Venise, début XVIIIème siècle.
Le grand feu, c'est celui qui dévore et enfièvre le coeur d'une jeune vénitienne.
« Elle se demande si Venise est une ville d'eau parce que justement tout s'y enflamme. L'instant d'après, elle se laisse porter par la phrase suspendue du violon ».
Ilaria entre dans le monde de la musique dès l'âge de 3 mois lorsque ses parents la confient à La Pietà, l'institution renommée de Venise accueillant des orphelines et des filles de riches familles.
Elles y reçoivent une éducation rigoureuse, solennelle, et un enseignement musical de qualité.
Parmi ses professeurs, le maestro
Antonio Vivaldi.
La renommée et l'excellence du choeur et des musiciennes de la Pietà dépassaient les frontières de la Sérénissime à l'époque.
Des concerts prestigieux étaient donnés à la Pietà, les interprètes cachées derrière les grilles de la tribune en marbre d'où s'élevait la voix des anges…
Jeune fille, Ilaria va vibrer de passion pour la musique qui la dévore de son feu.
Ce grand feu c'est la passion incandescente chez Ilaria, en proie aux flammes dévorantes d'un feu intérieur pour la musique, et, c'est aussi l'ardeur naissante et flamboyante chez deux jeunes gens sous l'étreinte du feu passionnel, pris dans le tourbillon des émois amoureux.
L'autrice, également violoniste, raconte ce grand feu dans un style poétique et musical.
Avec émotion et ferveur elle évoque ce corps à corps avec l'instrument, cette fusion magique, complicité unique, fruit d'un travail acharné. On lit aussi dans ce roman l'amour et l'amitié, le désir, le renoncement, l'engagement.
On y lit la puissance et la profondeur de la musique et de la passion amoureuse juvénile, aussi la vie des familles dans la République et une immersion à la Pietà, pour un drame romanesque, en gondoles à Venise dans des temps passés.
Lumineux et féminin, sensuel et tragique.
J'aime les romans de Léonor de Récondo lus jusqu'à présent, j'apprécie son style d'écriture et les thèmes choisis.
Certaines choses dans ce roman auraient pu être plus approfondies et éveillent donc quelques bémols quant à mon ressenti pour être tout à fait conquise. J'y ai compris que l'autrice tenait à conserver la fulgurance dans les émotions des personnages sans vraiment s'étendre, une brièveté me semblant parfois frustrante. Mais dans l'ensemble, ce roman m'a plu.
S'agissant de la Pietà et d'
Antonio Vivaldi, commençant ma lecture j'ai pensé à «
Stabat Mater » de
Tiziano Scarpa, dans un style et une atmosphère tout à fait différents, poétique aussi mais plus sombre et douloureux.