Le commun des hommes n'est sensible qu'à cinq ou six passions, dans le cercle desquelles leur vie se passe, et où toutes leurs agitations se réduisent. Ôtez-leur l'amour et la haine, le plaisir et la douleur, l'espérance et la crainte, ils ne sentent plus rien. Mais les personnes d'un caractère plus noble peuvent être remuées de mille façons différentes; il semble qu'elles aient plus de cinq sens, et qu'elles puissent recevoir des idées et des sensations qui passent les bornes ordinaires de la nature.
Tu m'aimes donc extrêmement ? Lui répondis-je. Mille fois plus que je ne puis le dire, reprit-elle. Tu ne me quitteras donc plus jamais ? Ajoutais-je . Non, jamais, répliqua t-elle. Et cette assurance fut confirmée par tant de caresses et de serments, qu'il me parut impossible, en effet, qu'elle pût jamais les oublier. J'ai toujours été persuadé qu'elle était sincère, quelle raison aurait-elle eu de se contrefaire; mais elle était encore plus volage, ou plutôt elle était plus rien, et elle ne se reconnaissait pas elle-même, lorsque ayant devant les yeux des femmes qui vivaient dans l'abondance, elle se trouvait dans la pauvreté et le besoin.
Je donnerai ma vie pour obtenir ou pour éviter ; mais estimer une chose plus que ma vie n'est pas une raison pour l'estimer autant que Manon.
Je verrai périr tout l'univers sans y prendre intérêt. Pourquoi ? Parce que je n'ai plus d'affection de reste. Ce sentiment était vrai .
[...]L'amour est plus fort que l'abondance, plus fort que les trésors et les richesses, mais il a besoin de leur secours ; et rien n'est plus désespérant, pour un amant délicat, que de se voir ramener par là, malgré lui, à la grosse fierté des âmes les plus basses.
Quel sort pour une créature toute charmante, qui eût occupé le premier trône du monde, si tous les hommes eussent eu mes yeux et mon cœur !
"L'amour est une passion innocente"
"J'éprouvais alors qu'on peut aimer l'argent sans être avare"
Otez leur l’amour et la haine, ils [le commun des hommes] ne sentent plus rien.
Mais j’étais né pour les courtes joies et les longues douleurs
Je vous vois pâle et tremblante, et je suis encore si sensible à vos moindres peines, que je crains de vous affliger trop par mes reproches. Mais, Manon, je vous le dis, j'ai le cœur percé de la douleur de votre trahison. Ce sont là des coups qu'on ne porte point à un amant, quand on n'a pas résolu sa mort.