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Critique de Denis_76


Je pense qu'il faut être indulgent, car c'est, à mon avis, un des tous premiers vrais romans ! Rabelais se situe dans le courant humaniste d'Erasme et Montaigne. A cette époque, l'Eglise catholique, toute puissante, est surtout représentée en France par les docteurs de la Sorbonne ; or Rabelais, dans la première partie de ce livre, s'attaque à eux, il avance donc à fleurets mouchetés !
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Vers Chinon, lieu de naissance de François Rabelais ( 1483 ), mais aussi de son héros, Gargantua ( vers 1420 ). Gargantua vit au royaume de son père Grandgousier, avaleur de litres de vin de de kilos de victuailles ... comme Obélix.
Une vieille femme ayant bouché les sphincters de Gargamelle, la femme de Grandgousier, car elle chiait ses tripes par kilos, le foetus Gargantua n'a pas d'autre solution que de grimper et de sortir par l'oreille d'icelle !
Calambours à la louche, jeux de mots, grossièretés, farces, jeux littéraires, mots-valises, néologismes, situations comiques, contrepèteries, anagrammes, rébus, élucubrations inversions, satires, lapsus, outrances, coqs à l'âne sont le lot de la première partie, visant, sans doute, à mettre les docteurs en théologie dans la confusion ( est ce du lard ou du cochon ? )
En effet, Rabelais démontre l'inefficacité de ces grands savants, quant à l'instruction des élèves, et ne veut sans doute pas se retrouver décapité comme Thomas More, cette même année en Angleterre, ou exilé !
Gargantua, très intelligent et très grand, est envoyé à la Sorbonne pour y apprendre la scolastique, par des docteurs très savants en jargon théologique, notamment Janotus, son premier précepteur ; mais il n'apprend que la paresse ! Tout cela est décrit par le narrateur, non pas François Rabelais, mais Alcofribas Nasier, anagramme d'icelui, pour sans doute, le protéger des foudres de la Sorbonne !

Si vous survivez au tsunami de cette première partie, que je compare à "Le bruit et la fureur", ou certains écrits de Nietzsche,la deuxième partie, la guerre contre Picrochole, se lit aisément, et c' est un lac calme, en comparaison ! Même si Picrochole-le-bileux, le colérique, est un tyran aussi bête que ses pieds, et que, semble-t-il, Rabelais compare à Charles Quint.

La troisième partie, que j'appelle le pardon, est intéressante, mais un peu naïve.
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Je pense que la première partie, brumeuse, comme "Les Provinciales" de Pascal ou même certains ouvrages de Nietzsche, est une protection contre les jésuites de la Sorbonne, l'église catholique étant encore très puissante !
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Outre les jeux de mots, farces de Polichinelle, Rabelais fait un vrai roman, rare en 1534, et c'est même, dans la partie deux un essai courageux contre les moines oisifs, les docteurs doctifiant des mots hasardeux, les indulgences, bref, tout le système catholique, ainsi que la lenteur de la justice.
Dans la troisième partie, c'est un véritable plaidoyer pour la paix qui se situe dans le courant philosophique et humaniste d'Erasme et de Montaigne.
Voltaire, avec Micromégas, reprendra le système de "Le bon gros géant" ainsi que Roald Dahl.
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