L'âne le roi et moi
Nous seront morts demain
L'âne de faim
Le roi d'ennui
Et moi d'amour
Et le sang ardent de l'amour
coulait dans nos veines
Et il pense à elle
à la vie et à la mort
et à l'amour
et il crie.
La Seine est ma soeur
et comme je suis sorti un jour
des entrailles de ma mère
elle elle jaillit chaque jour
et sans arrêt
des entrailles de la erre
et la terre c'est la mère de ma mère
et la mort c'est la mère de la terre.
Et comme il était triste le soleil
quand l'étoile jaune de la cruelle connerie humaine
jetait son ombre paraît-il inhumaine
sur la plus belle rose de la rue des Rosiers
Elle s'appelait Sarah
ou Rachel
et son père était casquettier
ou fourreur
et il aimait beaucoup les harengs salés
Et tout ce qu'on sait d'elle
c'est que le roi de Sicile l'aimait
Quand il sifflait dans ses soigts
la fenêtre s'ouvrait là où elle habitait
mais jamais plus elle n'ouvrira la fenêtre
la pore du wagon plombé
une fois pour toutes s'est refermée sur elle
Et le soleil vainement
essaye d'oublier ces choses
et il poursuit sa route.
Et le soleil traverse à nouveau la Seine
sur un pont dont il ne sera pas question ici
à cause d'une invraisemblable statue de sainte Geneviève
veillant sur Paris
Encore une fois sur le fleuve
le remorqueur de l'aube
a poussé son cri
noyé dans les grandes aux de la misére
qui suintent horriblement
le log des murs de sa chambre sordide
un mourant