IMPALPABLE
Impalpable comme
Un vol de martinets entre les toits
Comme l'éclat des voix
Ou le miracle d'une source
Impalpable comme l'accent du secret.
Et la chronique des Heures disparues
La scintillation des chansons anciennes
Impalpable comme l'horizon du temps
Dans la brume d'une enfance
Au carrefour des échos.
Impalpable comme ce rideau de pluie
Et le balbutiement des agonies
Comme le ciel qui tombe en ruine
Et l'étonnement des blanchisseuses
Et la poussière du souvenir.
Toutes les musiques sont douloureuses
Même la quête éperdue du silence.
La cour aux tilleuls
Exploration
De pas s’éloignent comme
Des lumières dans ma nuit.
Voici que s’ouvre
La porte des mots
Ce sont des façons de voyage
Au plus profond de soi
Pour remonter le temps
Jusqu’au château des contes
Où personnes
Ne viendra plus.
Sauf vous qui m’êtes proche
Au vaste champ des chimères
Ce minuit nu
Comme la voix.
p.48
"PORTRAIT D'UNE OMBRE"
Il pleut de l'ombre. Elle déborde.
C'est une vague, une épaisse bouffée
De noir une haute brassée de silence.
Elle ne pleure ni ne rit cette ombre
Penchée sur moi et qui plonge
Au profond de l'être Sa douceur m'étreint
M'envahit C'est un dire muet
Une présence impérieuse une phrase
Imprévisible et qui cherche une fin.
Aucun bruit aucun froissement.
C'est une écorce énigmatique une peau
Très douce un élan souverain, simple
Affirmation de présence. Mais soudain furtive
Elle s'abîme dans sa propre disparition.
Poussières d’étoiles
Tout s’est passé là-bas à hauteur d’arbres
Les années fuyaient en tout sens
Le temps nous avait oubliés.
Il aurait suffi d’un seul regard
Et le mot à mot du crépuscule
Aurait tinté à nos oreilles.
Nous aurions eu l’âme pleine d’oiseaux sauvages
Et de falaises
De villages de sentiers.
Il y a tant de choses que nous ne savions pas
Il aurait suffi d’écouter en soi
Le dialogue de l’aube et des voix.
Et cette musique des appels nocturnes
Le parler des feuillages des cuivres et des automnes.
Nous n’étions rien que poussières d’étoiles
Rien de plus que cela
La neige du temps
RÉSURRECTION
extrait 2
Nous connaîtrons des ruissellements d’aristoloches
[…]
Des cristallisations de volubilis des lectures d’eau morte
Entre estampes et caprices désastres et triomphes
Et les oiseaux qui s’évaporent sous le soleil
Des effondrements de ciels profonds et soudain
Habitables En attendant le colloque des traces
Des coulures les semis des étincelles
Enfin les plus hautes tours Il y aura des matinées
Heureuses au fil des rivières nous saluerons
La patience des heures les dernières glaces
La musique sinueuse des labours et la germination
Enfin d’un éternel sommeil
"BUCOLIQUE"
Flammes et cendres braises
Sous les pains qui croustillent
Une porte ouverte le volet qui bat :
Maison parmi glaïeuls et fougères.
Toit moussu nuage des lichens
Vieux murs brouillon de lianes
La lumière frappe à la volée
La fleur des vitres qui se fane.
Et l'on entend de très vieux airs
C'était hier ou autrefois
Résonances des ombres des antiennes
Rideau des glycines et des voix.
C'est le miroir du temps qui passe
L'interminable mélodie
Des heures et des jours noués à l'espace
Des fines étoiles de la nuit.
De tout cela qui n'est que songe
C'est la poussière qui perdure
L'ensorcellement du mensonge
Le grand orchestre des aventures.
Sous l'orchestre des astres
DANS LA BROUSSAILLE DES MOTS…
Extrait 2/2
…Qu'avons-nous fait de toutes ces voix
De cendre et de rose obscure
Elles qui touchaient à peine terre
Comme l'eau vive et comme une flamme
Qu'avez-vous fait de vous-même
Ce frisson impalpable des feuilles
Ce plain-chant des humaines chimères
Cette fumée ce désert.
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Sous l'orchestre des astres
DANS LA BROUSSAILLE DES MOTS…
Extrait 1/2
Dans la broussaille des mots
Nous sommes d'étranges voyeurs
Tout empoissés de brume
De chiffres de griffures et de froid
Nos façons d'aveugles sont de patiente
Et d'inégale mesure
Ici quand le rideau tombe
C'est tout le théâtre intérieur qui se vide
La mémoire est en écharpe et s'use…
p.12
Sous l'orchestre des astres
PORTRAIT
Extrait 2/2
…Se pourrait-il que je ne sois qu'une ombre
Cette fumée qui s'échappe criblée de pluie
Et de lumière.
Ce désordre qui cherche à me ressembler
De l'une à l'autre face ce tumulte des lignes et des mots
Cette grimace.
Ou ce nom désappris ces pages déchirées
Et peut-être dans les marges de ma vie
Le visiteur oublié d'une imaginaire nuit.
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Sous l'orchestre des astres
NUIT
Extrait 2/2
…Me voici bouche ouverte à la nuit secourable
À la nuit qui ne pense pas idole obscure
Et si proche si tendrement mienne
Nuit qui ne tremble et ne remue
Nuit terrestre et qui s'enfle de vent
Comme les hautes vagues de l'océan
Attendez je vous montre ma nuit
Sans bouche et sans regard
Ma nuit blanche et noire Nuit géante
Et suave immensément
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