marche.
- Comment quoi marche ?
- La création d'un croque-mitaine. Ce type a gagné sa place d'honneur entre Dracula et Jack l’Éventreur.
- Exact. Les vilains mômes vont bientôt s'entendre dire qu'ils feraient mieux d'être sages ou Eddie Gein rentrera par la fenêtre leur grignoter les orteils.
- Une créature du folklore. Une projection de l'imaginaire humain, je suppose. Gein sort du décor, l'esprit ne peut pas juste accepter la réalité, alors il en fait une légende.
- J'envisage de partir d'ici, Eddie.
- Quoi ?
- Comme je viens de te le dire. Faire mes valises et partir. Pour de bon. Une nouvelle vie. Peut-être en ville.
Ne me fais pas tes yeux rond. Tu sais de quoi je parle. Elle est de plus en plus tarée. A répéter comme un perroquet ses litanies sur les putes et l'enfer et les damnations.
A ses yeux de folle, Plainfield est juste un immense bordel. Elle te l'a fait croire aussi. SI je ne me barre pas d'ici bientôt, je finirai aussi timbré qu'elle. Et toi aussi. Je te le dis, petit frère, il est grand temps qu'on coupe le cordon.
Dans les faits, le type a tué deux femmes, déterré plusieurs corps et fabriqué des choses avec leur peau. C'est ça, les faits.
À part ça…
Le seul à vraiment savoir ce qui s'est passé dans cette maison… C'est Ed Gein.