AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782878629514
Editions Thélème (26/05/2016)
Édition audio (Voir tous les livres audio)
3.9/5   843 notes
Résumé :

VERS LA SOBRIÉTÉ HEUREUSE

Pierre Rabhi a vingt ans à la fin des années 1950, lorsqu'il décide de se soustraire, par un retour à la terre, à la civilisation hors sol qu'a commencé à dessiner sous nos yeux ce que l'on nommera plus tard le Trente Glorieuses. En France, il contemple un triste spectacle : aux champs comme à l'usine, l'homme est invité à accepter une forme d'anéantissement personnel à seule que tourne la machine économique. L'économ... >Voir plus
Que lire après Vers la sobriété heureuseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (103) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 843 notes
Si Pierre Rabhi avait vécu au moyen-âge, il aurait été considéré comme un saint. Sa vie, son cheminement intérieur, sa foi, son ascèse, et son amour du prochain tiennent en effet du miracle. Saint Rabhi, priez pour nous !
Mais moi, pauvre pécheur, pétri de défauts, vivant au coeur d'une grande agglomération urbaine, que puis-je faire de cette perfection et de sa fameuse « sobriété heureuse » ?
Au-delà des nombreux désaccords que je peux avoir en toute modestie avec certaines de ses prises de position, ce livre a le mérite extraordinaire de nous montrer un chemin qui pourrait nous éviter le mur vers lequel nos sociétés de surabondance sont en train de foncer allègrement.
Des choses m'ont gêné dans ce livre, notamment quand Pierre Rabhi magnifie le passé, cet Eden à jamais perdu, et voit la modernité comme une véritable imposture (vade retro, satanas !). C'est faire peu de cas de cette espérance de vie qui, grâce à la modernité, a bondi de plusieurs décennies en quelques générations. Et cette agriculture autosuffisante dans de petites exploitations familiales dont il rêve sera-t-elle capable de nourrir 10 milliards de femmes et d'hommes ? Je ne sais pas. Au risque d'offusquer Pierre Rabhi, je vois là une préoccupation de nantis.
En revanche, le livre est captivant quand l'auteur évoque ce que nous pouvons faire dans nos sphères privées, loin des politiques et des vieilles idéologies, pour revenir à un esprit de modération, unique moyen pour freiner cette société de consommation débridée qui fait tant de mal à notre environnement et à nos âmes. C'est ce qu'il appelle de manière très poétique « la part du colibri ».
Un livre passionnant, humaniste et généreux, qui nous fait réfléchir sur le sens de nos vies et de nos valeurs.



Commenter  J’apprécie          1076
Pierre Rabhi ne se risque pas à proposer une destination et un kilométrage pour préciser l'horizon du trajet qu'il nous incite à accomplir. D'ailleurs, malgré quelques références exactes à des faits sociétaires, économiques et écologiques actuels, Pierre Rabhi se présente moins comme un maître faisant profession d'enseigner à des élèves ignorants les principes rationnels qui devraient nous engager vers une sobriété heureuse, que conteur habile à éveiller chez ses lecteurs des sentiments troublants, héritages d'un regret ancien, tristesse d'une solitude aux origines incernables. Perd-on seulement la qualité de vie liée à l'entretien d'un environnement riche et frémissant, ou perd-on encore davantage ?


Pierre Rabhi exprime simplement son espoir : « Je rêve souvent à l'avènement d'un nouveau paysan gouvernant sa petite ferme comme un souverain libre en son petit royaume ». On peut très souvent relier les réflexions de Pierre Rabhi à celles de Simone Weil dans l'Enracinement. Il évoque le souvenir de son père forgeron qui a dû se soumettre au rythme de travail imposé des mineurs. le forgeron fier qu'était son père est alors devenu un esclave -muet, inconsistant, lointain. le monde du travail avait séparé l'enfant de son père. le travail avait provoqué l'arrachement du fils à son père. Et cela me rappelle cette proposition de Weil, qui souhaitait que l'enfant puisse redonner du sens au travail de son père en faisant du travail un art de vivre total en créant de petits ateliers : « coopératifs ou non, ces petits ateliers ne seraient pas des casernes. Un ouvrier pourrait parfois montrer à sa femme le lieu où il travaille, sa machine, comme ils ont été si heureux de le faire en juin 1936, à la faveur de l'occupation. Les enfants viendraient après la classe y retrouver leur père et apprendre à travailler, à l'âge où le travail est de bien loin le plus passionnant des jeux ».


L'originalité de Pierre Rabhi est de souligner l'importance cruciale du maintien de liens sociaux purs, c'est-à-dire non corrompus par des intérêts financiers directs ou indirects (le divertissement égoïste et consumériste fait ainsi partie de cette dernière catégorie). Serions-nous à la fin d'une ère qui a été jusqu'au bout de sa conception hégémonique d'une certaine rationalité ?


« C'est sous l'inspiration d'une rationalité sans âme que s'est construit le monde actuel. Il est comme dépoétisé, propice à l'ennui et au désabusement. »


On pourrait à la limite s'amuser de cette rationalité-divine si elle n'avait pas la tendance malfaisante à nier les tendances irrationnelles de l'esprit humain et, partant, des institutions qu'il met parfois en place :


« Il sera toujours impossible de comprendre la marche du monde sans tenir compte de l'irrationalité humaine. Les pires violences, telles les guerres, ont pour mobile les croyances, les nationalismes, les idéologies, des mythes et des symboles plus que des enjeux tangibles, comme les territoires souvent évoqués, qui ne sont que des alibis. »


Les propositions de Pierre Rabhi sont utopiques s'il s'agit de les appliquer telles quelles à notre monde. Ce qu'il faudrait ? Un renversement de toutes les structures actuelles. Mais cela ne se ferait pas sans violence, et Pierre Rabhi ne veut pas déborder dans l'imaginaire révolutionnaire. Tout ce qu'il propose en attendant la résolution de l'antagonisme, c'est de se mettre en cohérence à chaque fois qu'il est possible de le faire.


« La sobriété […] devient facteur de justice et d'équité, mais cela nécessite obligatoirement de renoncer au modèle actuel, fondé sur la toute-puissance du lucre et à lui dévoué. »


Pierre Rabhi ne tarit pas d'initiatives et on trouvera à la fin de son ouvrage la liste de toutes les associations et projets qu'il a mis en place depuis de longues années. Ces alternatives tournent autour de l'idée de créer des structures à taille humaine. On ne se situerait plus dans l'immensité du monde, d'un continent ou même d'un pays, mais dans la proximité des relations d'échange et de connaissance. de plus en plus de réseaux de cette nature se développent récemment: AMAP, commerces de proximité, services d'échange local... et il semblerait que dans un premier temps, Pierre Rabhi souhaite surtout développer cet aspect-là.Il n'est pas qu'un intellectuel spéculant, il est aussi un homme de terrain et cette situation est déjà, à elle seule, un premier remède au désenchantement. Vers la sobriété heureuse n'est pas un livre de greenwashing de plus, dans la déferlante actuelle parfois cynique qui semble vouloir faire son beurre de la famine de l'humanité.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          613
Pierre Rabhi est un septuagénaire pressé. Il est sorti de son champ en Ardèche, il y a quelques décennies pour former les gens à l'agriculture biologique et expliquer à ceux qui veulent l'entendre que le progrès, tel que la société de consommation le présente, nous mène droit dans le mur. de plus, il soutient un nombre important d'associations non seulement écologiques mais aussi et entre autres la pédagogie Montessori. A-t-il encore du temps pour écrire?

Oui, le temps semble lui manquer de re-développer et de ré-expliquer. Peut-être de là vient son propos que j'ai trouvé trop concis. Une centaine de pages.

Pourtant la partie où il parle de sa vie est particulièrement intéressante et aurait mérité un développement plus important. Car sa vie est un exemple de sobriété heureuse. Et il me semble que c'est assez rare les personnalités influentes qui font ce qu'elles disent.

En dehors du récit de sa vie, sa vision du progrès pourrait sembler caricaturale et l'alternative qu'il propose, sans doute utopiste.
Par exemple, concernant l'éducation, il met tout le monde dans le même panier libéral comme responsable des échecs scolaires. Seule la pédagogie Montessori basée sur le sensoriel et puis tout ce qui est l'apprentissage manuel trouvent grâce à ses yeux. Mais cette partie est trop succincte.

Cela dit, on pourrait me répondre que PR renvoie souvent le lecteur à ses précédents livres où il y développe ces différents points.

Pour finir, j'ai le sentiment que pour réfléchir sur l'avenir de notre société, l'avis d'un autodidacte, tel que Pierre Rabhi, compte!


Commenter  J’apprécie          642
Pierre Rabhy, cet homme au regard malicieux, nous assène quelques vérités sur l'état de notre petite planète et sur les débordements d'une humanité au bord de l'implosion. À l'image d'un vieux sage, il nous conte un avenir bien morose et nous invite à retrouver un mode de vie en adéquation avec la nature. Lorsqu'on parcourt son ouvrage, on ne peut qu'adhérer à son mode de pensée. Il nous incite, par des phrases bien senties et des idées qui touchent le plus profond de notre être, à la réflexion. À chaque page une citation nous parle, nous émeut, on ne peut qu'approuver son raisonnement mais, car oui, il y a un mais, même si l'on partage ses idées, ce n'est que pure utopie que de vouloir changer une civilisation aussi formatée que la nôtre où l'avenir ne s'annonce, il faut se l'avouer, guère radieux. Lancée à vive allure sur une voie sans issue, notre civilisation basée sur le virtuel ne s'arrêtera, à l'image de ces grands et puissants empires qui nous ont précédé, que face à sa propre destruction,s'effondrant sur elle-même. C'est alors qu'à l'avènement de cette nouvelle et peut-être ultime épreuve, que les théories de ce visionnaire qu'est Pierre Rabhy prendront tout leur sens. En attendant, otages au coeur d'un système qui tente désespérément de nous faire croire en ses valeurs de consommation, nous continuons notre politique de l'autruche en espérant que tous ceux qui nous mentent, de mandat en mandat, puissent un jour avoir le courage d'éveiller une conscience collective qui pourrait susciter une indignation suffisamment puissante pour éviter une immense catastrophe planétaire. Je terminerai cette critique par la phrase d'un ami qui, à sa manière, résiste à la société de consommation en disant à ses enfants : " Si vous n'êtes pas sages je vous emmène au Mac Do".
Commenter  J’apprécie          606
A la fois manifeste contre le système financier qui met en échec la modernité au détriment de l'environnement et profession de foi d'un homme qui a voué son existence à la terre nourricière, "Vers la sobriété heureuse" est un très beau texte aux allures combinées de conte philosophique, d'essai philosophique et de doctrine philosophique.

Pierre Rabhi s'est imposé au fil des décennies comme la voix et la voie vers une économie basée sur la décroissance. Mettant l'écologie au coeur de son discours, ayant lui-même fait avec sa famille l'expérience d'une vie de sobriété heureuse, cet enfant du désert né en Algérie a à coeur l'analyse des différentes cultures et des économies qui y sont reliées. Prônant un retour à la terre engendrant le respect universel et la satiété du confort, Pierre Rabhi dénonce les faits, explique et démontre ses théories avec des mots simples, des arguments percutants, un bon sens à toute épreuve et un style accessible à tous.

"Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? Quels enfants laisserons-nous à la planète?"

"Travaillons-nous pour vivre, ou vivons-nous pour travailler ?"

"En choisissant le modèle de développement responsable du désastre, les pays émergents contribuent à accélérer un processus qui ne peut qu'être fatal à l'espèce humaine. Faut-il encore et encore le redire ? on ne peut appliquer à une planète naturellement limitée un principe artificiel illimité."

"La terre ne nous appartient pas, nous appartenons à la terre."

"La vie n'est une belle aventure que lorsqu'elle est jalonnée de petits ou grands défis à surmonter, qui entretiennent la vigilance, suscitent la créativité, stimulent l'imagination et, pour tout dire, déclenchent l'enthousiasme, à savoir le divin en nous. La joie de vivre est une valeur suprême à laquelle nous aspirons tous, mais que des milliards de dollars ne peuvent offrir."

Cri d'alarme résonnant plus haut et plus fort qu'une morale de bonne conscience, "Vers la sobriété heureuse" pose le dogme du respect de l'homme concomitant au respect de la terre et de ses ressources. Fermement érigé contre la société de consommation et ses dangers de tous ordres, Pierre Rabhi appelle à la prise de conscience et, à l'instar de l'économiste Nicholas Roegen, à une "décroissance soutenable".

Réduire l'idéologie de Pierre Rabhi a une simple problématique écolo serait réducteur car il s'agit d'une réaction en chaîne partant de la préservation de la terre et du bon usage de ses ressources jusqu'à la dignité sociale de chaque individu. Pierre Rabhi n'a rien de l'activiste agressif, il dégage au contraire la sagesse paisible et ancestrale du sage et ses analyses sont pétries non seulement d'expériences concrètes mais encore de sociologie, d'économie, de philosophie, d'une forme de spiritualité et d'anthropologie. Et s'il n'a aucune confiance en les Etats dit "développés" pour apporter les solutions qui s'imposent, il garde foi en l'homme qui rejette l'aveuglement ; son appel à la sobriété heureuse peut ainsi résonner dans le coeur de chaque humain ayant des yeux et des oreilles pour voir et entendre.

Clamons-le haut et fort : il est urgent de ralentir !


Challenge MULTI-DÉFIS 2020
Challenge des 50 objets
Commenter  J’apprécie          4510

Citations et extraits (217) Voir plus Ajouter une citation
La liste serait longue de tous les superflus qui ont précipité l'histoire dans les pires convulsions, au détriment du nécessaire. Même l'outil contemporain somme toute banal qu'est la voiture, qui a une utilité éminemment pratique - permettre de sec déplacer -, est de surcroit chargé de représentations fantasmatiques : liberté, puissance, évasion, bonheur, érotisme, etc.
La publicité n'est pas en reste pour inventer, enfin de pousser à l'achat, des manipulations subliminales qui, quoique légales, sont des dignes des techniques sectaires. Et , comme pour intensifier la jouissance que procure la consommation, elle conseille de s'y adonner, en la matière, - sans modération -
Commenter  J’apprécie          10
Lors d'une émission télévisée, on demandait à un homme devenu très riche s'il ne se sentait pas prédateur ; invoquant la lutte des espèces pour survivre, il prétendit appliquer simplement la règle établie par la vie. Cette question absolument fondamentale a été éludée : il aurait fallut remontrer à ce monsieur que la prédation humaine n'est pas de même nature que la prédation des espèces animales.
Commenter  J’apprécie          00
Apres en avoir tiré tous les avantages possibles, avoir produit des enrichissements honteux grâce à leur labeur, la logique du profit est en train d'affamer les paysans en attendant de les éliminer de la surface de la Terre.
Commenter  J’apprécie          20
La technologie et les nombreuses innovations qui fascinent le monde actuel, sous la bannière d'un progrès pour tous qui se révèle n'être qu'un mythe, ne sont que les avatars d'un principe de nature quasi métaphysique.
Commenter  J’apprécie          00
Toutefois, pour ne pas accabler la seule modernité, il faut rappeler que le pillage et le dépeçage de notre sphère terrestre, et de sa torsion vitale représentée par les forets, sont déjà une conséquence majeure du passage des civilisations dites primitives aux civilisations élaborées.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Pierre Rabhi (50) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Rabhi
La Tristesse de Gaïa : de l'effondrement à l'émerveillement Pierre Rabhi Éditions Actes Sud Collection Questions de société Collection Manifestes
Le testament intellectuel et spirituel du créateur du concept de sobriété heureuse pour servir de guide dans les temps difficiles du début du XXIe siècle. Il invite à lutter contre la résignation afin de protéger Gaïa, la terre-mère, pour les êtres vivants actuels et à venir. ©Electre 2021
https://www.laprocure.com/tristesse-gaia-effondrement-emerveillement-pierre-rabhi/9782330156510.html
autres livres classés : écologieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (2133) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
833 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..