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Critique de Cancie


Magdalena, la quarantaine, comédienne de talent, s'apprête à reprendre une nouvelle fois sur scène Antigone de Sophocle, pièce programmée pour l'été à Avignon quand elle reçoit un appel de son agent : Magda, on a retrouvé ta mère.
Pour Magda, le château construit depuis l'enfance est emporté ; elle n'hésite pas et part aussitôt vers l'adresse indiquée, une maison éclusière à Calonges, dans le Lot-et-Garonne.
Trente ans se sont écoulés depuis ce jour où son père Isidore lui a dit : maman est partie. Certes sa mère Apollonia était fatiguée, et passait la plupart de ses journées allongée et Isidore avait dû demander à ses parents de les accueillir, n'arrivant plus à tout gérer, à s'occuper de Magdalena et d'Apollonia.
Mais les semaines qui vont suivre ce départ sont plombées de silence et Magdalena n'obtient aucune réponse à toutes les questions qu'elle pose et repose à son père et à ses grands-parents. Elle n'arrive pas à savoir où sa mère est partie et quand elle reviendra, si ce n'est qu'elle est partie se reposer chez des professionnels !
Magdalena a longtemps cru qu'elle retrouverait sa mère au retour de ses cours, a espéré un appel le jour de son anniversaire, mais en vain… Aussi, a-t-elle dû se passer d'elle, obligée de respirer sans elle et a pensé qu'elle était morte, que ce n'était pas possible autrement.
Les années passent et c'est Antigone qui l'a sauvée dit-elle. « Antigone est devenue son amie, son autre. Celle espérée qui comprend tout, prend tout, ne se sépare jamais, n'abandonne pas, n'y pense même pas ».
Ces pensées, ces années passées à attendre, ces années perdues à errer à la quête d'un amour qui viendrait combler le vide béant resurgissent dans la tête de Magdalena lors de son trajet en train à la rencontre de cette mère retrouvée, et la question se pose de savoir comment elle va pouvoir mettre son coeur à nu.
Léonor de Récondo développe avec beaucoup de délicatesse la manière dont Magdalena va peu à peu avec patience retisser des liens avec cette mère devenue clocharde et qui dans un premier temps restera totalement prostrée. Les regards et les gestes, les chuchotements et les caresses vont graduellement combler ces années d'absence pour finalement dévoiler un secret tacitement transmis et renouer ce lien rompu.
Beaucoup de sensualité, de tendresse accompagnent Revenir à toi, ce récit de deux enfances peuplées d'absences et certains passages n'ont pas été sans m'évoquer le roman de Christophe Perruchas, Revenir fils, notamment le très beau moment où Magdalena fait la toilette de sa mère.
Si le doute de possibles retrouvailles avec sa mère s'insinue parfois dans l'esprit de Magdalena, sa persévérance finira par l'emporter et lui permettra non seulement une magnifique réconciliation avec Apollonia mais également avec elle-même. C'est ce long et double cheminement que l'auteure a su faire vivre avec moult émotions tout au long de ce roman. En effet, la joie, la peur, la résignation, la colère, l'espoir sont autant de sentiments qui vont traverser l'esprit de Magdalena.
J'aurais aimé peut-être, avoir davantage d'explications sur le passé d'Apollonia mais la concision du roman et les chapitres courts sont aussi les forces de ce roman dans lequel on entre presque comme dans un moment suspendu.
L'auteure m'a embarquée avec virtuosité avec son héroïne, avec laquelle j'ai affronté tous les tourments qui la traversaient avant ce merveilleux moment d'apaisement.
J'ai particulièrement apprécié cet hommage que rend Léonor de Récondo à la scène, au théâtre et aux grands mythes littéraires qui peuvent façonner les êtres et se révéler salvateurs.
Revenir à toi, deuxième roman de Léonor de Récondo que je lis, après Manifesto, convie le lecteur à une belle histoire de réconciliation ainsi qu'à une réflexion sur l'amour, l'abandon, la maternité et le poids du passé.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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