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3,6

sur 178 notes
Lorsque l'on fait connaissance avec Jenny, une ado mal dans sa peau (si c'est quasiment un pléonasme, la jeune fille est quand même en grande souffrance, harcelée par ses pairs, et en rupture avec sa famille qu'elle exècre), et parallèlement avec deux personnages illustres de notre paysage politique, que l'on reconnait d'ailleurs malgré des noms d'emprunts, grâce aux portraits que l'auteur en dresse, on ne s'attend pas, du moins au début à l'issue qui les fera se rencontrer.

Une fois le cadre en place, on assiste à la transformation de la jeune fille, prise dans les mailles d'un piège qui lui apparaît comme la seule solution pour pouvoir cracher sa haine, son mépris de tout ce qui a fait d'elle cette paria, moche et sans intérêt. Ils sont adroits deux qui tirent les ficelles, et construisent une image fausse, mais acceptable, utile, reconnue, par des pairs opportunistes. Même si vu de l'extérieur, elle est bien peu crédible cette passionaria d'un islam dont elle ne connait rien, même après avoir assimilé comme un perroquet quelques hadiths marquants. Mais ça marche pour elle. Au grand désespoir de ses parents, bourgeoisie moyenne, traditionnelle, valeurs communes et mouvantes.

On ne parle pas ici de la radicalisation, l'auteur le précise. La jeune fille n'était pas pratiquante ou croyante islamiste, et elle entrée dedans directement par la porte de l'excès. le mécanisme est celui d'une récupération sectaire d'êtres en détresse et en rupture avec les repères qu'on a pu leur inculquer jusqu'alors. Toute autre secte aurait pu faire l'affaire et aboutir aux mêmes résultats délétères de dépersonnalisation.

Certes l'histoire ne prête pas à rire. cependant l'auteur accentue le côté verre à moitié vide et pointe chez les personnages tout ce qui peut être tourné en dérision. Et pas que pour les personnages. Un passage illustre très bien cette volonté de se focaliser sur le négatif : deux paragraphes se suivent, décrivant le cadre de la petite ville où vit la famille Marchand, le premier proposant une illustration de carte postale de candidature pour le plus beau village de France et le deuxième focalisé sur toute la laideur et la platitude de l'endroit.



Récit bien mené, assez convaincant, et bien ancré dans notre paysage social actuel .
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Souvent Les Editions de L'Observatoire, en littérature, me procurent de grands moments de lecture.

Et voilà qu'ils recommencent les bougres !

Une nouvelle fois, je me suis fait embarquer et bousculer.

Un sujet difficile puisque Abel Quentin va évoquer ses adolescentes qui se font « endoctriner » par les théories djihadistes et tout ce qui gravite autour de ce phénomène.

Le livre est habilement construit autour de ses personnages.

Il y a Jenny évidemment, adolescente sur le fil, qui ne supporte pas la vie qu'elle mène entre des parents aimants et une vie en banlieue. Elle traîne une certaine idée du désespoir.

Il y a Chafia, parée au pire. Gonflée de haine, prête à en découdre avec une société qu'elle abhorre.

Et dans les couloirs étouffés du pouvoir, il y a Saint-Maxens, président de la République essoufflé et vieillissant qui s'apprête à terminer son mandat.
SOeUR est un roman terriblement ancré de notre temps. de ces livres qui donnent sans fard le portrait d'une époque qui se délite. Témoignage qui ne juge pas mais égratigne parfois certains « grands » penseurs aux idées courtes que vous reconnaîtrez aisément.

Un livre indispensable qui parle, presque à la façon d'un polar, d'un sujet épineux mais qui ne fait pas que l'effleure et ne s'apparente pas à une forme d'opportunisme. Un livre pensé. Mûri. Et ça se ressent à chaque ligne.
Abel Quentin, dans ce premier roman percutant, va très loin dans la justesse de son analyse, le tout avec une plume véritablement talentueuse, mêlant des mots de notre temps à une prose époustouflante.

SOeUR est un de mes coups de coeur de cette rentrée littéraire.

Les Editions de l'Observatoire ont encore frappé !

Les Editions de l'Observatoire m'ont encore frappé …

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L'auteur n'a pas choisi la facilité : sujet explosif, délicat, dans l'air du temps, violent , qui pose question et regarde la réalité en face , sans mâcher ses mots :


L'endoctrinement mortifère d'adolescentes aux théories djihadistes et tout ce qui tourne autour, port du hidjab... conversion, martyr, lecture du Dar Al- Islam , mensuel francophone de l'Etat Islamique, sans y comprendre grand- chose ....

Qu'est ce qui conduit une adolescente de quinze ans , transparente , entourée de parents aimants, de la classe moyenne ——-qu'elle ne comprend pas—-—élevée à Sucy- en Loire, fréquentant le lycée Henri Matisse , à commettre un attentat terroriste ?

Jenny Marchand alias Chafia , revêche, mal dans sa peau, adepte et lectrice assidue de Harry Poter , silencieuse et empruntée, traînant son désespoir, aigrie, souffrant d'une haine tenace contre elle - même et la terre entière , se laisse berner par Dounia l'ensorceleuse, roublarde, illusionniste , petite voleuse aguerrie sans passer par la case prison .....


Par le biais des réseaux sociaux ces apprentis terroristes tel Dounia ont trouvé un outil extrêmement efficace.


Dounia la perverse , l'accoucheuse, la chaperonne, la Lionçonne du Califat , l'initiatrice , la maîtresse de cérémonie , l'ensorceleuse distille à petit feu différents arguments pour convaincre Jenny, alias Chafia, pétrie de haine...


Elle l'assomme de révélations , gagnant à l'usure la psalmodie mahométane , tournant au radotage sacré, variant à l'infini sur la « Grandeur de Dieu »,  les invitations au meurtre jetées de ci de là, un message délivré jusqu'au tournis ...et la prédication de la Mecque .

Jenny avale les versets dans le désordre : l'enfer c'est les autres , il faut à tout prix détruire le SYSTÈME .

Dounia la persuade en jouant sur son orgueil , sur l'orgueil puéril de ne pas avoir flanché ,Chafia la fielleuse récite la Chahada , seule dans sa chambre où son écran d'ordinateur jette un halo bleuté ...

Chafia : c'est l'ombre qui l'intéresse , en s'initiant à la haine absolue , se rêvant martyr , tandis qu'à l'Élysée le Président Saint Maxence , vieux lion épuisé laisse sa place à un autre ( on reconnaît deux anciennes grandes figures politiques au sein du récit , ainsi que Michel Onfray et quelques autres ) ....
C'est un ouvrage très bien construit , grinçant, ironique , sans compromis , politique , entre portrait d'un président vieillissant , à bout de souffle, bassesses et compromissions , et l'engrenage fatal du djihadisme qui tient en haleine jusqu'à la dernière phrase .....
Une violence insoupçonnée déclenchée par les plus petites existences !

A méditer ! A lire !

L'auteur est avocat, Soeur est son premier roman .: aux Éditions de l'Observatoire .

«  Il y a quelque chose d'effroyablement pur dans leur violence , dans leur soif de se transformer. Elles renoncent à leurs racines, elles prennent pour modèles les révolutionnaires dont les convictions sont appliquées le plus impitoyablement . Machines impossibles à enrayer , elles fabriquent la haine qui est le moteur de leur idéalisme d'airain » .
Philippe Roth, Pastorale américaine ...
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Abel Quentin a écrit ici un premier roman impressionnant, même si j'ai trouvé quelques longueurs au milieu du roman.
Il nous raconte comment Jenny, jeune française de classe moyenne, vivant dans une petite ville, aimée de ses parents, va à force de mal être, de non reconnaissance de ses pairs, d'ennui, de solitude se retrouver la cible parfaite pour la radicalisation.
L'auteur nous décrit de façon très convaincante comment Dounia jeune musulmane radicale va lentement mais surement, appuyer sur les bons ressorts pour séduire Jenny et la convertir à un Islam radical qui ira jusqu'au sacrifice et au martyre. La conversion de Jenny tient plus de l'amitié amoureuse envers Dounia, qui lui permet enfin d'être intégrée, reconnue dans un groupe que par l'appel d'Allah, mais elle est finalement profonde : Jenny va accréditer tous les dires de ce groupe et être convaincue que les islamistes sont des victimes,que tous les autres se liguent contre eux, juifs, homosexuels, et autres non croyants et que le seul moyen de se défendre est de les éliminer.
J'ai beaucoup aimé les parties relatives à Jenny et sa famille qui va se mobiliser pour essayer de comprendre et sortir Jenny de cette impasse, sans succès.
En parallèle, l'auteur aborde la politique via deux personnages: un vieux président mis lentement mais surement sur la touche par ceux la même qu'il a jadis hissé vers les responsabilités et la notoriété. et de l'autre ce nouveau candidat, jeune, aux idées extrêmes qui va secouer les monde politique un peu feutré.
" Benevento envoie valdinguer les deux battants d'une poussée énergique et déboule dans l'arène, il a la dalle, il est en chien, sa femme et les autres n'existent plus, relégués dans la nuit des coulisses et il peut enfin être lui-même, c'est-a-dire l'Ogre, la Bête, le Fauve."
Ces deux personnages m'ont moins intéressée mais la description de leurs évolutions donne lieu à de très belles pages, à l'écriture percutante sans compter que leur destin rencontrera celui de Jenny.
Et j'en viens donc à l'autre grand attrait de ce livre, peut-être même le plus grand, cette écriture réaliste, aux images percutantes: certaines scènes se matérialisent en un instant devant nos yeux. Un choix des mots fait avec intelligence, toujours juste.
Le livre lui-même est un bel objet, un beau papier, et une couverture magnifique.
Une lecture qui va surement m'amener à lire le suivant de l'auteur
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Comment Jenny est devenue terroriste

Dans son cabinet d'avocat Abel Quentin a traité des dossiers de jeunes gens radicalisés. Dans son premier roman il dresse le portrait saisissant d'une adolescente qui s'ennuie en province et bascule vers le terrorisme.

Tout commence par une scène de polar. Dans un commissariat de police on interroge Chafia, encore mineure, pour tenter d'obtenir des informations sur Dounia Bousaïd, l'une des filles qui figurent avec elle sur une photo de groupe et qui a disparu sans laisser de traces depuis près d'une semaine.
Puis on passe dans les bureaux lambrissés de la Présidence de la République pour assister à une conversation entre Saint-Maxens, le vieil homme qui dirige le pays et son conseiller Karawicz qui l'encourage à clarifier sa situation, c'est-à-dire à annoncer qu'il ne se représentera plus pour laisser la place à son ministre de l'intérieur.
Nous voici enfin sur le terre de Djihadistes où Dounia vient d'arriver. Prise en charge sommairement, on lui explique qu'elle pourrait soutenir la cause en les aidant à fomenter un attentat contre Saint-Maxens. Trois scènes d'ouverture fortes qui posent les bases de ce roman qui va dès lors se concentrer sur le parcours d'une jeune fille «bien sous tous rapports».
À quinze ans, Jennyfer mène une existence ordinaire dans la Nièvre, entouré de parents tout aussi ordinaires. Il est vrai que les perspectives ne sont guère exaltantes: «Sucy-en-Loire, ses rues étriquées qui tissent leur réseau en damier autour d'une église déserte, ses façades mal entretenues qui cachent des intérieurs confortables, bled impossible où l'on dit tranquillité pour parler d'ennui mortel, où la construction d'un dos-d'âne avait divisé ses cinq mille habitants comme s'il s'était agi de l'affaire Dreyfus.» Mais ce qui pèse encore davantage l'adolescente, c'est son corps qu'elle a de la peine à accepter et le regard des collégiens, les moqueries et le rejet dont elle va être victime. Alors elle se réfugie dans sa chambre. «Le soir, ce sont des séances de lecture solitaire, entre quatre murs saturés de posters. Harry Potter y fraye avec ses amis Ron Weasley et Hermione Granger, sous le chaperonnage inquiet de sir Albus Dumbledore, directeur de l'école de sorcellerie et ennemi juré du sinistre Voldemort. Leurs combats épiques étouffent le bruit de ses sanglots.» Si elle pouvait disposer de pouvoirs magiques…
La première main qui va se tendre, attentive et secourable, sera la bonne. L'amie qui l'écoute est une guerrière avec laquelle elle prend confiance. Une maie rencontrée via internet et qui va lui offrir un nouveau monde. La radicalisation se fait insidieusement, le basculement vers l'islam radical est vécu comme une libération.
La voilà en route pour Paris, laissant derrière elle son enfance et des parents désemparés. La voilà prête à passer à l'action, à se battre contre tous ces médiocres, ces pervers, ces mécréants.
Saluons la construction de ce roman qui gagne en intensité au fil des pages, qui tisse des fils entre une jeune adolescente et un Président de la République, entre Sucy-en-Loire et le Califat, entre Harry Potter et un attentat terroriste, entre fiction et actualité brûlante. Et finit par nous sidérer face à cette logique implacable qui va entraîner Jenny à concevoir son attentat.
Le jury du Prix Goncourt ne s'y est pas trompé en mettant ce roman dans sa première sélection. Soeur est en quelque sorte aussi le frère de Des hommes couleur de ciel d'Anaïs Llobet, publié dans la même maison d'édition, et qui retraçait aussi le parcours de terroristes. Tous deux ont cette vertu cardinale: nous obliger à regarder cette réalité en face, nous faire réfléchir à ces parcours, à ce qui pousse les gens à rejoindre les rangs de Daech, à notre responsabilité collective. Car Abel Quentin, qui en tant qu'avocat s'est occupé de jeunes radicalisés, a compris que si on ne naissait pas terroriste, on le devenait. Avec à chaque fois une histoire particulière: «La «radicalisation» de Jenny aurait supposé une phase transitoire de croyance apaisée qu'elle n'avait jamais traversée. Elle s'était convertie, voilà tout. Sans connaissance préalable de la religion, elle n'avait eu qu'une conscience diffuse d'en rejoindre une section dissidente.» La suite, effrayante, coule presque de source. 

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"Soeur", c'est un peu "la Boum" qui ferait vraiment BOUM.
Jenny, 15 ans, s'ennuie dans sa petite ville de la Nièvre. Fille unique, ses parents sont forcément des vieux c*ns. Godiche, mal dans sa peau, elle peine à s'intégrer parmi les élèves de sa classe, et préfère rêver à Harry Potter. Sa vie s'inscrit sous le signe de la loose, jusqu'à ce qu'elle rencontre en ligne la Lionçonne_du_califat, qui va apporter toutes les réponses à son désarroi existentiel.

Dans ce roman, il est donc question de l'embrigadement des jeunes paumés dans l'islam le plus radical. Et malgré quelques maladresses structurelles, c'est plutôt réussi. A travers le spleen de Jenny, on retrouve toute la vulnérabilité de l'adolescence, prompte à combler avec n'importe quoi le vide qui la ronge. Abel Quentin décrit avec justesse la solitude, la colère, la haine et la peur que ressent cette partie de la jeunesse qui ne parvient pas à s'adapter à son environnement : "Nous avons peur de la vie comme vous avez peur de la mort". Son roman interroge à la fois sur le nihilisme de certains adolescents qui ne se contentent plus d'arborer des badges "No Future", et sur une société qui laisse ces gamins sans réponses à leurs questions mal formulées mais angoissées. Toutefois, l'auteur ne cherche en aucun cas à excuser ; d'ailleurs, Jenny, geignarde et égoïste comme on peut l'être à 15 ans, n'a rien d'un personnage sympathique, même si elle peut parfois émouvoir par ses failles et sa hargne.
Mais malgré tout ce qui précède, ce roman ne m'a pas totalement convaincue. La faute aux trois axes narratifs avec lesquels l'auteur a voulu jongler, mais sans toujours bien maîtriser leur coordination. Certes, il s'agit d'un premier roman au sujet hautement ambitieux, mais qui trop embrasse mal étreint, et en voulant traiter plusieurs thématiques en une seule intrigue, Abel Quentin se perd et nous égare quelque peu. C'est vraiment dommage, car il use déjà de cet humour piquant, intelligent et jouissif, que l'on retrouve dans "Le voyant d'Etampes", et qui rend cette lecture légère en dépit de la gravité de l'histoire.

Ca reste néanmoins un très bon premier roman, qui souffre malheureusement de la comparaison avec son génialissime successeur -et qui rappelle que toute sororité n'est pas bonne à exalter.
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Une erreur de jeunesse qui coûte cher
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Lu dans le cadre des #68premièresfois
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Ah la radicalisation, quel mot inquiétant. Actuellement quand les médias s'emparent d'un sujet si douloureux, le monde s'emballe et s'effraie. Et il y a de quoi!
Je n'ai jamais lu de textes sur la question de l'embrigadement, de jeunes à la dérive qui s'engouffrent dans cet univers promettant la gloire posthume.
L'auteur, pour ce 1er roman s'est essayé à cet exercice difficile de restituer toute la mécanique et les ressorts d'un acte terroriste. Car on le sait depuis le début, la protagoniste principale va tuer le Président au nom du Kouffar.
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Le récit se joue sur trois niveaux. Trois voix qui s'alternent pour arriver à un final horrifique.
Jenny, adolescente paumée, en détresse, brimée par ses pairs, étouffée par ses parents dans une ville de province et fan de Harry Potter.
Ses parents aimants mais ne sachant pas comment enrayer et négocier avec les crises de Jenny.
Et puis le pouvoir politique français. le Président vieillissant, abdiquant bientôt.
Les menaces terroristes sont aux portes du pays, la guerre bat son plein en Syrie.
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Comme la petite souris, on observe toute la mécanique de l'endoctrinement. Avec quelle facilité, on entre dans l'intimité de ce réseau. On entraperçoit les tactiques pour attirer ces jeunes en reconnaissance d'exister, on sent monter la colère en même temps qu'eux.
C'est terriblement fascinant. Inquiétant également car malheureusement ces procédés existent au moment même où j'écris ces lignes. Peut-être quelque part, dans une ville française, un jeune se fait emmener dans cette spirale.
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Ce qui m'amène à dire que nous sommes devant un problème collectif mais aussi individuel. Comment arriverons-nous à rassurer la jeunesse, à les laisser s'exprimer ? Comment faire pour éviter qu'ils se tournent vers des groupes sectaires ? (de tous genres, je ne vise aucun mouvement).
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J'ai eu une empathie profonde pour Jenny mais aussi pour ses parents (la narration est faite de telle manière que l'on ne ressente aucun jugement d'un côté comme de l'autre).
J'avoue aussi que le discours et l'histoire de l'équipe au pouvoir m'a agacé et ennuyé. (beaucoup de longueurs qui n'amènent rien à l'intrigue proprement dite)
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Au final, il est difficile d'avoir un avis sur ce thriller/roman sociologique.
Il informe, il ne laisse pas indifférent car il est calqué sur notre actualité mais surtout il prévient. Peut-être qu'il est encore temps de réagir.
*
Glaçant !
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C'est peu dire que Jenny est mal dans sa peau...

Harcelée au bahut, couleur muraille dehors, mutique et revêche chez elle, rien ne lui va, rien ne l'amadoue, rien ne l'apprivoise. Elle a tellement besoin qu'on la remarque, qu'on la choisisse, qu'on l'aime...

Elle est la proie rêvée pour l'emprise, la manipulation, l'endoctrinement.

Quand elle tombe sur Dounia, c'est moins le djihad ou un Islam mal compris qui soudain la passionnent que cette sororité providentielle qui comble aussitôt tous les manques, met en branle toutes les docilités, et quand sa "soeur" vient à lui manquer, actionne tous les leviers de son désespoir et de sa haine.

Le lecteur, prévenu, suit, subjugué et effaré, ce chemin de Damas d'une petite terroriste française qui a seulement manqué d'attention et d'amour.

Sujet hélas rebattu-on n'évite pas quelques caricatures ni quelques clichés-mais Abel Quentin, d'une plume efficace sait faire monter le suspense et donner chair et pensée à sa triste héroïne.

Tout compte fait, j'ai préféré ce polar kamikaze et percutant au plus ambitieux Voyant d'Etampes...
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Comment une jeune fille de 15 ans, menant une vie jusque là tranquille dans la banlieue de Nevers (Nièvre) va se laisser embrigader, endoctriner et basculer dans l'Islam radical et le terrorisme.

Issue de la classe moyenne, rêvant de Daniel Radcliffe et de Harry Potter, Jenny Marchand est une adolescente introvertie, mal dans sa peau, esseulée ; elle traîne son ennui et sa solitude dans sa cité pavillonnaire et les rues étriquées de Sucy-en-Loire. Se sentant incomprise de ses parents, pourtant aimants mais maladroits, rejetée par les autres collégiens, humiliée sur les réseaux sociaux, elle va tomber dans la déprime, le ressentiment et exprimer son désespoir sur Internet. C'est là que Dounia alias Petitegadji58 va lui tendre la main, lui faisant miroiter un monde nouveau, idyllique et solidaire. Jenny va se convertir à l'Islam radical et devenir Chafia Al-Faransi une redoutable combattante, enfin valorisée et reconnue par un groupe. Jusqu'où ira-t-elle dans la violence ? Parviendra-t-elle à mener à bien l'acte fort, la mission terroriste dans laquelle elle s'est investie ?

Abel Quentin signe un livre choc sur un sujet d'actualité gravissime qu'il connaît bien puisqu'il est avocat pénaliste et traite régulièrement les dossiers de jeunes radicalisés. Conçue sous forme de thriller politique, sa démonstration est convaincante. le roman commence lentement, avec d'abord une présentation des différents personnages, puis des scènes et situations mêlant passé et présent tels des morceaux de puzzle qui s'enchevêtrent progressivement. La tension monte au fur et à mesure du récit et le lecteur ne peut plus s'en détacher jusqu'à la dernière page.

Constat d'un pouvoir politique vieillissant et apparemment dépassé, d'une société dans laquelle la jeunesse ne trouve ni ses repères ni une raison de vivre, ce roman est puissant et dérangeant. J'en conseille la lecture, même si j'ai trouvé quelques longueurs dans les chapitres relatifs au Président de la République et ses acolytes.

#Challenge illimité des départements français en lectures (58 - Nièvre)
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Jenny est une adolescent de quinze ans mal dans sa peau, très mal même.
En décalage avec ses parents, transparente pour les autres, humiliée par un garçon, elle se réfugie sur les réseaux sociaux dans le silence de sa chambre.
Et là, une personne enfin la comprend, c'est Dounia, une jeune radicalisée.
Une soeur, une vraie.
Les échanges se multiplient et Jenny franchit le pas à son tour.
Voilà une histoire bien actuelle.
Alors que dire ?
Le processus de décrochage social puis d'enrôlement est bien cerné.
On comprend bien comment ça se passe pour tous ces jeunes paumés qui n'ont plus de références.
Il y a une quarantaine d'année, il entraient dans des sectes.
Maintenant, c'est l'Islam qui les guette.
Certaines phrases sont très longues, certains passages aussi.
On sent l'avocat là-dessous.
Les passages Harry Potter m'ont semblé un peu superflus, mais bon, il s'agit d'une adolescente.
Les clins d''oeil à des gens publics existants sont un peu gros.
Ceci dit, j'ai lu tout ça avec intérêt et plaisir, c'est globalement un bon livre.
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