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EAN : 9782872931675
258 pages
Satas (02/03/2017)
4/5   6 notes
Résumé :
Une approche intégrative basée sur la théorie des états du moi et des techniques hypno-imaginatives.

Ce livre propose un modèle intégratif et cohérent pour la psychothérapie des séquelles complexes de traumatismes. La théorie des états du Moi est la base théorique proposée, permettant d’expliquer les troubles psychiques et somatoformes ainsi que les ressources. Une place centrale est dédiée à la stabilisation des patients par des moyens spécifiques po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre est tout à fait excellent ! Je le recommande sans réserve (ou presque) à tout thérapeute qui se voit mis au travail avec des patients au passé lourd, des patients aux traumatismes complexes. On a ici un livre très pointu, qui est ouvert aux influences de thérapies diverses et variées mais qui font ou ont fait certaines preuves, et qui finalement définit une Psychothérapie Psychodynamique Imaginative des Traumas (PPIT). Des dizaines, centaines, milliers de thérapies et thérapeutes se frottent aux traumas et chacune a ses spécificités et des points en commun, la PPIT propose sa vision, ses idées, son addition (des idées d'autres sources), avec l'objectif que ça fonctionne, en douceur, en compassion. Sans heurts, par petites touches, rendre adulte la personne aux Moi multiples blessés.

"Une approche intégrative basée sur la théorie des Etats du Moi et des techniques Hypno-Imaginatives" : en fait le sous-titre résume bien !

Les auteurs disent : "Notre thérapie est fondamentalement intégrative, s'appuyant sur une théorie psychodynamique. Nous pensons que la psychanalyse avec ses concepts de transfert, de contre-transfert et d'inconscient nous offre une base de compréhension très utile mais qu'il faut modifier les interventions psychanalytiques pour pouvoir répondre aux exigences des traitements des personnes traumatisées. A ce titre la théorie des états du Moi est particulièrement utile et représente un point central de notre travail."

Des pistes et exercices passionnants, amusants, créatifs, des protocoles sérieux aussi. La thérapie n'est pas un combat, mais plus un jeu. Apprendre à la personne à ne plus se dissocier des sentiments, quel bel enjeu...

"Ce livre peut être considéré comme un manuel. Avec l'idée néanmoins qu'un manuel ne devrait pas être suivi aveuglément mais toujours en s'ajustant au cas individuel de chaque patient."
Tout d'abord des définitions du trauma, trouble dissociatif, et ses variantes...

"On voit que l'EPST, tel qu'il est nouvellement défini par le DSM-V, rassemble de nombreux symptômes divers. Dans les sections suivantes, nous allons voir que se référer seulement aux critères du DSM-V de l'ESPT pour prendre en considération une origine psychotraumatique à une psychopathologie, c'est risquer de mettre de côté un bon nombre de patients et patientes qui ont pourtant vécu des événements traumatiques et parfois d'une telle ampleur qu'il paraît évident à un certain nombre, dont nous faisons partie, que les séquelles qui ne répondent pas aux critères de l'ESPT peuvent avoir un lien avec ces traumatismes. Malheureusement certains collègues ne conçoivent pas les choses ainsi."

Concernant un diagnostic, quels tests ?

Les auteurs conseillent ; "En cas de doute sérieux sur la présence d'un trouble dissociatif, il faut passer le SCID-D [...]. Il s'agit de l'entretien diagnostic semi-structuré de référence pour les troubles dissociatifs [...]. Sa passation nécessite une bonne connaissance des troubles dissociatifs et de l'outil, mais donne des résultats diagnostics sûrs."

"Il peut être parfois judicieux de ne pas faire passer le SCID-D trop tôt lorsqu'on a un doute sur un possible Trouble dissociatif de l'identité. Il est en effet important d'avoir au préalable une relation suffisamment bonne avec le patient qui pourrait être déstabilisé par la passation. Dans ce cas il vaut mieux commencer le traitement en trois phases. Si plus tard ce diagnostic ne devait pas être confirmé, on n'aura pas perdu de temps puisqu'on aura travaillé sur les mêmes bases que celles recommandées pour le traitement du SPT complexe."
"En l'attente de l'élaboration d'un outil diagnostic pour le SPT Complexe selon la CIM-11, le SIDES reste le seul outil à disposition que l'on peut utiliser en tout ou partie pur l'évaluation des séquelles de traumatisation complexe et le développement de la symptomatologie. Néanmoins, il faut souligner encore une fois que d'autres symptômes ou troubles psychiatriques peuvent être d'origine traumatique. Une conceptualisation complète implique d'étudier toutes les origines et tous les facteurs possibles ayant favorisé ou amené au développement des symptômes. Et les expériences adverses de l'enfance tiennent malheureusement une place centrale dans les problèmes de santé psychique à l'âge adulte."


Les auteurs ont une vision particulière de ce qu'est la psychothérapie, ce qu'elle devrait être ainsi que la place de la psychothérapie du trauma proprement dite :
"Nous avons une définition stricte de la psychothérapie, celle d'une relation lors de laquelle le psychothérapeute aide le patient à changer. Lorsque ce n'est pas possible, alors un suivi psychologique de soutien est un meilleur choix et un choix qui peut se révéler nécessaire et utile. Par exemple un patient peut utiliser des séances de suivi psychologique pour développer la confiance en soi qui lui manque dans les entretiens d'embauche, et il commencera la psychothérapie axée sur ses séquelles de traumatismes aune fois qu'il verra sa situation professionnelle et financière stabilisée."

"Le travail que nous présentons dans ce livre n'oppose pas confrontation au trauma et stabilisation dans la mesure où la stabilisation est une stabilisation ciblée prenant en considération l'origine traumatique des symptômes."

"... accepter le flou et l'inconnu de cette rencontre qu'est une psychothérapie, par définition unique."

Les auteurs posent comme essentielle la stabilité, la stabilisation de la personne avant toute confrontation au trauma...

Le Chapitre II se nomme "Trouver une stabilité intérieure" et commence comme suit :

"Ce chapitre sera la plus long du livre.Il illustre bien le principe énoncé par le spécialiste allemand reconnu au niveau international Arne Hofmann , paraphrasant le concept édicté en premier par Janet ;: "la thérapie des traumatismes a six phases (et non trois) : stabilisation, stabilisation, stabilisation, stabilisation, confrontation avec le traumatisme et le deuil, puis nouveau départ"."
Une idée de la Mindfulness ?
"Lors de supervision de collègues et formation, certains évoquent parfois des participants à des programmes de mindfulness (Mindfulness based stress reduction, p. ex.) qui ont décompensé sur un mode dissociatif. Il convient donc d'être prudent et de ne pas considérer le mindfulness comme le nec plus ultra qui conviendrait à tous les patients."

"Nous avons déjà recommandé de faire les exercices simples de pleine conscience en introduction - ce qui a pour conséquence que le corps peut se détendre autant qu'il le désire sans que le Moi conscient lui donne l'ordre : "détends-toi, détends-toi". C'est la raison pour laquelle cette forme d'exercice est particulièrement agréable pour des personnes traumatisées. Sur ce point, les exercices de pleine conscience sont une induction de détente que l'on peut aussi présenter comme une introduction aux exercices en imagination."

Comment comprendre ces réactions somatiques parfois impressionnantes ?

"... il faut bien admettre que certaines réactions somatiques dépassent nos capacités actuelles de compréhension [...]. Il nous semble important d'éviter les positions extrêmes que sont (1) celle de se baser sur une explication faisant appel aux seules sciences dites exactes, et (2) celle de proposer (ou imposer) les interprétations métaphoriques du seul psychothérapeute."

Le corps mérite toute l'attention...

"Nous pensons qu'un travail attentif avec le corps, lors duquel le ressenti est au premier plan de l'attention, représente la meilleure forme de travail corporel pour les personnes souffrant de séquelles de traumatismes. le corps est le lieu du trauma, c'est-à-dire qu'il faut l'inclure dans la thérapie."
Un travail en douceur...

Les auteurs ne croient pas que la force d'une thérapie des traumatismes se juge à la force des abréactions. "Le travail sur les traumatismes devrait se faire, autant que possible, avec une certaine douceur, pour ne pas retraumatiser les patients [...]."

"Il n'est jamais doux de s'approcher d'un traumatisme, mais il est important selon nous de faire cette approche en douceur et avec autant de contrôle de possible. On parle à ce propos de titrage, c'est-à-dire que le patient s'approche très progressivement, petit à petit, de la sensation désagréable ou de la douleur, avec l'aide et le soutien de son thérapeute."

"L'approche que nous présentons ici est celle d'une confrontation protégée et prudente au traumatisme dans le but d'obtenir une narration par laquelle le souvenir du traumatisme ne sera plus un souvenir actuellement terrible d'un événement donné, mais est devenu le souvenir d'un événement du passé qui était terrible à l'époque et dont la personne peut faire un récit narratif intégré et complet, c'est-à-dire en lien avec des émotions, des sensations et cognitions intégrées et régulées."

Sortir d'un débat stérile entre confrontation et stabilisation : "Dans notre modèle psychothérapeutique le débat confrontation au trauma versus stabilisation est remplacé par le point de vue suivant : une stabilisation qui tient compte du trauma et une confrontation au trauma qui tient compte de la stabilisation."

Le livre propose un nombre conséquent et détaillé de techniques de stabilisation, d'exercices imaginatifs concrets et plus symboliques, plein d'outils pour les thérapeutes, c'est vraiment un grand plaisir ! (Etablir un lieu-sûr, le coffre-fort, lettres... J'en passe.)

Bref, nous avons ici affaire à un livre extrêmement sérieux, avec des auteurs chevronnés qui font le pari et le travail excessivement compliqué des traumas... Il y a des centaines si pas des milliers de formes de thérapie sur le secteur et Piedfort-Marin et Reddemann tentent d'intégrer ce qu'ils ont expérimenté eux comme probant, sans nier les apports de chacun(es) mais en tirant leur fil et tissant leur méthode. Une méthode souple, douce, très respectueuse, que j'estime un peu retenue et limite couarde mais il n'en reste pas moins que leurs apports et ce qu'ils nous présentent ici est richissime. Peut-être je me répète, mais ça s'insérera peut-être plus dans les esprits...
Ce livre m'a coûté 23 euros, son contenu vaut aisément trois ou quatre jours d'une formation top niveau, soit 50 fois plus.

Suffit plus que...
A vous de jouer...
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"Psychopathologie des Traumatismes Complexes" offre une approche remarquable pour les professionnels de la santé mentale. La traduction parfois maladroite peut rendre la lecture difficile, mais ne diminue pas la valeur du contenu. Les nombreuses vignettes cliniques ajoutent une dimension pratique en illustrant la mise en oeuvre des théories présentées. L'ouvrage est une ressource inestimable, bien que des améliorations dans la traduction pourraient faciliter la compréhension. Une lecture incontournable, offrant des outils pratiques et une perspective empathique pour aborder les traumatismes complexes.
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Citations et extraits (199) Voir plus Ajouter une citation
Avec les patients plus à l'aise au niveau visuel ou dont les symptômes intrusifs sont surtout visuels, on pourra adapter la technique de l'écran (screen technic) qui a fait ses preuves au niveau clinique et qui est recommandée depuis un bon moment [...]. Patient et thérapeute sont assis l'un à côté de l'autre et imaginent un écran imaginaire - c'est-à-dire un écran de télévision - qu'ils regardent tous les deux. Le patient est invité à décrire ce qu'il voit sur l'écran comme s'il s'agissait d'une autre personne. Il ne dit donc pas "je fais..." mais "l'enfant ou le petit garçon fait...". Il lui est recommandé de se servir des possibilités offertes par une télécommande imaginaire avec laquelle on peut rapetisser l'image, mettre l'image en noir et blanc, enlever le son, flouter l'image ou une partie de l'image, ou encore changer de chaîne et bien sur éteindre la télévision. Cet exercice donne un sentiment de sécurité car, grâce à sa télécommande imaginaire, le patient peut en tous temps se retirer quand c'est trop dur pour lui.
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Beaucoup de personnes ne peuvent pas s'imaginer de dire merci ou de se réconcilier avec les personnes qui leur ont porté préjudice. Ou bien elles ne peuvent pas le faire - tout simplement. Dans certains cas, si elles le faisait, cela constituerait une nouvelle blessure. C'est pourquoi à notre avis, la réconciliation ne devrait pas être un but thérapeutique en soi. Si cela se produit tout de même, c'est un cadeau qui peut enrichir la personne. Selon nous, vouloir travailler expressément à cela, comme le recommandent certains, alors que la patiente ne le souhaite pas, c'est faire acte de la violence envers la patiente et c'est donc à proscrire.
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Lorsque des violences sexuelles, physiques ou psychologiques ont été perpétrées par les parents ou d'autres personnes proches, alors il y a de forts risques qu'une fois adultes, les victimes ne développent une incapacité à faire confiance de manière adaptée. Soit elles ont beaucoup de peine à faire confiance, y compris à des personnes en qui elles ont déjà eu des preuves de confiance. Soit elles font confiance à des personnes qui montrent des attitudes devant plutôt amener à de la méfiance ou de l'évitement.
Cela va de pair avec une altération dans la perception de l'agresseur qui peut être perçu comme un être sensible ou fragile alors que la patiente décrit des violences mûrement réfléchies ou planifiées.
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Il est important de considérer que les personnes victimes de violence sexualisée ont tendance à accepter trop vite ce qu'on leur propose, sans pour autant avoir vérifié leur propre sécurité ou sentiment de sécurité vaut mieux que la psychothérapeute envisage les "non" avant que ceux-ci ne s'immiscent et ne perturbent le travail thérapeutique. Tant qu'on n'a pas pu s'occuper des traumatismes, on a à faire des comportements qui résultent des traumatismes, on a à faire à des comportements qui résultent du traumatisme et qui sont des mécanismes de protection. Dans la situation traumatique il peut être utile voire nécessaire de ne pas se défendre, c'était un mécanisme de protection pendant l'événement.
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Il peut être important de rappeler au patient que, si c'est bien lui qui ressent ces réactions corporelles, ce sont celles ressenties à l'époque par le jeune enfant qu'il était. Le mot d'ordre est donc la distanciation afin que le travail ne dépasse pas la tolérance du patient. Ainsi les sensations corporelles peuvent devenir une source d'information sur ce qui s'est passé. Non pas que l'on veille à tout prix savoir ce qui s'est passé, mais l'intégration d'un traumatisme nécessite souvent d'intégrer aussi les réactions corporelles.
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