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Citations sur Il neigeait (23)

L’un deux avait gelé debout en portant des branches; il n’avait plus de doigts et on avait l’impression qu’il souriait, mais, répétait souvent le capitaine, mourir de froid n’est pas si affreux, on s’endort, voilà tout.
(Grasset, p. 303)
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Antoine Rambaud, mon arrière-arrière-grand-père, avait treize ans lorsque Napoléon campait à Moscou. Qu'en a-t-il pensé? En a-t-il pensé quelque chose? Que disait-on dans sa famille lyonnaise? Saura-t-on jamais à quoi nous avons rêvé, comment nous avons vécu, si nous aimions les chœurs cisterciens, les iris et le canard à la pékinoise ?

Saura-t-on nos fatigues, nos joies? Nos colères? Il n'en restera que quelques aveux, de la mousse. Que raconte le fémur de ce Mérovingien? Que nous évoquent ces débris de plat à barbe? Comment vivait-on dans les cavernes, le soir, après la chasse à l'auroch? Le savant s'interroge, il livre son verdict bientôt contrarié par un autre savant? Allons, nous n'entrerons jamais sous le crâne de nos ancêtres, nous parvenons à peine à connaitre leur apparence. Paul Morand le savait: "Ceux qui nous suivront seront heureux de nous imaginer tels que nous n'avons jamais été". Dans l'une de ses plaquettes jubilatoires, le Collège de pataphysique donne sa réponse: "L'imaginaire seul attire les foules vers les champs de betteraves de Waterloo." Or, l'imaginaire ne relève pas de l'Université, mais de la légende et du roman. Les mousquetaires? C'est à jamais Dumas. La jungle c'est Conrad. L'aiguille creuse d'Etretat appartient à Maurice Leblanc et la route de Trouville à Flaubert, Le brouillard de Londres, les cabs, c'est Conan Doyle ; d’ailleurs, Sherlock Holmes reçoit encore du courrier au 221b Baker Street, désormais un immeuble carré et disgracieux. L'histoire n'est pas une science exacte, elle divague, il faut la laisser aux rêveurs qui la recomposent d'instinct.
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Des paroles de son cher Sénèque lui revenaient : il faut toujours prendre les choses à la légère et les supporter avec bonne humeur ;il est plus humain de rire de la vie que d'en pleurer .
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Sébastien montrait un diamant qu'il tenait entre deux doigts. C'est tout ce qu'il possédait, ces diamants du Kremlin. Les lanciers se lissaient la moustache, doutaient, hésitaient. L'or, l'argent, les pierres précieuses, ça ne servait à rien dans ce désert glacé. L'autre jour, Sébastien avait vu un isolé, posé par terre comme un mendiant ; il cherchait à échanger un lingot contre du pain mais les gens passaient devant lui sans s'arrêter : un lingot d'argent, ça ne nourrit pas.
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-Vous joué tout les rôles? Même celui de barbier?
-Tous les rôles, mon capitaine, dit Vialatoux en se rengorgeant.
On a dit que les comédiens n'avaient aucun caractère, parce qu'en les jouant tous ils perdaient celui que la nature leur avait donné, qu'ils devenaient faux, comme le médecin, le chirurgien et le boucher deviennent durs.
Je crois qu'on a pris la cause pour l'effet, et qu'ils ne sont propres à les jouer tous que parce qu'ils n'en ont point.
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Le capitaine d'Herbigny se sentait ridicule. Enveloppé dans un manteau clair dont le rabat flottait sur les épaules, on devinait un dragon de la Garde au casque enturbanné de veau marin, crinière noire sur cimier de cuivre, mais à califourchon sur un cheval nain qu'il avait acheté en Lituanie, ce grand gaillard devait régler les étriers trop courts pour que les semelles de ses bottes ne raclent pas le sol, alors ses genoux remontaient, il grognait : « A quoi j'ressemble, crédieu ! de quoi j'ai l'air ? » Le capitaine regrettait sa jument et sa main droite. La main avait été percée par la flèche envenimée d'un cavalier bachkir, pendant une escarmouche ; le chirurgien l'avait coupée, il avait arrêté le sang avec du coton de bouleau puisqu'on manquait de charpie, pansé avec du papier d'archives à défaut de linge. Sa jument, elle, avait gonflé à force de manger du seigle vert trempé de pluie : la pauvre s'était mise à trembler, elle tenait à peine debout ; quand elle trébucha dans une ravine, d'Herbigny s'était résigné à l'abattre d'une balle de pistolet dans l'oreille (il en avait pleuré).
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Les traîneurs, cavaliers démontés aux bottes entourées de chiffons, voltigeurs, hussards fagotés comme des épouvantails, portaient des barbes touffues où les flocons se fixaient. La nuit, ils volaient des chevaux qu'ils montaient avec l'idée de les dévorer plus tard. Si une voiture cassait une roue, ils la flambaient, se disposaient en cercle sous des bâches et des couvertures; ces tentes s'alourdissaient de neige. Madame Aurore possédait une casserole. Elle en devenait précieuse. Au réveil, sortie de sa tente, elle chercha un cheval valide, en repéra plusieurs, attachés à un bosquet. Leurs propriétaires ne la voient pas venir, ils tournent le dos, les visages exposés au feu de leur bivouac. Madame Aurore prend son canif, l'insinue entre les côtes de l'un des animaux, doucement elle entaille la chair et recueille le sang dans son récipient en fer-blanc. Sur les dernières braises d'un fourgon dépiauté qui les a réchauffés cette nuit, elle fait cuire le sang et offre ce boudin, quelques bouchées à chacun.
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Il n'aimait pas les hommes mais le pouvoir, en artiste, à la façon d'un musicien son violon ; c'était un exercice d'absolue solitude et de méfiance.
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-Lorsqu'on considère d'avance tout ce qui peut arriver comme devant arriver, cela amortit toujours le choc du malheur.
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Pour montrer sa satisfaction, l'Empereur vous tirait l'oreille à la décrocher, ou bien il vous appliquait une gifle de toutes ses forces. Sébastien eut la joie de recevoir les cinq doigts impériaux sur la joue, ce qui valait une décoration.
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