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EAN : 9782073034175
Gallimard (14/09/2023)
3.17/5   9 notes
Résumé :
Sur le point de quitter l’Europe, Dimitri Gallois et Luna Yamada sont victimes d’un règlement de compte sanglant. Mafia serbe, armée privée américaine, groupe bancaire basé au Luxembourg : la véritable cible de cette collusion toxique est Santo Serra, à la tête d’une branche stratégique de la ‘Ndrangheta, et c’est avec lui que Dimitri et Luna vont tenter de briser l’engrenage mortel qui les happe.
Lorsque l’horizon semble s’éclaircir, Luna disparaît au cours ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dimitri et Luna sont un couple très amoureux pris dans un règlement de compte ultraviolent entre mafia serbe, armée privée américaine et un groupe bancaire basé au Luxembourg. Une certaine mafia calabraise, dirigée par Nicola Santo, s'érige en rempart devant la menace. Victime d'une embuscade, Luna disparaît. Dimitri est prêt à tout pour la retrouver.

Sur fond de guerre mondialisée, série noire de Gallimard publie un récit d'autant plus sombre qu'il fait écho à notre actualité… Il nous place dans un monde, (actuellement ? Dans quelques années ?) où les mafias en lien avec des banques, des États, à la tête de vastes empires d'entreprises diverses, ont éliminé en grande partie les pouvoirs politiques, dont les lois sont contournées, laissant le champ libre à l'argent, à une réalité faussée par tous les moyens, avec dans leur sillage la mort et un risque généralisé de destruction. Keller, seul représentant officiel de l'ordre présent ici, est une caricature, un commissaire déprimé et alcoolique. Chaque fois qu'il entre en scène, il se sert largement à la bouteille de gin avant de parler. On se demande vite comment il peut lutter contre les monstres froids qui dirigent mafias serbe, armées privés et groupes bancaires. Bienvenue sur les Terres noires de Sébastien Raizer.

Les références aux grands classiques sont nombreuses, à commencer par Crimes et châtiments de Fiodor Dostoïevski. Dès le chapitre 3, on assiste à une terrible scène proche du meurtre de Raskolnikov. Crimes et châtiments sonde le coeur noir de l'homme. Terres noires et le triptyque formé avec les deux livres précédents, Les nuits rouges et Mécanique mort, entendent « sonder le coeur noir de l'Occident », selon les termes indiqués dans « note et remerciements » à la fin de l'ouvrage. Référence aussi à 1984 de Georges Orwell, illustrant parfaitement les opérations de manipulation utilisant le langage comme arme des sociétés modernes, et même à Othello de William Shakespeare, à travers les élucubrations de Midget, un nain fou très bien décrit alors que les autres personnages gardent leur mystère.

« Un roman magistral sur le libéralisme totalitaire et la destruction généralisée qu'il instaure », telle est la promesse de la quatrième de couverture. En marge de l'intrigue, se présente une véritable enquête journalistique, la grosseur du trait rappelant qu'il s'agit d'une fiction dans le cadre d'un roman noir. Si les nombreuses citations comportent les dates et les sources, impossible par contre de vérifier toutes les assertions de l'auteur dans l'histoire hormis quelques notes par-ci par-là. L'accusation de manipulation et de complotisme pourrait en être le résultat. J'incline à penser à une volonté de réalité augmentée afin de bousculer la zone de confort artificielle du lecteur et l'amener à penser par lui-même, en dehors des récits officiels.

Une lecture riche de promesse, très ambitieuse assurément avec une densité impressionnante d'informations, de citations diverses souvent en anglais ou en allemand et qui demande des efforts pour situer les personnages quand on n'a pas lu comme moi les deux tomes précédents. Alors qu'est dénoncée la main mise culturelle américaine, tous les titres de chapitre sont en anglais… Est-ce pour obliger à chercher des éclaircissements en dehors du livre ?

Mais la virtuosité est là, un électrochoc permettant de questionner l'arrière plan d'un eldorado américain, vanté depuis des décennies, bâti sur la manipulation, les guerres extérieures, un génocide des peuples premiers et maintenant une économie dominée par un complexe militaro-industriel tout puissant laissant, dans les pays dévastés, proliférer des mafias toujours plus dangereuses. J'ai aimé retrouver de multiples références musicales, Sébastien Raizer étant co-fondateur des éditions du Camion Blanc (1992), qui ont publié quantité d'ouvrages sur des groupes rock. L'histoire est addictive et si je n'ai pas eu d'empathie pour les personnages, j'étais pressé d'aller au bout d'une lecture dont la fin est plutôt jubilatoire, avec enfin un peu de lumière !

Sébastien Raizer vit au Japon. En écrivant cela, je remarque que son héros Dimitri Gallois fuit la récession existentielle, le suicide industriel en direction de l'Orient : « Leur destination, c'était les méandres des tatouages japonais qui ornaient le corps de Luna. Et leur boussole, c'était leur aimantation solaire. » Sur fond de l'écroulement de la sidérurgie, une partie de l'action se déroulant en Lorraine non loin des paradis fiscaux du Luxembourg, là ou est né l'auteur.

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour cette lecture qui m'a fait sortir de mes habitudes et passer par toutes sortes d'émotions et de réflexions, c'est cela que l'on recherche dans la littérature, non ?
******
Et si vous voulez voir la composition personnelle réalisée à partir de la couverture, rendez-vous sur mon blog, lien direct ci-dessous.
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Je remercie Babelio et les éditions Série Noire Gallimard qui m'ont permis de découvrir, dans le cadre d'une opération Masse critique, le roman de Sébastien Raizer "Terres noires".

Je le regrette, mais je n'ai pas aimé.

Le pitch est a priori simple et efficace : un jeune couple doit quitter l'Europe. Mais son passé le rattrape et il est pris dans un règlement de compte entre un groupe bancaire luxembourgeois, la mafia serbe et la mafia italienne.

L'intrigue aurait pu être dense et palpitante, teintée de cynisme et de désespérance, pour dépeindre la noirceur du monde et le coeur des hommes. La quatrième de couverture promet "un style riche et puissant, un roman magistral sur le libéralisme totalitaire et la destruction généralisée qu'il instaure."

Imperméable au style de l'auteur, je n'ai lu qu'un récit composé de séquences superficielles. 

Les personnages ont des réactions incompréhensibles, parce que le lecteur ne les connaît pas. Peut-être avaient-ils une vie avant ce roman ? Malheureusement le lecteur qui n'a pas lu les autres romans de S. Raiser finit par le supposer à travers de vagues allusions au passé.

Des personnages qui soliloquent des pensées philosophiques sur la vie et la mort, le bien et le mal, inspirées de la littérature classique.

De longues réflexions juxtaposent des noms de sociétés et de gouvernements, accumulent les citations, jouent avec des associations d'idées suspicieuses, dénoncent tous les mécanismes amplement connus et détestables du capitalisme, assènent des assertions complotistes en invoquant quelques révélations journalistiques, pour répéter que tout le système est pourri et conclure, sur un réquisitoire anti-USA, en guise de duel final. Aucune démonstration, même par des artifices romanesques. Ce n'est pas le choix de l'auteur. Il faut se contenter de supposer que c'est le crédo qui fait agir et réagir les personnages.

Des scènes d'action qui s'inscrivent dans des environnements décrits sommairement et à l'enchaînement des actes et des mouvements incompréhensibles.

En conclusion, un roman qui voudrait dépeindre la noirceur du monde, mais se réduit à un récit vindicatif, superficiel et peu convaincant. 

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Sebastien Raizer est un auteur notamment connu pour avoir co-fondé les éditions musicales Camion Blanc, et leur versant Camion Noir, mais c'est également un auteur de poalr déroutant et complexe: on en veut pour preuve Sa trilogie des équinoxes qui demeure un ovni littéraire qu'il était un peu diffiicile d'appréhender et qui nous avait laissé un peu au bord de la route Après l'alignement des équinoxes et les nuits rouges, voici le troisieme volet de cette trilogie qui mêle habilement querre mondialisée, manipulation, corruption, crime…

Un univers toujours aussi noir et sans concession aucune !

Et soudain, il fut saisi d'un terrible sentiment d'urgence. Tout s'écroulait dans le mensonge et l'hystérie générale, dans l'aveuglement et le désespoir, le meurtre, le suicide et la guerre. Partout.

Il ne parvenait pas à se l'expliquer de façon rationnelle, mais il savait que ce monde somnambule poursuivait son inexorable errance vers la nuit, le feu et la mort. ”
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Terres noires est un roman complexe, difficile à cerner. Il vient clôturer un triptyque, peut-être est-il préférable de lire d'abord les deux autres. En tout cas j'ai eu du mal à comprendre les tenants et aboutissants de l'auteur.

Tout d'abord l'histoire en elle-même est compliquée, on a l'impression de commencer le livre au milieu de l'action et de le terminer sans qu'elle soit terminée. Il est question de guerre, de capitalisme, d'ultra-libéralisme, de mafia et de manipulation. J'ai cru comprendre que l'auteur souhaitait alarmer le lecteur sur les dérives du capitalisme et du libéralisme, qui mènent à la destruction des sociétés et font perdre toute valeur aux hommes. le fond est donc intéressant mais c'est dur à suivre, j'ai eu l'impression de devoir lire entre les lignes et faire mes propres recherches pour comprendre.

La forme est également sujette à débat. Alors que l'histoire semble être une fiction, elle met en scène des multinationales bien réelles et des guerres actuelles (guerre en Ukraine suite à l'invasion russe par exemple). On retrouve également des citations en début de chapitre, pas forcément en français et non traduites, dont je n'ai pas toujours fait le lien avec le récit. Il en va de même avec certains faits et notes dans le récit, où l'auteur semble vouloir nous ajouter des informations mais tout cela me semble bien confus.

Vous l'aurez compris ce ne fut pas un coup de coeur. Ce n'était pas non plus un calvaire, j'ai juste eu l'impression qu'il me manquait des éléments pour comprendre et j'aurais aimé qu'on me les donne.

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour la découverte.
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Pour mieux apprécier Terres Noires, qui nous emporte sur fond de guerre mondialisée vers différentes sortes de manipulation et de corruption il est fortement recommandé de découvrir au préalable NUITS ROUGES et MÉCANIQUE MORT.

Sébastien Raizer toujours avec une fulgurante  poésie nous entraîne entre la vie et la mort, là où la violence est à son apogée, en gardant pourtant une certaine retenue,brutale mjamais trop, juste ce qui est nécessaire pas d'étalage inutile, c'est certainement dû à son côté Zen qui l'habite depuis son installation au Japon. 

Un triptyque que je vous recommande fortement, qui aborde avec grand style, des sujets qui nous touchent et impactent nos vies de loin comme de près, tels que la crise et la guerre sans oublier les crimes qu'elles engendrent. 
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critiques presse (1)
Culturebox
06 novembre 2023
Sébastien Raizer nous propose un roman très sombre sur la destruction généralisée du Vieux monde, avec la guerre en Ukraine qui gronde au loin, comme une menace et change tous les repères.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il considéra ses chats. Un subtil mélange de profondeur et d’indifférence brillait dans leurs pupilles changeantes. Les chats profitaient de chaque crépuscule et de chaque aurore, et mourraient quand viendrait la mort. Le reste, tout le reste, était insensé et grotesque. Même la question de donner un sens à son existence dans un monde dépourvu de sens. Car la vie, ne compte que pour elle même. La seule jauge de la vie, c’est le vivant, et rien d’autre. N’est-ce-pas ?
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Et soudain, il fut saisi d’un terrible sentiment d’urgence. Tout s’écroulait dans le mensonge et l’hystérie générale, dans l’aveuglement et le désespoir, le meurtre, me suicide et la guerre. Partout.
Il ne parvenait pas à se l’expliquer de façon rationnelle, mais il savait que ce monde somnambule poursuivait son inexorable errance vers la nuit, le feu et la mort.
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Dans un sarcasme qui l’amusait, il aimait se dire que tout comme Dieu, il n’existait pas : les gens qu’il employait ignoraient travailler pour un système inédit nommé Mezzo Grigio et n’avaient jamais entendu parler de Nicola Serra ni de la ‘Ndrangheta. Toutefois, Santo orientait chacun de ces salariés vers des banques en ligne, des sociétés d’assurances, de prêt et de conseils en investissement détenues par sa famille. Il avait développé son réseau d’hommes de confiance en même temps qu’il n’avait cessé d‘étendre son influence invisible.
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En règle générale et dans votre situation particulière, le profit pour seule boussole, c’est aller droit à la mort. L’économie comme finalité et non comme moyen, c’est un suicide pur et simple. Il existe une autre voie que la paranoïa et la destruction, Allen.
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Partout où Chatov a effectué des missions, c’est la même chose. Pauvreté, ignorance et violence systémiques : les stigmates de la défaite. Le cynisme et l’humiliation, c’est cadeau, grince-t-il pour étouffer la pensée qui lui vrille les tripes : plus nous générons de pauvreté, d’ignorance et de violence ailleurs, plus ces maux se répandent chez nous, dans la Nation under God. 
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Videos de Sébastien Raizer (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sébastien Raizer
Découvrez l'entretien de Sébastien Raizer, qui raconte le processus créatif qui l'a poussé à écrire “Mécanique Mort”, son dernier roman, paru à la Série Noire. C'est depuis son pays d'adoption, le Japon, que l'auteur nous donne les grands noms qui l'ont inspiré pour inventer cette histoire singulière et glaçante. « Il y a deux grands phares qui ont guidé l'écriture de "Mécanique mort", deux sources d'énergie absolue, c'est Dostoïevski et Joy Division. Et le coeur du roman, c'est ces personnages qui sont à la recherche vitale d'une humanité authentique. » *** Résumé : Après trois ans passés en Asie, Dimitri Gallois revient à Thionville, afin de se recueillir sur les tombes de son père et de son frère pour apaiser son âme tourmentée. Mais ce retour réveille de vieilles haines et provoque un regain de violence entre des clans ennemis qui avaient conclu une paix toute relative.
Vengeance, trafic de drogue, opium de synthèse, banquier corrompu, mafia albanaise et ‘Ndrangheta, Dimitri va-t-il réussir à échapper à cette terrifiante mécanique de mort ?
*** Extraits « “Mécanique mort”, c'est une société entière en crise profonde, avec une zone grise grandissante entre légalité et illégalité, société criminelle et organisation officielle. Et pour moi, vu du Japon, “Mécanique mort” c'est la pleine vibration de ce qu'on appelle le temps présent. Ce présent à perpétuité qui produit de façon frénétique et qui ne pense absolument pas, qui est toxique et nihiliste. » . « L'histoire de Dimitri Gallois est son besoin absolu de faire la paix avec lui-même et avec son passé. »
*** Découvrez le livre https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Serie-Noire/Mecanique-mort
+ Lire la suite
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