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3,6

sur 178 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1er chapitre : Chafia, 16 ans est interrogée dans le locaux de la police. Les policiers cherchent à savoir si celle-ci sait où est Dounia.
Le président de la république discute avec un proche conseiller : comment annoncer aux français qu'il est atteint d'une maladie qui le rend aveugle ?
Dounia vient d'arriver dans un camp de l'Etat Islamique et un des chefs veut lui parler d'une mission à exécuter (sur le sol français précise-t-il). Voilà pour les 10 premières pages de ce roman.

En dix pages à peine le ton est donné : des faits, un rythme sec et rapide, une narration serrée et qui va à l'essentiel. J'ai entendu Abel Quentin à la radio : il parlait de son rôle d'avocat auprès de Farid Kharkhach, l'homme accusé d'avoir fourni des papiers aux terroristes, lors du procès des attentats du 13 novembre 2015.

Suite à cette émission j'avais lu le voyant d'Etampes (excellent) .
C'est donc tout naturellement que je me suis tournée vers Soeur son premier roman.
Celui ci va nous raconter comment Jenny Marchand une jeune fille d'un quartier « standard » de Nevers en vient à rallier la cause djihâdiste. Abel Quentin au jeu des surprises est très fort : une révélation (page 122), je n'avais rien vu venir et même chose pour la fin : le passage d'une vie «normale » à un acte irrécupérable tient parfois juste à la petite main d'un enfant. Un roman prenant…qui m'a fait un peu penser à Apocalypse bébé de Virginie Despentes….
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De tous les livres que j'ai lus sur la radicalisation (Imago, Grand frère notamment), celui-ci est incontestablement le plus réussi, tant par la profondeur du récit que par le style admirablement bien léché de l'auteur, qui signe ici son premier roman. Abel Quentin nous raconte la radicalisation de Jenny Marchand, jeune Française élevée par des parents plutôt quelconques dans la banlieue pavillonnaire de Sucy-en-Loire. Une jeune fille que rien ne prédisposait à se convertir à l'islam, mais qui y a trouvé un refuge à son mal-être face aux injustices de l'adolescence. Pour autant, c'est une radicalisation assez foireuse, caractéristique d'une compréhension partielle des messages du Coran et de raccourcis faciles, teintée de références à Harry Potter et bercée par Bondy System of Sound. Une religion sur-mesure pour une gamine paumée, où la violence et la fraternité prône sur la croyance individuelle.

Abel Quentin démontre dans ce premier roman une incroyable capacité à se couler dans la peau de ses personnages, aussi divers soient-ils. Saint-Maxens, Benevento, Jenny, le couple Marchand, même Karawicz, personnage pourtant secondaire, ont une épaisseur romanesque rare pour des personnages de fiction développés en moins de 300 pages. C'est le style d'Abel Quentin qui permet cette prouesse : à la fois concis et précis, il reste percutant tout au long du récit, tout en donnant à chaque mot la justesse recherchée. Trouver les mots justes pour décrire à la fois le rejet communautaire d'un lycée de province et la décadence programmée d'un homme épuisé par le pouvoir, ce n'est pas donné à tout le monde, mais Abel Quentin s'en tire avec brio, immergeant sans difficulté le lecteur dans l'esprit torturé de ses personnages.

En toile de fond, l'auteur nous livre également une véritable réflexion sur la déformation de la religion musulmane pratiquée par des convertis hâtifs comme Jenny, cherchant plus un échappatoire à leur vie misérable qu'un véritable message divin en lequel placer leurs espoirs. L'attrait d'une religion radicalisée est illustrée ici dans les propos de Dounia, où tout est blanc et noir, où la marche à suivre semble simple et évidente, au détriment de toute nuance où pourrait se nicher le pardon ou l'empathie. A travers le personnage de Benevento, Abel Quentin nous montre que les hommes politiques sont souvent sans scrupules, surfant sur des tendances et des peurs, sans jamais se soucier de dénaturer une communauté entière en l'accusant des crimes d'une minorité.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Jenny Marchand, 15 ans, traîne son ennui et son mal être à Sucy-en-Loire. Rejetée par ses camarades de classe, incomprise par ses parents, elle se réfugie dans la lecture d'Harry Potter et les réseaux sociaux. Un soir plus noir encore que les autres, elle poste un message dans lequel elle fait part de son intention d'en finir. Elle reçoit une réponse pleine d'empathie et se met à échanger, sur un réseau crypté, avec une jeune fille qui semble parfaitement la comprendre. Elle fait ainsi la connaissance de Dounia, qui lui parle d'un idéal qui lui permettra de trouver enfin une cause et une identité. Elle devient Chafia Al-Faransi, et se met à porter le voile…

En parallèle avec la progressive – mais rapide – entrée de Jenny dans l'islamisme radical, on suit l'histoire de Saint-Maxence, le président vieillissant qui va devoir céder sa place à son ancien poulain Benevento, qui l'a trahi pour un engagement vers la droite dure. On ne peut s'empêcher de voir là, de façon romancée, une partie de notre histoire politique. A travers ce qu'il nous raconte, à travers une fine observation si plausible de ces jeunes filles voilées de noir qui se rêvent en épouses martyres, ce roman s'ancre dans le réel, profondément ; il est sans concession pour les petits arrangements avec le pouvoir, et pour l'impuissance du gouvernement à régler le problème de l'embrigadement de ces jeunes perdus et sans réelle existence, proies faciles pour un Islam galvaudé et haineux du "kouffar". C'est ce que connaît Jenny, qui, quand elle a enfin choisi quoi faire pour le Jihad, se dit qu'"elle occupera une place à part dans le coeur des gens". Enfin, elle existera, on la reconnaîtra. Je n'ai pu m'empêcher de songer au personnage d'Adèle, dans le roman de Constance Rivière, Une fille sans histoire, que j'ai lu juste avant celui-ci : c'est le même mal être adolescent, la même solitude, qui conduit à des actes graves. Un premier roman violent, terriblement juste.

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois".

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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L'auteur rend très bien compte des états d'âme de tous ses personnages (jeunes et moins jeunes). Il dépoussière agréablement la description de l'univers politique français. Et sa connaissance du monde judiciaire fait mouche et crédibilise davantage encore cette fiction sur la radicalisation religieuse.
Un excellent premier roman et une bouffée d'air frais sur la littérature française.
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J'ai aimé suivre Jenny, l'écorchée vive qui a dévoré la saga Harry Potter et qui rêve de Daniel Radcliff. Viendra-t-il la sauver ? Est-ce qu'il va la remarquer et se souvenir d'elle ?

Les parents de Jenny m'ont fait peur : son père qui part en guerre contre sa fille, sa mère désemparée.

J'ai suivi avec attention Dounia, que nous ne croisons que de loin, partie se marier au khalifa, mais excellente recruteuse (elle montre des vidéos de chatons en insérant des scènes de décapitations, comme si c'était normal).

J'ai aimé écouter Saint-Maxens, vieil homme désabuser pour qui la conquête du pouvoir a plus compté que l'exercice de ce même pouvoir, son petit côté chiraquien.

Un roman au phrasé passionnant qui a su me tenir en haleine jusqu'au bout.

L'image que je retiendrai :

Celle de la mère de Jenny tombant dans les pommes quand sa fille arrive un jour portant le hidjab.
Lien : https://alexmotamots.fr/soeu..
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Avant tout la decouverte d'une grande plume. La quete sans relache du mot qui fait mouche, qu'il soit meconnu, avant gardiste ou barbare. On sent la recherche constante de la perfection chez l'auteur qui passe par une rare maitrise de la langue francaise et de ses differents argots et jargons (l'auteur est avocat, probablement penaliste). Et tout ca naturellement, on passe d'un registre a l'autre sans meme s'en rendre compte. Un regal pour les amoureux de la langue francaise. Ca change de l'ecriture "elliptique" et paresseuse des jeunes ecrivains.
Aussi un beau travail sur la structure du roman, avec deux trames paralleles qui se rejoignent naturellement mais pas de maniere evidente, et l'auteur signe par une belle fin qui nous tient en haleine.
Il signe meme quelques passages vraiment exceptionnels (le discours de campagne du ministre traitre est un veritable combat de boxe qui nous laisse K.O.)
Enfin la trame narrative est sociologiquement interessante et credible, en montrant que tous les chemins peuvent mener au terrorisme.
On peut critiquer le fait que certains passages descriptifs sont trop longs, et que l'auteur s'attarde un peu trop sur quelques details parfois amusants (le calendrier pirelli) mais qui n'apporte pas grand chose. On peut tarder a rentrer dans le roman.
Un livre deroutant, et tres plaisant.
Felicitations Abel!
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Dans la foule des premiers romans, foule habituelle à chaque rentrée littéraire, se niche cette fois celui d'Abel Quentin, Soeur publié aux éditions de l'Observatoire. L'histoire : la radicalisation d'une jeune fille de la France périphérique. Peut-on faire plus actuel et plus casse-gueule ? Assurément non. Peut-on faire meilleur roman par les temps qui courent ? Vous allez voir…

# La bande-annonce

Adolescente revêche et introvertie, Jenny Marchand traîne son ennui entre les allées blafardes de l'hypermarché de Sucy-en-Loire, sur les trottoirs fleuris des lotissements proprets, jusqu'aux couloirs du lycée Henri-Matisse. Dans le huis-clos du pavillon familial, entre les quatre murs de sa chambre saturés de posters d'Harry Potter, la vie se consume en silence et l'horizon ressemble à une impasse.

La fielleuse Chafia, elle, se rêve martyre et s'apprête à semer le chaos dans les rues de la capitale, tandis qu'à l'Élysée, le président Saint-Maxens vit ses dernières semaines au pouvoir, figure honnie d'un système politique épuisé.

Lorsque la haine de soi nourrit la haine des autres, les plus chétives existences peuvent déchaîner une violence insoupçonnée.

# L'avis de Lettres it be

Il y a Jenny Marchand et ses parents, il y a Chafia l'irrattrapable lancée sur le chemin du chaos, il y a le président Saint-Maxens livré à une élection présidentielle déjà arrachée par un abrupt candidat, puis il y a J.K. Rowling et Harry Potter comme berceau d'une génération qui cherche sa baguette magique… Et enfin il y a Daech, le terrorisme, ses lions silencieux en cage et la guerre qui ne dit pas son nom sur notre sol. Il y a presque tout ce qui fait notre réel, notre vie de tous les jours dans le premier roman d'Abel Quentin, Soeur.

« Être Pauline, faux ongles et vraie coquine, Barbie pionnière et défricheuse, qui taille les premières pipes du préau avec l'abnégation d'un missionnaire administrant les premiers vaccins. »

« le soir, ce sont des séances de lecture solitaire, entre quatre murs saturés de posters. Harry Potter y fraye avec ses amis Ron Weasley et Hermione Granger, sous le chaperonnage inquiet de sir Albus Dumbledore, directeur de l'école de sorcellerie et ennemi juré du sinistre Voldemort. Leurs combats épiques étouffent le bruit de ses sanglots. Elle regarde les autres rouler leurs premières pelles au bal du 13 juillet. On l'y invite rarement, elle la trouble-fête perpétuellement dégrisée – mais dégrisée d'aucune fête. Son regard, trop dur, est celui d'une petite vieille. »

On voulait tout noter. On voulait tout vous dire sur ce roman. Pour être clair, c'est un livre immense, qui frappe fort, qui tire juste, qui joue la carte cachée du génie précoce. Tous les ingrédients sont réunis et ajustés au millimètre. La musicalité de la langue, la justesse des propos, la hauteur de vue suffisante, ce rapport exact entre fiction et réalité… Il aurait été facile pour Abel Quentin de sombrer avec la plume de celui qui raconte et explique tout à la fois, présente un temps et des gens avec l'aisance excessive de celui qui sait tout. Nous ne sommes pas là chez Nicolas Mathieu et Leurs enfants après eux où la certitude d'écrire bien l'emportait sur l'importance de raconter bien. Abel Quentin est bien au-delà. Et touche la cible à chaque fois, jusque dans les aberrations politiques modernes trop modernes.

« le musée du Sang versé pour la patrie est un rêve. Karawicz a imaginé une gigantesque agora, où les élèves de toute la France assisteraient à des shows pyrotechniques retraçant les jeunes années du général De Gaulle, sur fond de Lully et de Jean-Michel Jarre, au pied d'un gigantesque terril conique qui dresse son mamelon schisteux à Harnes, près de Lens. L'idée originelle était de faire d'une pierre deux coupes : enseigner l'amour du drapeau aux jeunes nordistes de plus en plus séduits par l'islam radical, tout en refilant un coup de peps à une région sinistrée. le président a signé immédiatement, gagné d'emblée par cette vision crépusculaire d'un nichon incandescent, au milieu des anciennes maisons de corons. »

L'année dernière, Lettres it be avait mis tous ses jetons sur le premier roman d'Inès Bayard, le malheur du bas (Albin Michel). Un roman immense, articulé autour de la thématique du viol dans notre pays et autour de la question de la responsabilité du silence et de l'inaction. Un roman drapé dans son époque, d'une effroyable justesse jusque dans la moindre virgule. On avait alors prédit le meilleur pour ce roman finalement passé dans l'ombre. Peu importe, c'était un grand livre et Soeur est de cette trempe, il est fait du même bois. Saisissant.

Découvrez la suite de la chronique sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Les éditions de l'Observatoire n'ont plus besoin de faire leur preuve avec moi. Avec plus de quatre coups de coeur (La Saison des fleurs de flamme, Nous qui sommes jeunes, Les Dévastes et Ces rêves qu'on piétine - dont je me rends compte que je n'ai pas encore publié mon avis !), la barre est placée très haut, et pourtant, voilà l'arrivée de Soeur d'Abel Quentin !

Il y a Chafia d'abord, qui se retrouve à passer un interrogatoire dans un commissariat, comme ça, d'un coup d'un seul.

Puis le temps passe, un mois, précisément.

On fait la rencontre de Jenny, adolescente perdue, seule et mal dans sa peau. Jenny est le stéréotype de la petite campagnarde qui rêve d'être branchée à l'école, d'être entourée de tout un tas d'amis, de décrocher le beau gosse que tout le monde vénère. Bref, Jenny Marchand c'est une nana comme les autres, fan de Harry Potter (surtout Daniel Radcliffe), de Rihanna et autres célébrités idolâtrées par les ados du XXe siècle.

Tout bascule, parce qu'elle se sent enfermée, rejetée, incomprise de la part de ses pairs autant que de ses parents. Que faire quand on est la risée du lycée ? Comment continuer à garder la tête haute quand personne n'est là pour nous aider ?
Tout bascule parce qu'elle fait la rencontre de Dounia, sa mentor.

Dounia sera le pont entre la vie rangée et morne de Jenny, et sa conversion à l'islam, à des idéaux extrémistes, terroristes. Elle permettra sa réincarnation.

Au-delà de cette amitié entre les deux filles, il y a les parents de Jenny, dépassés. Impuissants spectateurs, victimes des mensonges de leur fille. Lucide quant à son comportement (pour Marion du moins). La représentation des parents est à mon sens aussi importante que celle de Jenny car ils sont des victimes, au même titre que les autres. Dommages collatérales de l'embrigadement, ils assistent à cette déchéance, la perte de leur fille.

Mon avis est en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Quel moment de lecture incroyable…
Pour un premier roman c'est un sacré pari que s'est lancé Abel Quentin

Il fallait oser car le sujet est terriblement délicat… En effet, l'auteur nous parle de l'endoctrinement d'adolescentes, avec toutes les questions que cela comporte…
Il le fait avec beaucoup de justesse, sans jugement mais sans pour autant mâcher ses mots.

L'ouvrage est extrêmement bien construit, les personnages sont bien travaillés, la plume d'Abel Quentin est formidable.

C'est un roman profondément d'actualité qui invite à la réflexion. Loin de me laisser indifférente, j'ai été bousculée par cette histoire, par les mots de l'auteur…
Je suis passée par divers états, diverses émotions… J'ai eu beaucoup d'empathie pour Jenny… J'ai aussi été en colère, puis triste… Puis révoltée… Puis je me suis sentie démunie en pensant qu'ici ou ailleurs, chaque jour, des jeunes sont pris dans les filets de certains mouvements aux idées extrémistes…

En trois mots : COUP DE COeUR
Lien : https://entredeuxpagesfr.wor..
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J'ai lu quelque part que «Soeur» est un roman terriblement ancré dans l'époque. C'est vrai et il n'y a pas lieu de s'en réjouir : quel tableau glaçant que ces adolescentes à petite cervelle, séduites par les ambassadeurs djihadistes, prenant leurs promesses pour argent comptant et rêvant d'assassinat en toute conscience !
J'ai apprécié le regard sans jugement que porte l'auteur sur les personnages décrits : l'adolescente mal dans la peau qui met son cerveau sur off, les parents dépassés, le vieil homme politique épuisé, la recruteuse à la tchatche séduisante... Cette absence de jugement permet au lecteur de se sentir en empathie avec chacun.e, de saisir leur fonctionnement, les forces et les faiblesses qui les animent. Au fur et à mesure que la lecture avance, il est difficile de ne pas s'interroger sur la part de responsabilité que, dans la vraie vie, chacun.e prend dans la mise en place d'une telle mécanique...
Il y a fort à parier que la profession de l'auteur (avocat) est pour quelque chose dans sa connaissance et son observation fine du type de protagonistes qu'il met ici en scène. Mais si son récit est documenté, cela n'alourdit jamais la narration ou la rend démonstrative.
Qui aura aimé «Les hommes couleur de ciel» d'Anaïs LLobet (qui faisait partie de la précédente session des 68 premières fois), ne sera pas dépaysé par «Soeur» : un thriller bien écrit et bien construit, où l'on a à la fois peur de tourner la page et hâte d'arriver la suivante.

Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyage auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure.
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