Sous l'orchestre des astres
PORTRAIT
Extrait 1/2
Dentelle du silence cette architecture
Entre les notes éparses les voix
Cette musique muette.
Cet autre que je suis… si c'était moi si j'étais
Ma propre mesure et si le temps était mon espace
Clos improbable inexpliqué.
J'ai senti monté en moi la pensée
Du miroir cette image étrange et fidèle
Et ses façons de vivre jusqu'à en mourir….
p.10
Il y a d’imprudentes randonnées
Des fenêtres toujours closes des terrasses
D’où l’on perçoit au loin la mer on y voyage
La nuit tombée.
Les lointains sont en nous il suffit d’oublier
Immenses et paisibles les rideaux du temps
Les tambours sauvages les trop vieilles guitares
Il suffit d’ouvrir cette porte en soi pour entrevoir
Nos lieux-dits nos secrets sentiers et toute chose
Soudain est là bien à sa place les pas étaient donc
D’avance ici tracés les tilleuls en juillet nos villages
Les fenêtres à grille qui donnent sur les prés
VOYAGEURS
extrait :
Qu'êtes-vous donc venus chercher ici où
Chacun se perd
Prêtant l'oreille au désert des autres
Voyageurs de tant d'années
Et chacun va chacun s'en va avec
Son petit panache de fumée
Sous l'orchestre des astres
NUIT
Extrait 1/2
Tu fouilles la nuit avec une lanterne pâle
La terre se fissure le gravier craque
Un rat trottine entre les tombes
Ici repose ma poussière future
Ici on marche au ralenti
J'y suis j'y suis déjà
Mon autre monde s'appelle " dormir "
Pauvre vie enclose en pur espace
Qui habite donc là Ici repose une voix
Qui se fige offerte aux mouches…
p.14
LA MÈCHE
La mémoire est l'instrument initial
En proie à quelque inusable passion
Aux travaux des lieux pleins de fraîcheur
Habités par un rêve inabouti.
Maison basse il y manque quelques tuiles
Il y reste des vêtements pâles et toutes sortes d'albums
Des portraits décomposés des miroirs
Que mange la rouille des eaux fuyantes.
J'y suis, j'y suis toujours Comme dans une île déserte
Après un naufrage On y entend quelquefois
De murmurantes sirènes dans l'impatience de l'aube
Des appels étouffés à demi un cœur qui bat.
Brusquement il arrive qu'on allume une lampe
On avait cru voir passer une ombre une ombre bleue
Et chère et peut-être pourrait-on reconstruire
Un monde avec la petite musique
D’une mèche de cheveux
ILS BRUISSENT, LES ARBRES…
Ils bruissent, les arbres ce sont crécelles
De feuillages et d'écorces vives.
Et quelquefois cela crépité comme un brasier.
Ici reposent les dieux assis sur les gradins
Ensanglantés des monts tout éclaboussés
De mouches de rossignols et d'écharpes.
C'est une ronde sans fin un petit vent
Qu'on entend pas une plainte un gémissement.
Érables en pantalons frênes ormes et rouvres
Ils échangent quelquefois casques et bonnets
Tout badigeonnés de pourpre Et les colchiques
Bleuissent dans les prairies proches
Un horizon de chair peinte s'ouvre
Avec des élégances de vieilles dames
Promises aux solitudes d'octobre.
p.24
Cent mille étoiles nous font signe.
VISAGE PUR (extrait, p. 18)
Très proche quelqu’un vous aurait appelée ou de très loin
Dans les solitudes d’automne et les patrouilles du crépuscule
Depuis ce lieu où s’effacent les brumes et il n’y a
Plus rien que le visage pur de l’Amour.
AVEC LES MOTS (p. 90)
Avec les mots tu ouvres la voie aux migrations
Et c’est un surgissement d’hirondelles de sources
Vives de ronces de mousses de corolles