Citations sur L'offrande au crépuscule (23)
La terre est une mère, elle vit, elle respire, elle se nourrit. Elle n'est pas inerte, insensible.
C'est peut-être parce que les hommes n'ont plus respecté les arbres, n'ont plus respecté les animaux, n'ont plus respecté la terre, que tout se rebiffe contre eux.
Nous sommes ici pour réfléchir ensemble à notre destin et à celui de nos enfants. Nous avons tous constaté que la nature est devenue acariâtre. Les pluies diminuent, la terre se meurt. Nous devons réfléchir et voir si nous pouvons améliorer cette situation. Aucun de nous n'est ignorant ni savant. Chacun de nous sait et ignore tout à la fois. Si nous mettons ensemble nos petits savoirs, cela peut faire un plus grand savoir. Cela est essentiel. N'étouffons pas les autres par des propos si abondants qu'ils nous empêchent d'écouter. Un proverbe dit que c'est la barrique vide qui résonne le plus fort.
(...) ce besoin tragique d'exister de plus en plus et d'être de moins en moins.
En dehors de la relation directe et attentive, il n'y a guère de meilleur moyen que le livre pour rejoindre chaque homme et chaque femme au plus profond de son intimité. C'est pourquoi l'écriture a quelque chose de sacré et d'effrayant.
Je dirais que le phénomène "ville, si on l'examine à la façon d'un entomologiste froid, est une sorte d'excroissance remplie de gens qui consomment des marchandises et produisent des déchets, au détriment du large environnement naturel donc la ville draine les substances vivantes et les hommes sans les renouveler. Elle contribue à la désertification humaine et physique et crée les situations sociales des plus ambiguës. L'ère de l'urbanisme a généré des déséquilibres considérables, dans le Sud comme dans le Nord. Elle est indissociable des modes d'organisation modernes, centralisateurs par nature. Il est donc d'un intérêt considérable, et a fortiori, dans les pays pauvres, de tout faire pour mettre en valeur les ressources naturelles et humaines, maintenir un peuplement de l'espace rural, tout en le préservant de la dégradation écologique.
L'humus nourrit la terre, la terre nourrit la plante et la plante nourrit l'homme, l'animal et l'homme s'en nourrissent tous les deux, et ainsi la ronde pourrait se poursuivre longtemps si l'homme arrêtait de tricher.
"Time is money !" On ne mesurera jamais assez l'impact de cette affirmation. Elle est à la racine de la schizophrénie menaçant la planète entière.
Tout nouveau venu dans l'histoire de l'univers, l'homme se retrouve identique à lui-même dans le temps et l'espace, et quelle que soit son origine ou sa couleur, qu'il soit encore nu et immergé dans ses forêts primitives, ou bien dans ses hautes performances technologiques, nous retrouvons le même être frêle, désireux d'échapper à l'angoisse de la mort par de multiples moyens, quêteur de "bonheur". Cependant, le phénomène humain comporte des aspects saisissants de grandeur et de beauté. Lorsqu'il s'apaise, cesse de s'agiter dans ses idéologies et ses croyances, il devient regard, méditation, écoute profonde au-delà des simples évidences. Régisseur doué d'esprit, il peut devenir source de bienveillance et de tranquillité, constructeur dans la tendresse. Même si le réel ne lui livre pas tous ses secrets, il fait que la conscience d'ignorer est aussi beauté et connaissance, et non carence.
Préserver les espaces de la sensibilité, réduire la servitude au matérialisme intégral en aménageant une place aux valeurs de bien-être gratuites, cela me semble si légitime, si étroitement lié à notre présence même sur la planète que je n'y vois pas une innovation, mais une sorte de réflexe vital. Quand on y songe, il semble que le mode de vie moderne émousse effectivement notre quête profonde. La prolifération des divertisseurs et des divertissements tarifés, dont le besoin nous est vivement recommandé, est peut-être proportionnelle à l'ennui intimement mêlé à la trame de nos vies. Les pulsions vitales, originelles, se heurtent aux murs de la banalité programmée. Nous sommes alors atteints de vieillissement précoce. Spectateurs passifs devant nos boutons et nos écrans, avec nos marchands et nos politiciens nous regardons les événements du monde, machinalement, sans autres miracles que ceux de la technologie, nous voyons défiler le chapelet des jours qui nous conduisent à notre propre terme. Mais tout cela n'est peut-être que "point de vue personnel", comme on dit...