Citations sur Les Annales du Disque-Monde, tome 18 : Masquarade (71)
Un fracas se produisit du côté de la cuisine, ou plus exactement ce qu'on pourrait appeler un fracrescendo : le craquement interminable qui commence quand une pile d'assiettes se met à glisser, se poursuit quand un présomptueux essaye de les attraper, s'enrichit d'un contrepoint quand celui-ci comprend qu'il n'a pas trois mains et s'achève sur le doingdoingdoing de l'unique assiette miraculeusement intacte tournoyant longuement par terre.
p.343.
Mémé Ciredutemps n’avait jamais entendu parler de psychiatrie, et en aurait-elle entendu parler qu’elle aurait refusé de s’y frotter. Il est des sciences trop occultes même pour une sorcière. Elle exerçait la têtologie – après maints exercices qui avaient fait d’elle une experte. Un psychiatre et un têtologue présentent peut-être certaines similitudes apparentes, mais une différence de taille les sépare dans la pratique. Un psychiatre traitant un patient qui craint d’être suivi par un horrible gros monstre s’efforcera de le convaincre que les monstres n’existent pas. Mémé Ciredutemps, elle, lui donnera tout bonnement une chaise sur laquelle se percher et un bâton bien solide.
p.338-9.
On ne croit pas un grand prêtre s’il affirme que le ciel est bleu et s’il fournit comme caution des déclarations sous serment signées de sa vieille mère aux cheveux blancs et de trois vestales, mais on gobe à peu près n’importe quel bobard que chuchote mystérieusement derrière sa main un parfait étranger dans un bistro.
p.271.
- Ben, il fait aristo…commença Nounou.
- Il a l’air d’une belle petite brute sans cervelle, la corrigea Mémé.
- Aristo, répéta Nounou.
- Pareil.
p.266.
C’était ridicule de vouloir trouver une explication branlante qui ferait prendre le faux pour du vrai.
p.161.
« Je lis ici que dame Timpani, qui chante le rôle de Quinzella, est traitée de diva, fit-elle. Doit manquer une lettre, c’est divan qu’il faut lire, sûrement. Mais j’vois pas le rapport. P’t-être qu’elle passe beaucoup de temps dessus pour se reposer parce que l’chant ça essouffle. Pour se reposer ou autre chose, remarque, paraît qu’y en a qui gagnent leur promotion comme ça. »
p.148-9.
« Qui peut faire une chose pareille ? dit-il. Franchement, Salzella… quelle différence il y a entre l’opéra et la folie ?
- C’est une question piège ?
- Non !
- Alors je répondrais : un meilleur décor.
p.128.
« Rue de l’Orme ? bafouilla-t-il. Mais… des dames respectables ne devraient pas fréquenter ce quartier… »
Nounou lui tapota l’épaule. « Tant mieux, dit-elle. Comme ça on tombera sur personne qu’on connaît. »
p.20.
Nounou Ogg avait l’habitude de se coucher tôt. Après tout, c’était une vieille dame. Il lui arrivait parfois d’aller au lit à six heures du matin.
- Il est vraiment mort ? demanda Baquet.
- On le dirait, répondit Mémé. Une des plus belle mort d'opéra, j'en mettrai ma main à couper.
- C'est affreux !
Baquet saisit feu Salzella par le col et le hissa debout.
- Où est mon argent ? Allez, répondez, dites-moi ce que vous avez fait de mon argent !!! Je ne vous entends pas !!!! Il ne dit rien !!!
- C'est parce qu'il est mort, fit Mémé. C'est pas causant, les défunts. En règle générale.
- Ben, vous êtes sorcière !!! Vous ne pouvez pas vous servir de ce truc des cartes et des verres ?
- Ben, oui... on pourrait s'faire un poker, dit Nounou Ogg. Bonne idée.