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EAN : 9782072872860
288 pages
Gallimard (08/10/2020)
3.71/5   29 notes
Résumé :
Dans la vallée post-industrielle du nord-est de la France, les travaux d'arasement du crassier mettent au jour un cadavre momifié depuis 1979, année de l'explosion des violences qui furent le point d'orgue du sacrifice de cette région sidérurgique. Il s'agit du père de deux frères jumeaux qui avaient 9 ans lorsqu'il a disparu. On leur a laissé croire qu'il les avait abandonnés. Brouillés depuis des années, tout les oppose : Dimitri est un paumé trempant vaguement da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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"C'est un roman rouge, clairement, parce que les gueuloirs de Lorraine crachaient du métal incandescent, parce que la contestation sociale à l'époque des derniers combats sidérurgiques de la fin des années 1970 était armée de drapeaux rouges, parce qu'aujourd'hui les héritiers (genre barrés de la caisse, il faut bien le dire) des héros vaincus de la classe ouvrière ont des idées de meurtres sanglants et ils les mettent à exécution avec une certaine facilité, voire une sorte de désinvolture, l'abus des drogues modernes y étant pour quelque chose. (...)
Avec ce huitième roman, Sébastien Raizer retourne à ses terres d'enfance pour situer le cadre de son récit, alors qu'il vit au Japon depuis 2014. Ça se passe à Thionville, avec un commissaire adjoint novice et déraciné, un lieutenant étrange qui fait peur à ses collègues et qui se charge d'éduquer l'adjoint, l'ambiance est glauque et poisseuse en cet été caniculaire, tout le monde sue et cherche la climatisation, tout le monde énerve tout le monde, la violence est là, partout, dans les actes comme dans les discours. Elle se manifeste rapidement avec un dealer cloué à un mur par un carreau d'arbalète, arme terrible qui a la commodité d'être en vente libre, et l'enquête commence, devient vite compliquée parce que d'autres meurtres sont commis avec la même arme, ou presque, et si le lecteur sait qui tue qui par la magie de la multifocalisation, on n'en reste pas moins hébété par la sinuosité des motivations des uns et des autres.
L'écriture est vive, poétique parfois, crue assez souvent, elle suinte la violence et la rage qui animent ce récit. (...)
Dans ce décor désindustrialisé, où les gens vivent avec le souvenir de la gloire d'antan lorsque la sidérurgie tournait à plein régime dans la vallée des anges, lorsque les ouvriers n'avaient peur de rien parce que leur contribution à la valeur ajoutée était indispensable aux barons de l'acier, lorsque les syndicats s'enorgueillissaient de leur toute-puissance, dans ce décor postindustriel donc, la police joue parfois son rôle de gardien de l'ordre social d'une drôle de façon, et c'est ce que va découvrir Simon Keller, le commissaire adjoint. Il finit par comprendre comment ça tourne pour de vrai dans ce commissariat où le commissaire reste dans son bureau et ne prend aucune décision. Mais une fois que le mal est identifié, reste la question du traitement, et ça n'est pas simple.(...)
Tout l'art de Raizer est de faire monter la sauce à partir de ces pistes criminelles, de mêler ces histoires et d'en rajouter d'autres, de surprendre le lecteur plusieurs fois, de mêler le rêve à la réalité, les imprécations philosophiques à la crudité de la mort violente. C'est assez réussi, enlevé, bien noir et bien serré, pas toujours convaincant à force de rebondissements, mais on aime tellement les surprises qu'on ne saurait lui en vouloir.
Les Nuits rouges de Sébastien Raizer est un roman à lire, assurément."
François Muratet dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/les-..
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Sebastien Raizer est un auteur notamment connu pour avoir co-fondé les éditions musicales Camion Blanc, et leur versant Camion Noir, mais c'est également un auteur de poalr déroutant et complexe: on en veut pour preuve Sa trilogie des équinoxes qui demeure un ovni littéraire qu'il était un peu diffiicile d'appréhender et qui nous avait laissé un peu au bord de la route

Son nouveau roman, après un passage par le Japon où il a vécu quelques années , signe son grand retour dans la série noire de Gallimard et dans le polar à la française .

Son intrigue est située dans le Nord Est de la France et renvoie à la fameuse "la crise de la sidérurgie" de 1979 . Suite à la découverte macabre d un syndicaliste dont la disparition était restée mystérieuse des lors, situé dans le bassin postindustriel du nord-est de la France, un de ses fils va se confronter à ce passé enfoui pendant ces 40 années .

Les nuits rouges, âpre mais non dénué d'humour est un récit policier où le fonds social est très prégnant, à travers une enquête policière passionnante, avec des personnages abîmés, par la vie et qui touchent par leur humanité et leur sincérité .

On ressent pleinement dans ce récit trépidant une rage et une impuissance face à la fatalité qui touche les petites gens".

A découvrir sans l'ombre d'une hésitation.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Lorraine de souche, Lorraine de coeur, et même fille d'un ancien ouvrier des hauts fourneaux de Neuves Maisons, il était impossible pour moi de passer à côté de ce roman où la noirceur des crassiers envahit les pages en nous offrant presque une page d'Histoire. Car même si ce récit est une fiction, elle rends magnifiquement hommage à toute une région meurtrie et à tous ces hommes, ces gueules noires aux poumons encrassés qui ont bossé dans toutes ces usines jusqu'à leurs fermetures, laissant derrière elles des familles sur le carreau.

La colère de Dimitri, je l'ai connu même si c'est par la maladie que mon père est parti… comme tant de ses potes ouvriers.

“Ils ont tué le tissu social, la conscience de classe, la solidarité, la culture ouvrière, la notion de révolte. Ils nous ont hypnotisés par la peur jusqu'à nous faire oublier notre propre pouvoir. Il n'y a plus rien.”

Mais c'est avec classe et une certaine élégance même si elle est parfois brutale que Sébastien Raizer nous parle de la classe ouvrière à travers cette enquête criminelle habitée par une violence extrême.

Aussi complexes sont-ils, ses personnages plutôt barrés collent parfaitement à cette histoire. La crise sidérurgique a laissé derrière elle des vies chargées de souffrance, envahies par le désespoir alors pas étonnant que la came surgisse dans le paysage, et amène une nouvelle forme de violence que ce soit du côté des consommateurs que des vendeurs. La douleur face au profit, une histoire sans fin, un éternellement recommencement.

Ceux qui ne connaissent pas cette région, seront un peu comme ce flic, Keller, fraîchement débarqué et poseront à leur tour un regard sur cette endroit avec une terrible envie de remettre à sa place ce flic véreux, cette face de rat, tout en ayant une profonde empathie pour ces deux frères, notamment Dimitri ce révolté qui a déjà trop souffert.

Sébastien Raizer nous offre un récit d'une force incroyable où la violence explose tel le métal hurlant sa colère dans les nuits rouges de l'Est de la France.

Bien évidemment la fille de l'est a apprécié et remercie humblement l'auteur pour ce récit terriblement brillant qui lui a permis de replonger dans ses souvenirs auprès de ses chers disparus, réveillant quelque peu la colère qui sommeille en elle…

Chronique complète sur mon blog Dealerdeligne sur WordPress via le lien ci-dessous
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En apprenant que, quarante ans après sa disparition, le cadavre momifié de son père vient d'être découvert dans le crassier de l'usine sidérurgique locale de Thionville, Dimitri le junkie est pétrifié de douleur. Depuis son enfance, il était persuadé que son père s'était enfui avec sa maîtresse alors qu'il avait été assassiné en pleine révolte des ouvriers qui se battaient pour ne pas perdre leur emploi.
Pour mener son enquête, il doit d'abord de se désintoxiquer et il tue son dealer. Ce crime met un violent coup de pied dans une fourmilière locale pourtant bien huilée puisque placée sous la protection de Faas, un flic albinos complètement déjanté. Puis Dimitri passe au peigne fin tous les documents d'époque et suit une piste syndicale.
Récemment arrivé dans cette petite ville rongée par la crise, le commissaire-adjoint Keller peine à trouver ses marques, perturbé par l‘attitude de l'incontrôlable albinos qui semble régner en maître absolu sur la ville. Il sait qu'il doit reprendre la main sur son subordonné mais ne trouve pas la faille.
Sébastien Raizer a particulièrement bien soigné son personnage de flic psychopathe qui sème la terreur jusque dans les rangs de la police et laisse derrière lui les cadavres de ceux qui le gênent. En toile de fond de cette intrigue criminelle sanglante, on trouve la crise de la sidérurgie à la fin des années soixante-dix avec « le démantèlement industriel, les familles broyées, les vies désagrégées, la souffrance et le désespoir ». Un vrai bon roman noir à la française fondé sur une terrible casse sociale dont les effets sont encore sensibles aujourd'hui.

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Ce livre m'a laissé un peu pantois, et n'ayant pas la fibre sidérurgique...
J'ai aimé:
* les allusions à L Histoire, plus ou moins proche, jusqu'à la crise de la sidérurgie.
* La réflexion sur la Vérité: "Qu'est pour vous la Vérité ?" vous avez trois heures, puis je ramasse les copies !
J'ai moins aimé:
* le style heurté, pas très agréable, mais qui a toutefois le mérité d'être personnel, et de coller à l'histoire..
Je n'ai pas aimé:
* "Il fait chaud"... répété ad libitum... pourquoi ?
* Les personnages, excepté Dimitri, ne sont pas attachants, particulièrement Faas, qui est même peu crédible dans son rôle de méchant extrême.
* Certains passages "philosophiques" qui sont un peu lourds.

"Puis il s'assit pour observer les méandres de la rivière. Ils figuraient le destin de toutes choses et de toutes formes de vie. Des courants, des écueils, des coudes, des zones alluvionnaires. Et une unique force qui menait le tout vers la mort. le grand tout de l'océan et du néant.
La rivière apathique qu'il avait sous les yeux était un lacet de boue, de métaux lourds, d'azote, de produits phytosanitaires et de merde, sur lequel scintillait le soleil."
Si déjà vous supportez mal le confinement, attendez pour lire ce livre, sinon vous riquez de finir pendu (e), sous un train, dans un fleuve, ou dans la mer... Il n'est pas d'un optimisme rayonnant.

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critiques presse (1)
LeFigaro
18 décembre 2020
Un roman noir dans le bassin post-industriel du nord-est de la France où un tueur règle ses comptes au pistolet-arbalète.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les nuits étaient rouges comme l’acier en fusion qui éclairait de l’intérieur les carcasses noires des hauts-fourneaux.
Martèlements, sifflements, hurlements industriels dans son crâne. Les nuits étaient rouges des fusées éclairantes brandies au sommet du crassier, qui illuminaient les visages charbonneux de la colère et du désespoir, les yeux luisants de l’angoisse.
L’odeur de poudre, de sulfures et de méthane lui prenait la gorge, il aurait fallu boire quelque chose, maîtriser ces tremblements.
Les nuits étaient rouges des incendies allumés sur l’autoroute. Les cornes de brume étouffaient le vacarme des hélicoptères dont les carapaces d’acier brillaient sous la lumière de la lune. Les gyrophares de la police et des ambulances étaient tenus à distance par des fusils de chasse et des lances-pierres. Les gaz lacrymogènes formaient une brume sanguine qui dansait autour des fumées noires et orange des pneus de tracteurs et de semi-remorques en feu.
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"Ils ont tué le tissu social, la conscience de classe, la solidarité, la culture ouvrière, la notion de révolte. Ils nous ont hypnotisés par la peur jusqu’à nous faire oublier notre propre pouvoir. Il n’y a plus rien.”
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Keller l'avait recadré dès le début, poliment et inutilement. Il fallait passer aux choses sérieuses et ce déjeuner provoqué par Faas en était l'occasion - d'autant que l'albinos lui-même semblait désireux de monter d'un cran dans ce rapport de force.
"Hé, lèche ce bout de poiscaille tout lisse en matant la serveuse, dit Faas. Sérieux, ça te fait penser à quoi ?"
Keller arqua les sourcils et se dit que finalement, les choses étaient peut-être bien plus simples qu'il ne l'imaginait : Faas était tout bonnement con comme un cintre, pas besoin d'aller chercher plus loin.
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Puis il s’assit pour observer les méandres de la rivière. Ils figuraient le destin de toutes choses et de toutes formes de vie. Des courants, des écueils, des coudes, des zones alluvionnaires. Et une unique force qui menait le tout vers la mort. Le grand tout de l’océan et du néant.
La rivière apathique qu’il avait sous les yeux était un lacet de boue, de métaux lourds, d’azote, de produits phytosanitaires et de merde, sur lequel scintillait le soleil.
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« Je pense, donc je sais que je vais mourir, du coup je fais n’importe quoi pour que ça ait un sens, alors que c’est impossible, ça n’a jamais de sens, ça ne peut pas avoir de sens. T’as compris quelque chose à tout ça, quand t’as cru que t’allais mourir ? » (Faas à Barbara)
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Videos de Sébastien Raizer (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sébastien Raizer
Découvrez l'entretien de Sébastien Raizer, qui raconte le processus créatif qui l'a poussé à écrire “Mécanique Mort”, son dernier roman, paru à la Série Noire. C'est depuis son pays d'adoption, le Japon, que l'auteur nous donne les grands noms qui l'ont inspiré pour inventer cette histoire singulière et glaçante. « Il y a deux grands phares qui ont guidé l'écriture de "Mécanique mort", deux sources d'énergie absolue, c'est Dostoïevski et Joy Division. Et le coeur du roman, c'est ces personnages qui sont à la recherche vitale d'une humanité authentique. » *** Résumé : Après trois ans passés en Asie, Dimitri Gallois revient à Thionville, afin de se recueillir sur les tombes de son père et de son frère pour apaiser son âme tourmentée. Mais ce retour réveille de vieilles haines et provoque un regain de violence entre des clans ennemis qui avaient conclu une paix toute relative.
Vengeance, trafic de drogue, opium de synthèse, banquier corrompu, mafia albanaise et ‘Ndrangheta, Dimitri va-t-il réussir à échapper à cette terrifiante mécanique de mort ?
*** Extraits « “Mécanique mort”, c'est une société entière en crise profonde, avec une zone grise grandissante entre légalité et illégalité, société criminelle et organisation officielle. Et pour moi, vu du Japon, “Mécanique mort” c'est la pleine vibration de ce qu'on appelle le temps présent. Ce présent à perpétuité qui produit de façon frénétique et qui ne pense absolument pas, qui est toxique et nihiliste. » . « L'histoire de Dimitri Gallois est son besoin absolu de faire la paix avec lui-même et avec son passé. »
*** Découvrez le livre https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Serie-Noire/Mecanique-mort
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