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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Deux parties dans Les mystères de la forêt, deux romans en un. Et tout d'abord, le monde de la forêt où se réfugient Adeline, l'héroïne, et la famille de la Motte, un homme aux abois qui fuit la justice française à cause de ses dettes de jeu.

La première partie relève sans doute bien davantage de la littérature gothique : bien que refuge pour les personnages, la forêt , c'est aussi le lieu des énigmes et des dangers. En son coeur s'élèvent les ruines d'une abbaye gothique recelant sombres couloirs, portes qui grincent, souterrains et chambres dérobées. C'est dire que, si c'est là que vont s'installer La Motte, sa famille, ses domestiques et Adeline, l'orpheline qu'il a tirée des griffes d'hommes aux intentions rien moins que louches, la peur sera leur compagne de tous les jours et, surtout, de toutes les nuits. D'autant que l'abbaye est le sujet des légendes les plus noires et qu'ils vont découvrir un mystérieux squelette caché dans un coffre et un terrible manuscrit. Vous ajouterez à cela l'intervention d'un marquis cruel et vicieux qui n'a pour seule volonté que d'enlever et de violer Adeline, les évanouissements continuels de celles-ci -dévoilant comme par hasard ses appâts aux moments les plus inopportuns - et l'apparition d'un charmant jeune homme qui s'éprend de l'héroïne, et réciproquement... tous les ingrédient du gothique sont réunis. Peu importe donc qu'il ne sa passe pas grand-chose, et qu'on n'apprenne pas grand-chose sur l'histoire d'Adeline, l'essentiel est dans l'atmosphère oppressante, angoissante, terrible de la forêt et de l'abbaye. C'est terrible, donc c'est sublime (définition du gothique). C'est le roman des peurs et des désirs, des rêves et des cauchemars, c'est le roman de l'inconscient.

Mais la suite des aventures d'Adeline, qui va (ah ! enfin!) se prendre en main pour échapper aux horribles projets fomentés par le marquis de Montalt, opérera un véritable revirement dans le roman. de l'abbaye gothique on passe aux paysages pastoraux, des cruels persécuteurs aux amis protecteurs. Si les ennuis d'Adeline ne sont pas, loin de là, terminés, le gothique en prend un grand coup dans l'aile. Et malgré les révélations finales dignes d'une pièce de Molière ("Ah mon fils !" "Ah mon frère !" "Ah ma nièce!") dévoilent bien des vicissitudes encore cachées jusque là, le lecteur et les personnages s'encroûtent. Adeline a réussi son initiation, elle a vaincu les démons - les siens et ceux des autres. Elle est devenue adulte. Mon goût me portant davantage aux frissons délectables ressentis dans la forêt et les ruines gothiques qu'à l'apaisement offert par une nature bienveillante, c'est décidément la première partie des Mystères de la forêt que je préfère, la seconde m'ayant, non pas ennuyée, mais guère passionnée.
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Les Mystères de la Forêt est un roman de la sensibilité, par dessus tout, bien que son auteur lui ait attribué des traits de littérature gothiques formidables et qui constituent en ce sens un des romans phares de ce courant.

Il est vrai que la première moitié du livre contient des séquences où il nous est donné la possibilité de frissonner, avec des peintures lugubres de faits, de choses, les tons des voix, l'architecture, la forêt. Des descriptions intenses et intéressantes comme l'auteur sait le faire. On est plongés dedans. Or, après cette seconde moitié, l'histoire va de plus en plus s'apparenter à un récit de la sensibilité, des épanchements de l'âme humaine, des descriptions de celles-ci, etc. Cela devient ennuyeux à mourir parfois. Mais tout de même, Ann Radcliffe conserve le suspense jusqu'au bout, à mon sens. Deux passages ont réussi à me faire froid dans le dos, et à m'inciter à continuer ma lecture.
Bon roman, intéressant pour sa forme, parfois parsemée de poèmes, de vers, de lyrisme. Beaucoup de traces de Romantisme sont présentes. Un roman à ne pas lire si l'on souhaite réellement être stimulé par la peur et par des images macabres. Ce roman évoque surtout la perception de l'être humain : il s'apitoie et se cloître constamment dans un lit de peurs, et l'inconscient est toujours là à le veiller : Adeline, qui refoule ses désirs, ses peurs - passe son temps dans les plus hautes réflexions et les plus grands épanchements - est le personnage qui incarne complètement le miroir entre réalité et imagination.

C'est une bonne lecture vis-à-vis du vocabulaire, des tournures de phrases, des façons dont elles ont été pensées et délivrées. Un vrai délice pour ceux et celles qui aiment à repenser, réfléchir le soir dans leur lit, de très belles phrases, qui résultent des souffrances et angoisses humaines. Ann Radcliffe, en effet, et en définitive, excelle en cela, et nous fait passer un bon moment avec Les Mystères de la Forêt.
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Réputé comme étant l'un des premiers romans gothiques, ''Les mystères de la forêt'' n'a en fait pas grand chose de ce genre littéraire. Ca commençait pourtant bien, le lecteur étant des le début mis au coeur d'un danger mystérieux en pleine forêt une nuit de tempête. Mais passé le premier quart, le gothique s'efface vite pour ne plus revenir et laisser la place au romantisme. On est donc loin des oeuvres de Poe, Stoker ou Lewis, et je suis donc assez mitigé sur mon avis de cette lecture.

Disons en gros que comme dit plu haut ça commençait bien dans la première partie très ambiancée (sur trois), puis la deuxième partie perd de beaucoup le rythme, le mystère et la noirceur de la première partie. le décors change également, et on plonge en plein dans un romantisme qui est certes mouvementé dans les voyages mais très statique dans le rythme, ce qui m'a beaucoup ennuyé. Puis la troisième et dernière partie (ou disons plutôt les 70 dernières pages) a réhaussé mon intérêt avec les révélations de nombreuses questions que l'on s'était posé dans la première partie. Dans le cas de ces révélations, Anne Radcliffe ne s'effraie pas des très nombreuses coïncidences qui tombent à pic et facilitent grandement le dénouement final, mais je dois dire que ces hasards bien que presque grotesques sont tout de même plaisants et surprenants si on veut bien les accepter.

Donc une lecture avec des hauts et des bas que je suis finalement content d'avoir lu, mais je ne pense pas me replonger dans un roman de cette autrice avant longtemps. Pour l'anecdote c'est la lecture il y a environ deux ans du roman de Jane Austen ''Northanger Abbey'' qui m'avait donné envie de lire ce livre, et je ne peux que confirmer que les scènes parodiques de Jane Austen sont très réussies. Si vous avez lu ''Les mystères de la forêt'' et pas encore lu ''Northanger Abbey'', je vous le conseille.
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J'avais depuis longtemps envie de me plonger dans un roman gothique de la maîtresse du genre, Ann Radcliffe. C'est chose faite avec les Mystères de la Forêt !

Tous les stéréotypes du genre sont bien au rendez-vous, à commencer par le cadre : une ancienne abbaye à l'abandon, non moins mystérieuse que la forêt qui l'environne. Ensuite les personnages : une belle et innocente jeune femme persécutée, un marquis vicieux et cruel, un ecclésiastique paternel et protecteur, quelques braves soldats. L'intrigue enfin, nouée autour des secrets du passé qui reviennent hanter le présent. Classique, efficace :)

Quant à la forme, il faut noter une écriture réellement sublime. La narration est prépondérante par rapport aux dialogues mais pour autant il n'y a pas de lourdeurs, c'est fluide et poétique. D'ailleurs, le texte est parsemé de quelques poèmes, eux-aussi très beaux, qui se lisent avec légèreté ; une petite respiration dans le récit (pourtant je ne suis pas toujours sensible à cette forme mais ça ne m'a pas dérangée du tout).

En définitive, j'ai pour ainsi dire dévoré les trois premiers quarts de ce roman d'environ 500 pages, vibrant au rythme des émotions des protagonistes, toujours extrêmes et exacerbées n'est-ce pas, romantisme oblige. Et comme je le suis foncièrement, romantique, je me suis enthousiasmée devant les descriptions de la nature enchanteresse, perpétuelle source d'émerveillement et de bien-être. J'ai aussi frissonné dans les méandres de cette abbaye pleine de sombres secrets qui ne demandent qu'à être révélés.

Le dernier quart s'est révélé un peu plus fastidieux à lire, avec quelques longueurs et un dénouement qui m'a semblé un brin tortueux (il m'a parfois fallu m'y reprendre à plusieurs reprises pour tout saisir car je décrochais). Peut-être aussi me suis-je lassée des visages inondés de larmes et des évanouissements tous les trois paragraphes..?

À noter que l'action se déroule en France, je préjugeais (bêtement) que ce serait les landes anglaises battues par le vent... Je voulais voyager mais à la place j'ai fait Paris-Montpellier avec une escale en Savoie. C'est bien aussi, mais ça m'a valu une pointe de déception tout de même :)

Malgré cela je garderai plutôt un bon souvenir de ce roman, et je pense assurément en lire d'autres dans le genre.

À recommander aux purs romantiques, les autres risquent de s'ennuyer ;-)
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Bien que c'est avec Les Mystères de la Forêt qu'Ann Radcliffe s'est dévoilée une auteure à succès, ce dernier ne semble pourtant pas le plus populaire à posteriori si nous le comparons à l'une de ses autres oeuvres, Les Mystères d'Udolpho que j'avais adoré dévorer grâce à sa funeste et sombre ambiance. J'étais donc impatient de retrouver cette plume dans un tout autre univers et avec une nouvelle intrigue mais force est de constaté que malgré une première partie prodigieuse et remarquable, j'admets que le reste ne m'a pas autant convaincu.

Cela m'est fort regrettable car, véritablement, la première partie de ce roman détient tous les éléments clefs et les ingrédients majeurs du roman gothique et que j'affectionne particulièrement. Ainsi, j'ai adoré découvrir de nouveaux hostiles et sombres paysages, plantant une nouvelle fois un univers à l'atmosphère plus que mystérieuse et envoûtante, accompagnés d'une héroïne fragile typique du genre, innocent et naïve, le tout porté par une riche et palpitante histoire des plus romanesque. C'est pourquoi, j'ai littéralement dévoré ce premier chapitre que j'ai plus qu'adoré. Comme à l'accoutumée, Ann Radcliffe démontre toute l'étendue de son talent ainsi que toute la maîtrise de son art. Découvrir cette abbaye en ruine ainsi que ses sombres secrets m'a plus qu'envouté et totalement diverti. A nouveau, j'ai aimé parcourir sa plume méticuleuse et cette fois-ci hautement lyrique grâce à de nombreux poèmes et autres manuscrits découverts en cours de route par notre jeune demoiselle en détresse et secourue par la famille La Motte fuyant Paris et leurs tenaces créanciers. C'est à partir de cette fortuite rencontre que l'auteure nous dévoile une riche et complexe intrigue. En effet et comme par le passé, celle-ci dévoile plusieurs histoires dans son histoire et il m'aura fallu faire force de concentration pour détenir et comprendre aux mieux tous les tenants et les aboutissants de ces dernières. Je reste toujours admiratif de cet admirable complexité qui permet à l'auteure de propose un minutieux puzzle dont chaque pièce à son importance. D'autant plus que chaque élément et bien souvent dévoilé de manières subtiles et ingénieuses; faisant de cette enquête un véritable rouage réalisé avec minutie. Malheureusement et une fois une large partie de l'intrigue dévoilée, il m'a manqué un je ne sais quoi pour maintenir mon intérêt à son paroxysme tant le soufflé retombe allègrement par la suite. Malgré cette baisse de régime, il serait mentir de ne pas admettre que l'auteure dévoile deux autres parties rythmées grâce à une importe suite de nombreuses péripéties maintenant malgré tout le lecteur en haleine. D'autant plus que j'ai été plus que satisfait de retrouver les minutieuses et pointilleuses descriptions dont seule Ann Radcliffe détient le secret. Etant plus que sensible à ce genre de détails lorsque je m'attaque à une lecture, ma soif de descriptions et de dépaysement a été plus qu'assouvie. Néanmoins, je ne peux nier qu'il m'a fortement manqué le cadre purement gothique pour être parfaitement et totalement immergé et happé par la finalité de son oeuvre.

Pourtant, cette dernière dévoile d'incroyables secrets quant à ses personnages qui m'ont dans l'ensemble grandement satisfait. A commencer par Adeline. Cette héroïne est l'image et le symbole même de la représentation des femmes dans ce courant littéraire. En effet, celle-ci est présentée comme une petite chose fragile sur laquelle repose tous les romanesques malheurs et autres péripéties de cette aventure. D'autant plus que cette dernière brille par son innocence et sa naïveté et il faudra atteindre une bonne moitié de ce roman pour découvrir toute l'évolution et l'ascension de ce personnage que j'ai aimé découvrir et voir évoluer. Mieux encore, cette héroïne se dévoile le lien central entre chaque des nombreux autres protagonistes dévoilés et qui croiseront sa route. de plus, certaines révélations la concernant m'ont eu par surprise, élément que j'ai adoré. Cependant et bien qu'étant le personnage principal de ce volume, Ann Radcliffe dépeint une véritable fresque sociale dont j'ai pris plaisir à faire la rencontre de chaque personnage dépeint. Ainsi et qu'il soit bon ou mauvais chacun de ces êtres s'est démontré d'une profondeur extrême et d'une bien riche construction. A tel point que je ne suis par certain qu'une seule lecture me suffise pour totalement les comprendre et les appréhender tant leur psychologie se dessine d'une incroyable finesse. Finalement, l'on pourrait très bien qualifier Les Mystères de la Forêt d'une études des moeurs manichéennes de l'époque tant de nombreux sujets sont évoqués à travers cette rocambolesque peinture dont les sentiments de son héroïne sont mis à l'honneur. J'ai été réceptif à cette importante dimension et malgré toute l'extrapolation de romantisme et d'idéalisme, j'ai adoré cette exaltation des sentiments débordante de sensibilité et d'affectivité.

Ainsi et malgré un léger manque quant à l'aspect gothique des dernières parties de cette oeuvre, celle-ci se dessine quand bien même intrigante et captivante. J'ai pris un certain plaisir à découvrir ce complexe et riche roman dressé par une plume toujours aussi subtile et délicate et planté dans de magnifiques décors à l'ambiance sombre et à l'atmosphère envoûtante. C'est pourquoi, je relirai à coup sûr ce chef d'oeuvre afin d'en découvrir davantage quant à la richesse de cette dernière qu'une seule lecture ne semble suffire.
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Après avoir été conquis par les inégalables Mystères d'Udolphe, j'ai éprouvé l'irrésistible envie de découvrir d'autres ouvrages de la pionnière du roman gothique. Voilà comment j'ai eu vent des Mystères de la forêt que je me suis empressé de me procurer. Et quelle découverte stupéfiante! Au coeur de la nuit, un carrosse roule à tombeau ouvert Dieu ne sait vers où. La Motte, un bourgeois parisien, a mené une vie de débauche et d'excès, et doit désormais en payer le prix. le voilà donc contraint de prendre la fuite avec son épouse et un serviteur. Au cours de leur fuite, les La Motte font la rencontre de bandits de grand chemin qui consentent à leur laisser la vie sauve s'ils emmènent avec eux une mystérieuse jeune fille aux cheveux noir de jais, répondant au nom d'Adeline. Les La Motte et leur protégée trouvent refuge dans une abbaye délabrée au coeur de la forêt. Que dire? Ce roman est admirablement bien construit; si l'on venait à modifier ne fût-ce qu'un détail, toute l'intrigue tomberait d'elle-même. J'ai été très surpris par la dimension sadienne du roman: Adeline est l'archétype de la jeune fille vertueuse, convoitée par les pires scélérats qui puissent exister. Tous les éléments indispensables à l'élaboration d'un excellent roman gothique sont rassemblés: une forêt dense regorgeant de secrets et surtout de dangers, une abbaye figée dans la majestée de son histoire, une belle jeune fille accablée par un lourd fardeau, et un marquis libidineux, ignoble et retors, prêt à tout pour parvenir à ses fins. Toutefois, au fur et à mesure que le récit progresse, nous nous éloignons quelque peu des thématiques essentielles du roman gothique. le titre original de cette oeuvre, en Anglais, est The Romance of the forest; on devine qu'il est question d'une intrigue sentimentale qui va orienter le récit de manière décisive. Dans ce roman, nous discernons des éléments prémonitoires qui annoncent le romantisme, lorsque nous observons par exemple le rapport des personnages avec la nature, l'exaltation de leur moi et ce retour à une existence recluse, au détriment de la civilisation (cette caractéristique marquait déjà le courant Sturm und Drang né en Allemagne, qui abritait en lui des codes avant coureurs du romantisme). Bien sûr, les Mystères de la forêt annoncent les Mystères d'Udolphe: Adeline est un précurseur d'Émilie Saint Aubert, le marquis de Montalt annonce Montoni. Les relations des personnages entre eux sont très intéressantes à observer dans les deux premiers tomes du roman, puisqu'elles sont marquées par l'ambiguïté. de ce fait, les Mystères de la forêt confèrent sa noblesse à l'esthétique gothique qui est l'une des plus riches de la littérature. Ann Radcliffe n'a pas son pareil pour instaurer des climats froids, sombres et de mauvais augure; à peine le lecteur a-t-il fini de lire l'incipit de ses romans qu'il est happé dans un univers rare et difficile à concevoir. Une plume unique que nous nous devons de redécouvrir.
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Le Livre du Mois d'avril 2024
C'est un roman "classique" de la littérature anglaise du XVIIIe siècle qui raconte les péripéties d'une jeune femme, Adeline.
Alors que La Motte et sa famille fuient, en carrosse, la justice, des brigands croisent leur route et leur confient Adeline.
Commence l'aventure : Adeline est-elle véritablement protégée par La Motte ?
Telle est la question.
Pauvre jeune femme vertueuse et crédule dans la tourmente.
Belle écriture et belle histoire.
Une époque.
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En plein milieu de la nuit, un carrosse quitte précipitamment Paris. Monsieur de la Motte et sa famille fuient la capitale. En traversant une forêt, ils font une pause près d'une maison visiblement habitée par des brigands. Ceux-ci les laisse repartir, à la condition qu'ils emmènent avec eux sans se retourner une jeune fille. Adeline, effarée, seule, se laisse emmener et la famille se prend d'affection pour elle. Au moment où ils arrivent près d'une vieille abbaye en ruine en plein milieu de la forêt, une roue casse. Ils resteront donc là, et s'installent dans le vieux bâtiment. Adeline, ayant avoué que son propre père a tenté de se débarrasser d'elle, profite de la paix et de l'émotion que lui procure la nature autour d'elle. Mais très vite, La Motte s'offre lui aussi des excursions mystérieuses dans les fourrés, et sa femme soupçonne une liaison avec la jolie orpheline. Sont-ils vraiment à l'abri dans cette mystérieuse bâtisse dont les pièces les plus secrètes semblent avoir été habitées par bien des drames?

Cette édition Folio contient les trois tome de l'histoire d'Adeline, héroïne pathétique s'il en est. Condamnée à mort dès le départ, elle ne cesse de fuir et de jongler entre faux-semblants, trahisons, amis, ennemis, amoureux éconduits et prétendants un peu trop pressants. Ce qui m'a surtout embarquée dans ce roman, c'est la manière dont il se joue à huis-clos dans un lieu qui a tout du château hanté mais qui est leur seul refuge. La Motte et sa femme ont tout intérêt à y rester à l'abri de la justice et peu importe les squelettes ou les fantômes qui se cachent derrière les murs. Adeline y vivrait bien heureuse également, à l'abri de son père. Mais lorsque le propriétaire des lieux, après avoir découverts ses occupants et compris leur situation, jette son dévolu sur la jeune fille, et exige de la Motte qu'il la lui livre sous peine de le dénoncer aux autorités, la tension devient palpable. Très longtemps, on ne sait si La Motte est un allié ou un ennemi pour Adeline. Véritable pomme de discorde, fille maudite, je me suis attachée à cette héroïne ballotée d'un bout à l'autre du roman alors qu'elle veut juste chanter les beautés de la nature dans ses stances en écoutant son doux Théodore lui conter fleurette. Car Ann Radcliffe est aussi poétesse, et n'hésite pas à nous transcrire les nombreuses poésies et chansons que son drame inspire à Adeline. Lyrique, gothique, mondain, cette histoire m'a rappelé Les Hauts de Hurlevent, dans une version où une héroïne pastorale et romantique se serait faite embarquer sur la lande.
Je dois pourtant avouer que le troisième tome m'a déçue. D'abord, on y quitte la forêt et l'abbaye, et on y change complètement de décor: l'ambiance est donc moins prenante. Ensuite, toute une galerie de nouveaux personnages débarquent, auxquels je n'ai pas réussi à m'attacher nostalgique que j'étais des intrigues aigries de M. et Mme de la Motte. Enfin, on y tire des ficelles un peu grossières, façon Molière, quand on se rend compte que les personnages sont en réalité frère/soeur/père/fille et que tout va ainsi pouvoir s'arranger dans le meilleur des mondes. Bref, un peu longuet sur la fin.
Lien : http://mabouquinerie.canalbl..
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