L'humus nourrit la terre, la terre nourrit la plante et la plante nourrit l'homme, l'animal et l'homme s'en nourrissent tous les deux, et ainsi la ronde pourrait se poursuivre longtemps si l'homme arrêtait de tricher.
Quand on y songe, il semble que le mode de vie moderne émousse effectivement notre quête profonde. La prolifération des divertisseurs et des divertissements tarifés, dont le besoin nous est vivement recommandé, est peut-être proportionnelle à l'ennui intimement mêlé à la trame de nos vies. Les pulsions vitales, originelles, se heurtent aux murs de la banalité programmée. Nous sommes alors atteints de vieillissement précoce. Spectateurs passifs devant nos boutons et nos écrans, avec nos marchands et nos politiciens nous regardons les événements du monde, machinalement, sans autres miracles que ceux de la technologie, nous voiyons défiler le chapelet des jours qui nous conduisent à notre propre terme.
Soumis aux règles élaborées par la technocratie dominante, le paysan porteur du mystère du temps et de l'espace, témoin d'une culture respectable dans bon nombre de ses aspects, se métamorphose en exploitant agricole, non plus dans une alliance avec sa terre, mais dans une attitude de pressureur toujours insatisfait.