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EAN : 9782358872850
107 pages
La manufacture de livres (13/09/2018)
2.71/5   7 notes
Résumé :
Au crépuscule, le vol MU 729 a quitté Shanghai pour rejoindre Kyoto. Mais tandis que l'appareil survole la mer de Chine, un missile balistique nord-coréen prend le Boeing 777 pour cible. L'information est transmise au pilote. Dans quelques instants, l'appareil sera détruit. Aucune échappatoire. À bord de l'avion, trois cent seize passagers vivent leurs derniers instants. Il ne leur reste que 3 minutes et 7 secondes pour savoir quel sens donner à ces ultimes moments.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
(attention, spoilers)

Le concept est génial. Des passagers d'un avion découvrent qu'ils n'ont plus que 3 minutes et 7 secondes à vivre avant d'être percutés par un missile cocomuniste. Mettre ses personnages dans de telles situations, les possibilités sont infinies. Quelles seront leurs réactions ? Quel sera le bilan porté sur leurs existences ? Jusqu'à quelle profondeur allons-nous sombrer en leur compagnie dans la folie, la fureur, le désespoir, le refus de l'injustice, la rédemption ou que sais-je d'autre ? Rien de tout ça. Ils bandent et ils programment, voilà tout. du sexe, du jeu vidéo (normal, on parle d'un vol en direction du Japon), du téton qui pointe, de la verge qui se durcit, du clavier et du fessier tapoté, pan-pan, clic-clic, cul-cul, et un peu de photographie au milieu de tout ça. L'un se persuade qu'il sera sauvé s'il gagne sa partie, l'autre se précipite de dispenser sa semance aux quatre vents.

Sébastien Raizer s'est probablement cogné la tête au compartiment à bagages quand lui est venue une super idée, mais il s'est vraisemblablement précipité pour l'écrire. Il aurait eu meilleur compte de la laisser macérer quelques temps, des années, des décennies, des siècles s'il l'avait fallu, plutôt que de mal tailler un matériau pareil. Une poignée de jolies phrases mises à part, ce court roman donne l'impression d'avoir été rédigé en mode pilotage automatique (et encore, celui d'Airplane!), ça ne manque aucune facilité, ça fonce sur toutes les évidences et finit par ressembler à un épisode Halloween des Simpson au premier degré, l'humour et le génie en moins, la surabondance de nu à la française en plus. Les personnages, introduits en amont de la catastrophe, n'ont aucune personnalité, aucune âme, aucun coeur, aucun humour, aucun rien, ce sont juste des amas de pulsions aussi excitants à voir réagir qu'un moteur de lave-linge passé à l'ampèremètre, et ne sont pas plus attachants qu'un mannequin en plastique mal habillé du duty free. Ce sont des coquilles sans perles, des huîtres sans huître, des fous sans folie. Ouvrir ce livre m'a fait l'effet de plonger dans le bunker de Lost, déplier sa couverture m'a fait le même mal que de voir Jack Shepard descendre la mystérieuse échelle, son contenu m'a autant déçu que son enrobage me causait de phantasmes, je pleure encore qu'il fallait y appuyer sur un bouton toutes les 108 minutes. Même 3 minutes et 7 secondes, c'est de trop. Plus je lisais, et plus je suppliais le missile d'accélérer et de faire boum au plus vite. Je le remerciais à la fin.
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Sébastien Raizer s'est fait connaître du plus grand public par sa trilogie des Equinoxes, oeuvre imposante, impressionnante et très exigeante. Aussi après lecture, est-il curieux de de le voir rompre le silence, rejoindre les rivages occidentaux, les étals des librairies françaises avec uniquement une novella.

Ceci dit, “ 3 minutes 7 secondes” prolonge cette réflexion personnelle lue précédemment, alimentée par un souffle oriental qu'il respire maintenant tous les jours. Si vous ne connaissez pas Sébastien Raizer, le propos, plus facilement abordable ici, sera certainement une belle manière d'entrer dans l'univers complexe de l'auteur tandis que les aficionados retrouveront certaines thématiques, évolueront dans une certaine paramnésie douce.

“Au crépuscule, le vol MU 729 a quitté Shanghai pour rejoindre Kyoto. Mais tandis que l'appareil survole la mer de Chine, un missile balistique nord-coréen prend le Boeing 777 pour cible. L'information est transmise au pilote. Dans quelques instants, l'appareil sera détruit. Aucune échappatoire.
À bord de l'avion, trois cent seize passagers vivent leurs derniers instants. Il ne leur reste que 3 minutes et 7 secondes pour savoir quel sens donner à ces ultimes moments.”

Le commandant de bord, son second, des membres du personnel navigant, un photographe hollandais, un jeune Américain, les protagonistes de cette “chronique d'un mort annoncée”. Trois minutes et 7 secondes avant le chaos, le néant .

Plusieurs destins confrontés à la fin, la manière de chacun d'aborder cette issue fatale… On est très loin d'un roman catastrophe. Dans cet avion, les personnes ne sont plus sur Terre mais ne sont pas mortes non plus. C'est ce passage vers le néant, cet état instable et hautement déstabilisant qui est raconté: les considérations de chacun, les souvenirs, les regrets, les ultimes désirs pour quitter la vie parfois très antagonistes, les cruelles terribles dernières trahisons. C'est du grand art, puissamment troublant !
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Le vol MU 729 a quitté Shanghai pour rejoindre Kyoto. le vol va entrer en collision avec un missile balistique nord-coréen. A l'intérieur, le personnel naviguant et les passagers. Il ne leur reste que 3 minutes et 7 secondes pour donner un sens à ces derniers instants.
Sebastien signe un court roman original. Anticonformiste. Une nouvelle fois, comme par le passé avec sa trilogie des Équinoxes, du hasard, nait l'alignement parfait. Celui de plusieurs facteurs, un retard au décollage, un typhon qui s'approche de la côté japonaise, un commandant de bord qui change sa route pour conserver son avancement et un missile. Pourtant rien n'est du au hasard. Comme le commandant de bord qui porte le véritable prénom de Mishima, Hiraoka.
Le lecteur est jeté dans un ralenti. Comme le vivent les personnages, le commandant de bord, Nomura, son second, Sagawa, et le personnel naviguant (2 stewards et 2 hôtesses) et 2 passagers, Glenn Wang, concepteur de jeux vidéo, et Yan van Welde, photographe professionnel, chaque voyage est d'abord un voyage en soi.
Dans ces derniers moments, l'acuité et la folie semblent éliminer les frontières. Chaque personnage interprète des sentiments qui lui sont propres. L'un voudra voir l'amour brut, l'autre puisera son équilibre dans la réalité virtuelle, un autre regrettera que personne ne pourra lire les notes qui auraient dues accompagner ses images et un autre y trouvera l'occasion de célébrer ce qui est à ses yeux le sacrifice suprême. En cela, durant ces 3 minutes fatidiques, ils ne jouent d'aucune panique. Pourtant, cette carlingue du Boeing devient le lieu d'un huis-clos parfait, où se mêle avec virtuosité la peur et la colère, les regrets et le déni. 3 minutes 7 secondes, pourrait être une tragédie tant ce court roman ramènent les personnages à leur racines, à ce qu'ils sont au plus profond d'eux-mêmes. Mais c'est bien plus. de l'obscurité nait la lumière.
Sebastien, en une centaine de pages, pose savamment ses mots, comme un archétype parfaitement codifié de la philosophie Zen. C'est captivant.
Naître un instant T. Mourir à un instant T + x. Entre les deux, vivre. C'est aussi simple que cela. On accepte comme allant de soi le premier événement tandis qu'on nie de toutes nos forces le second. Toute l'incapacité de vivre vient de là. Vivre, c'est d'abord accepter de mourir. 3mn, 7s. le temps n'a d'importance que ce que l'on en fait.

Lien : https://nigrafolia.fr
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L'idée de départ était plutôt prometteuse, restait à savoir comment Sébastien Raizer allait l'exploiter. La solution de « facilité » eut été de tout miser sur le scénario catastrophe, l'auteur a opté pour une approche plus humaine et plus intimiste (voire introspectif).

C'est d'abord le commandant de bord, Nomura, qui apprendra la terrible nouvelle. Suivront son second, Sagawa, et le personnel naviguant (deux stewards et deux hôtesses).

Un passager, Glenn Wang, concepteur de jeux vidéo, apprendra à son tour la nouvelle un peu par hasard. Quant à Yan van Welde, photographe professionnel, il ne saura jamais si la menace était bien réelle ou s'il s'agissait d'une mauvaise blague.

C'est autour de ces quelques personnages que Sébastien Raizer va construire son récit (difficile de parler d'intrigue dans le cas présent) en nous plongeant dans leurs pensées et leurs réflexions alors qu'ils vivent leurs derniers instants. Malheureusement j'ai trouvé que l'ensemble de ces introspections sonnaient trop artificiels.

Une approche osée que l'auteur maîtrise parfaitement. Par contre cette approche se fait au détriment du rythme, l'écriture est belle, mais l'encéphalogramme reste désespérément plat de la première à la dernière page.

Un bel exercice de style, mais j'aurai aimé un récit plus vivant.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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L'idée principale, le sentiment que la vie n'est pas éternelle, et que l'on n'est pas maître de son destin, était bien trouvée, et présentée de façon originale.
Mais, et c'est là que tout s'affaisse, le sentiment d'embrouillaminis fait surface et emporte tout sur son passage.
Nul besoin d'un missile pour plonger l'histoire au fond d'un gouffre.
Le lecteur decroche de lui-même et utilise son parachute personnel pour éviter le naufrage.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
18 h 33.

Aéroport de Shanghai Pu Dong.

Deux heures vingt, moins quinze minutes.

Le visage de Nomura était fermé et pourtant une grande résolution se lisait dans son attitude impassible. Le silence qu’il imposait dans la cabine de pilotage renforçait sa détermination, seconde après seconde.

Seize minutes.

Dix-sept minutes de retard.

Lorsqu’il focalisait toute l’attention, le temps devenait physiquement palpable, quasiment doué de pouvoirs constricteurs. C’était un piège contre lequel il était difficile de se prémunir, sauf à s’abstraire du monde ou à tenter de se leurrer en s’attelant à des tâches inutiles. Nomura en avait l’habitude.

Au départ de Shanghai ou de Beijing, il n’était pas rare que les choses s’engagent de travers. Ce soir, ce n’était pas à cause des conditions météo, ni d’un engorgement des pistes provoqué par une succession de retards, mais à cause d’un problème de logistique concernant le transfert des bagages. Pour finir, l’avion était resté bloqué sur le tarmac durant près de trente minutes.

Nomura avait imperceptiblement pincé les lèvres avant de vérifier la liste des contrôles effectués pour obtenir l’autorisation de vol. Dans la foulée, il passa en revue l’équipage et le personnel navigant. Uniquement des employés japonais, constata-t-il. Les choses rentreraient dans l’ordre. En outre, les courants aériens étaient favorables. Le vol MU 729 rattraperait son retard, quitte à brûler plus de carburant que prévu et à perdre quelques points de notation interne. Ce n’était pas un défi. C’était une profession de foi confinant à la certitude, comme si la volonté du commandant avait déjà modifié le futur proche. Le MU 729 se poserait à l’heure à Ōsaka.

Deux heures vingt, moins dix-neuf minutes, avait de nouveau compté Nomura.

Il se tourna vers le siège de droite et adressa un léger hochement de tête à l’officier pilote. Même si ce dernier avait accès à toutes les commandes de vol, Nomura choisissait systématiquement le siège de gauche : le sens de l’écriture, mais surtout le côté où l’on portait le katana.
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Naître à un instant T. Mourir à un instant T + x. Entre les deux, vivre. C’est aussi simple que cela. On accepte comme allant de soi le premier événement tandis qu’on nie de toutes ses forces le second. Toute l’incapacité à vivre vient de là. Vivre, c’est d’abord accepter de mourir.
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Les Chinois le prenaient pour un Chinois et, sans doute à cause de la finesse de ses traits, les Japonais, pour un Japonais. Mais Glenn ne parlait qu’anglais. Il avait souvent le sentiment, en fin de compte, de n’appartenir à aucun de ces trois pays, de posséder une nationalité et une identité si fragmentées qu’elles n’en composaient véritablement aucune. Parfois, il voyait cela comme un avantage. Une bizarre injonction à se renouveler sans cesse. Cela stimulait sans doute sa créativité. D’autres fois, n’être personne en particulier, sinon un individu non identifiable, lui donnait l’impression de ne pas exister du tout, d’être une illusion de lui-même.
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Le plus furtif de ses regards, la moindre de ses paroles lui assuraient des heures, sinon des jours de délectation amoureuse.
Alors Yakichi s'était lentement tourné vers elle pour lui adresser un tendre sourire, plein d’humanité et d'émotions.
"Misa, tu es particulièrement jolie aujourd'hui", lui murmura-t-il, juste un ton au-dessus des vrombissements des réacteurs et du ronronnement de l'air conditionné.
Elle en eut presque le souffle coupé. Quant à Yakichi, son propre sadisme le répugnait et le ravissait tout à la fois.
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Il avait croisé toutes sortes de tribus, celles qui vivaient dans des quartiers ultrasécurisés et militarisés, et celles qui mouraient sous des cartons et dans des décharges, celles qui se déployaient dans des zones de non-droit et celles qui habitaient dans la jungle, dans des déserts urbains ou des déserts minéraux. Des dizaines de langues, des centaines de rencontres. Toujours le même soleil. Il avait pris des milliers de photos. Et rempli plusieurs carnets de notes.
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Vidéo de Sébastien Raizer
Découvrez l'entretien de Sébastien Raizer, qui raconte le processus créatif qui l'a poussé à écrire “Mécanique Mort”, son dernier roman, paru à la Série Noire. C'est depuis son pays d'adoption, le Japon, que l'auteur nous donne les grands noms qui l'ont inspiré pour inventer cette histoire singulière et glaçante. « Il y a deux grands phares qui ont guidé l'écriture de "Mécanique mort", deux sources d'énergie absolue, c'est Dostoïevski et Joy Division. Et le coeur du roman, c'est ces personnages qui sont à la recherche vitale d'une humanité authentique. » *** Résumé : Après trois ans passés en Asie, Dimitri Gallois revient à Thionville, afin de se recueillir sur les tombes de son père et de son frère pour apaiser son âme tourmentée. Mais ce retour réveille de vieilles haines et provoque un regain de violence entre des clans ennemis qui avaient conclu une paix toute relative.
Vengeance, trafic de drogue, opium de synthèse, banquier corrompu, mafia albanaise et ‘Ndrangheta, Dimitri va-t-il réussir à échapper à cette terrifiante mécanique de mort ?
*** Extraits « “Mécanique mort”, c'est une société entière en crise profonde, avec une zone grise grandissante entre légalité et illégalité, société criminelle et organisation officielle. Et pour moi, vu du Japon, “Mécanique mort” c'est la pleine vibration de ce qu'on appelle le temps présent. Ce présent à perpétuité qui produit de façon frénétique et qui ne pense absolument pas, qui est toxique et nihiliste. » . « L'histoire de Dimitri Gallois est son besoin absolu de faire la paix avec lui-même et avec son passé. »
*** Découvrez le livre https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Serie-Noire/Mecanique-mort
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