Citations sur Les nuits rouges (10)
Les nuits étaient rouges comme l’acier en fusion qui éclairait de l’intérieur les carcasses noires des hauts-fourneaux.
Martèlements, sifflements, hurlements industriels dans son crâne. Les nuits étaient rouges des fusées éclairantes brandies au sommet du crassier, qui illuminaient les visages charbonneux de la colère et du désespoir, les yeux luisants de l’angoisse.
L’odeur de poudre, de sulfures et de méthane lui prenait la gorge, il aurait fallu boire quelque chose, maîtriser ces tremblements.
Les nuits étaient rouges des incendies allumés sur l’autoroute. Les cornes de brume étouffaient le vacarme des hélicoptères dont les carapaces d’acier brillaient sous la lumière de la lune. Les gyrophares de la police et des ambulances étaient tenus à distance par des fusils de chasse et des lances-pierres. Les gaz lacrymogènes formaient une brume sanguine qui dansait autour des fumées noires et orange des pneus de tracteurs et de semi-remorques en feu.
"Ils ont tué le tissu social, la conscience de classe, la solidarité, la culture ouvrière, la notion de révolte. Ils nous ont hypnotisés par la peur jusqu’à nous faire oublier notre propre pouvoir. Il n’y a plus rien.”
Puis il s’assit pour observer les méandres de la rivière. Ils figuraient le destin de toutes choses et de toutes formes de vie. Des courants, des écueils, des coudes, des zones alluvionnaires. Et une unique force qui menait le tout vers la mort. Le grand tout de l’océan et du néant.
La rivière apathique qu’il avait sous les yeux était un lacet de boue, de métaux lourds, d’azote, de produits phytosanitaires et de merde, sur lequel scintillait le soleil.
Keller l'avait recadré dès le début, poliment et inutilement. Il fallait passer aux choses sérieuses et ce déjeuner provoqué par Faas en était l'occasion - d'autant que l'albinos lui-même semblait désireux de monter d'un cran dans ce rapport de force.
"Hé, lèche ce bout de poiscaille tout lisse en matant la serveuse, dit Faas. Sérieux, ça te fait penser à quoi ?"
Keller arqua les sourcils et se dit que finalement, les choses étaient peut-être bien plus simples qu'il ne l'imaginait : Faas était tout bonnement con comme un cintre, pas besoin d'aller chercher plus loin.
« Putain, sentir le vent de la nuit te caresser les couilles, crois-moi, ça, c’est l’ultime victoire de l’homme libre. » (Faas à Barbara)
« Je pense, donc je sais que je vais mourir, du coup je fais n’importe quoi pour que ça ait un sens, alors que c’est impossible, ça n’a jamais de sens, ça ne peut pas avoir de sens. T’as compris quelque chose à tout ça, quand t’as cru que t’allais mourir ? » (Faas à Barbara)
La révolution industrielle est une sédition du profit contre l’homme, contre la Terre, contre la vie, contre la pensée. Elle n’est en rien un élan vers le progrès et l’avenir radieux, mais une course vers la destruction et la mort.
Le crépuscule naissant alourdissait la terre et les cieux. Il respira profondément. Puis il s'assit pour observer les méandres de la rivière. Ils figuraient le destin commun de toutes choses et de toutes formes de vie. Des courants, des écueils, des coudes, des zones alluvionnaires. Et une unique force qui menait le tout vers la mort. Le grand tout de l'océan du néant.
Bon sang, un banquier qui butait un dealer à l'arbalète? De la finance ou de la came, laquelle était la couverture de l'autre? Aucune différence depuis les accords de Schengen, se dit Faas, mais une alliance naturelle. Cols blancs et mains sales, mêmes méthodes, même combat.
L’odeur de poudre, de sulfures et de méthane lui prenait la gorge, il aurait fallu boire quelque chose, maîtriser ces tremblements.
Les nuits étaient rouges des incendies allumés sur les autoroutes.