La trilogie ayant Lyra pour héroïne est une de mes préférées et j'avais hâte de découvrir une autre des héroïnes de
Philip Pullman. J'attaque donc ce premier volet des aventures de Sally avec un a priori positif.
Sally reçoit un mystérieux courrier laissant à penser que son père aurait été assassiné. Elle démarre alors son enquête auprès de l'ancienne firme de son père et découvre des éléments étonnants sur le passé de son père en Inde (et sur le sien).
Premier point : très positif, on plonge dans le Londres de 1872, un Londres très vivant, celui des bas quartiers plutôt que celui des salons aristocratiques, celui des ruelles crasseuses et mal famées plutôt que celui des hôtels nobles. le cadre historique et sociologique est bien campé, surtout les effets de l'opium et de la misère.
Cependant, l'élément qui m'a surprise dans ce fond relativement crédible, c'est la liberté de mouvement de Sally, censée être jeune fille de bonne famille. Certes, elle ne fait pas partie de l'aristocratie et la grande tante qui l'accueille la néglige mais Sally se promène seule d'un bout à l'autre de Londres et même en dehors sans problème aucun.
D'autre part, je pensais que la grande affaire des jeunes filles de bonne famille de cette époque était le mariage. Or, cette question n'est jamais abordée alors que Sally a 17 ans, âge où la question apparaît. Il n'y a qu'à relire Austen pour voir comme le sujet est crucial pour les jeunes filles.
Deuxième point : même si Sally est plutôt sympathique, je n'ai pas retrouvé la profondeur des personnages de "La Croisée des mondes", ni le souffle épique de son intrigue. Sally pourtant plus âgée que Lyra est bien fade en comparaison.
D'autre part, je trouve que l'intrigue n'est pas assez resserrée autour du fil rouge de la mort du père de Sally et de l'histoire du rubis, on s'éparpille trop à raconter les petites histoires des protagonistes. C'est probablement dû au fait que c'est un premier tome, tome de présentation et d'introduction de personnages récurrents. Bref, je me suis un peu ennuyée.
Peut-être est-ce aussi le fait de la narration , avec ce narrateur extérieur qui relate mais commente aussi les événements? Ce dispositif narratif qui permet de dater le roman le rend un peu "vieillot" selon moi et je n'ai pas réussi à entrer dans le récit et à me laisser emporter.
La résolution du mystère est trop rapide. On cherche le rubis du titre pendant des chapitres entiers et tout d'un coup, il est trouvé sans tambour, ni trompette. de même le cas de Mme Holland, la "grande méchante" du roman, qui terrorise tout le monde, est expédié en deux lignes. Tout ça pour ça!
Enfin, la quatrième de couverture conseillait le roman au jeune public à partir de 11 ans. Or, je trouve que l'ironie et l'humour particulier du narrateur n'est peut-être pas évident à percevoir et la brutalité de certaines scènes difficile à recevoir.
A l'arrivée, j'ai été déçue car j'en attendais beaucoup plus de ce roman et je n'ai même pas envie de lire la suite.
A partir de 13 ans