Le bonheur des uns
Poissons amis aimés
Amants de ceux qui furent pêchés en si grande quantité
Vous avez assisté à cette calamité
A cette chose horrible
A cette chose affreuse
A ce tremblement de terre
La pêche miraculeuse
Poissons amis aimés
Amants de ceux qui furent pêchés en si grande quantité
De ceux qui furent pêchés ébouillantés mangés
Poissons... poissons... poissons...
Comme vous avez dû rire
Le jour de la crucifixion
Fatras/succession Jacques Prévert, droits numériques réservés.
vous n'irez plus aux bois vos jambes sont coupées
Laissez passer le café si ça lui fait plaisir
(Les animaux ont des ennuis)
p131
La sagesse des nations
Minerve pleure
sa dent de sagesse pousse
et la guerre recommence sans cesse.
Parle seulement des choses heureuses
des choses merveilleuses rêvées et arrivées
Enfin je veux dire des choses qui valent la peine
mais pour la peine pas la peine d'en parler.
Je suis la Misère
j'ai fait mon métier
et la Seine a fait de même
quand elle a refermé sur elle
son bras fraternel.
Et cette lune c'est ma tête où tourne un grand soleil bleu
Et ce soleil c'est tes yeux.
VOLETS OUVERTS VOLETS FERMÉS…
…Volets ouverts
au garde-fou du rêve le soleil s'est penché
Verrous ouverts et refermés
Main chaude de l'amour le long des reins de l'ombre
quelqu'un dans une chambre
doucement a murmuré
Sa main sur mon épaule
c'est tout le sel de la lune
sur la queue du plus heureux des oiseaux
Je ne veux plus partir
je ne veux plus voler
Tourne le dos soleil
et persienne ferme-toi
Toute sa lumière nue
toute sa lumière à elle
sur son lit brille pour moi
Volets ouverts et puis fermés
Amants aimant et amoureux aimés
Volets ouverts et puis fermés
La clef des songes est sous le paillasson
un petit dieu bien propre
surnommé Cupidon
fait le garçon d'hôtel et l'agent de liaison...
p.200-201
Extrait de Jacques Prévert, Histoires, Le livre de Poche 1525, Gallimard, 1963.
Et cette lune c'est ma tête
où tourne un grand soleil bleu
Et ce soleil c'est tes yeux.
Bien sûr, depuis longtemps, comme la Grande Armée, l'Opéra avait son avenue, mais la chanson avait pour elle toutes les rues (...)
[poème "Enfant, sous la Troisième"]