Les Lointains de l'air : A la recherche d'Ana María Martínez Sagi

Une existence se juge d'après ce qu’elle a fait de nous, et nous d’elle. Si la vie doit être l’expression et non la suppression de soi, on peut considérer que le poète sincère a obtenu un petit quelque chose de la sienne.

Ana Maria, qui déclarait consacrer deux heures par jour au dessin et à la peinture, « une fois terminé mon travail de journaliste et après m’être lavé les mains des paroles creuses », trouvait refuge à l’École des beaux-arts, où régnait « une atmosphère purement démocratique, d’aimable compagnonnage entre l’un et l’autre sexe ». C’était à cette même école que se rendait, après s’être lavé les mains de la chaux qui les blanchissait pour y faire ses débuts de sculpteur, le maçon dont le timbre prolétaire avait fait fuir ses distinguées amies. « Poser des obstacles sur le chemin de l’art est inique, soutenait Ana Maria. Faire une distinction entre pauvres et riches et établir un monopole en faveur de ces derniers est une absurdité. Priver d’art les pauvres est une injustice. »