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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'année 1936 sonne le glas de la démocratie en Espagne, la rumeur de la guerre civile accompagnée de son cortège de violences et d'exactions conduit Ama et les siens à fuir précipitamment le Pays Basque pour gagner Hendaye.
Condamnée à l'exil, cette famille espagnole plutôt aisée doit réapprendre à vivre dans un pays étranger. Les gestes du quotidien sont embarrassés, ils découvrent le sentiment de dénuement, l'incertitude, la gravité, l'angoisse du lendemain et parfois la lassitude. L'exil est synonyme de douleur silencieuse, finies la douceur de vivre et l'insouciance.
Lestée du poids de l'espoir du retour et des souvenirs, cette famille est dotée malgré tout d'une conviction chevillée au corps qui les ressource : l'amour qui les unit…

Si Leonor de Recondo donne la parole à chacun des membres de cette famille, il y a cependant une voix qui couvre celle des autres, celle d'Ama la mère des trois garçons, épouse dévouée pour Aïta. C'est une voix nostalgique, élégiaque, sensuelle et intuitive que laisse résonner l'auteur tout au long de ce roman. C'est même une voix désarmante lorsque le récit s'efface au profit du journal intime de cette mère déracinée muette face à la douleur, et pour laquelle coucher ses craintes et ses émotions sur le papier est devenue une nécessité.
Avec parfois le sentiment de n'être rien, elle est pourtant au centre de ce monde qui vacille, elle est le reflet de la condition de ces gens en proie à la solitude de l'exilé, aux questionnements et doutes qui assaillent ceux qui se réfugient dans les voyages intérieurs, ou dans une vie d'attente.
Pas de doute, Leonor de Recondo maîtrise tous les ressorts de l'écriture féminine de manière à insuffler de la puissance aux émotions. Il y a dans ce récit quelque chose de lancinant, un sentiment de réalité lointaine, une infinie mélancolie qui conduit des gens jusque-là épargnés par les vicissitudes de la vie à une mise à nu de leur conscience.
En fouillant l'âme d'une femme qui a le sentiment d'avoir déserté son pays, l'auteur démontre une réelle capacité à capter cette littérature installée sur les failles du présent. Jolie découverte.
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Quand on doit fuir pour sauver sa vie et celle de sa famille, "être ensemble, c'est tout ce qui compte". Tel sera le leitmotiv d'Aïta et Ama en quittant l'Espagne en guerre en 1936. Mais l'exil qu'ils affrontent côte à côte demeure une souffrance intime qui bouleverse les vies et les âmes.

Il suffit de quelques kilomètres et d'un fleuve pour faire de vous un exilé. C'est ce que découvrent Aïta et sa famille quand ils sont obligés de quitter Irún pour se réfugier à Hendaye en août 1936. Il y a là Aïta et sa femme Ama, leurs trois fils, jusque-là petits garçons insouciants, les vieux parents d'Ama que "le destin ébranle à l'hiver de [leurs] jours" et les deux oncles dont les activités aux côtés des républicains valent à la famille la haine et, s'ils ne fuient pas, la mort. Ils partent donc en laissant tout derrière eux, leurs biens et leurs vies. "Pour combien de temps ? " C'est la question que tous se posent, espérant que ce séjour forcé en France ne sera l'affaire que de quelques jours. Mais les jours se succèdent, puis les semaines et les mois. Dans la maison de l'amie qui les accueille, leur vie est paisible, heureuse même, car, au fond, "à part les lieux, quel est le véritable changement ?". Mais le souvenir de leur vie d'avant, de leur pays est comme une blessure dont la cicatrice et la douleur sont indélébiles. Pour mieux comprendre "le chavirement de [leurs] vies", Ama tient un journal dans lequel elle raconte les menus événements du quotidien, ses états d'âme et ses secrets. Ainsi, quand elle comprend que le retour au pays n'était qu'une illusion, elle écrit ce qui semble constituer une juste définition de l'exil : "Je ressens une blessure vive, une blessure de chair indescriptible, l'amour d'une terre, de ses odeurs, de ses rires, de sa langue que je perds irrémédiablement." Plus tard, c'est encore au prix du déchirement de kilomètres supplémentaires au-delà de la frontière qu'Aïta assure la sécurité et la liberté de sa famille en obtenant un emploi de métayer dans un grand domaine des Landes. A travers la vie simple de cette famille, à travers ses espoirs toujours déçus de rentrer au pays, on découvre que, dans l'exil, au-delà des difficultés matérielles ou d'intégration, la plus grande souffrance est sûrement le sentiment de perte, le renoncement à ce qui aurait pu être, la tension vers un lieu et une vie qui n'existent plus.

Dans Rêves oubliés, Léonor de Récondo nous fait vibrer avec chacun de ses personnages dont l'intériorité nous est dévoilée par petites touches, comme autant de variations autour du sentiment d'injustice lié à l'exil. Grâce à une grande maîtrise de l'écriture, sans emphase ni pathos, simplement avec sensibilité et intelligence, elle a su construire un roman plein d'humanité, portrait d'une famille ordinaire aux prises avec L Histoire.
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1936 - Espagne - Contraints à l'exil de l'autre coté de la frontière, à Hendaye, Ama, son mari, ses enfants, ses parents et ses frères tentent de se persuader que cet exil est temporaire et que dans quelques semaines ils pourront regagner leur maison d'Aranjuez, au sud de Madrid.
Au fur et à mesure que cette probabilité s'étiole, Ama analyse le sentiment qui la déchire, la nostalgie qui l'envahit et la plonge dans un désarroi insondable. C'est par l'écriture, quelques mots griffonnés de façon irrégulière dans un petit carnet, qu'elle décortique ses sentiments et tente de faire face.
Lorsque ses frères sont arrêtés et que la famille doit remonter plus au Nord, dans une ferme landaise, la réalité de l'exil s'installe et commence le temps de la résilience, toujours ponctuée de quelques notes dans son petit carnet secret.
Plus que l'histoire d'une famille fuyant le franquisme ou la difficulté de vivre des immigrés espagnols en France, c'est véritablement le sentiment du déracinement et de la nostalgie que Leonor de Recondo analyse avec douceur et une musicalité que l'on retrouve dans ses mots qui coulent tous seuls.
J'ai bien aimé ce tout petit livre tout en pudeur et retenue, malgré quelques facilités dans le style et des réflexions un peu naïves (« pourquoi les idées sont-elles si dangereuses ? »)

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Une sensibilité d'écriture pour nous conter cette famille basque d'Espagne en exil pendant la guerre. Quittant Aranjuez pour Irun, puis Irun pour Hendaye, puis Hendaye pour vivre dans une ferme des Landes. Peu importe les conditions, l'important c'est d'être ensemble. Unis. Une famille de républicains pourchassée par le franquisme.

Aïta, Ama, leurs trois enfants, les deux parents et les deux frères d'Ama, activistes politiques qui seront internés un moment au camps de Gurs, forment cette famille.

Et Ama (la mère) qui note au fil du temps ses sentiments, ses ressentis, sur un petit carnet. Ama qui voit chaque étape de cet exil comme un nouveau renoncement veut maintenir coûte que coûte la cohésion de la famille. Avec en ligne de mire, le secret espoir du retour au pays ...

Avec une économie de mots, Leonor de Recondo arrive à nous transporter dans le quotidien de cette famille et dans l'intimité des sentiments de cette femme qui aime. Et qui aime, par dessus tout son Aïta.

Le contexte politique et certains personnages ne sont que survolés, ce qui amoindri l'intérêt de ce livre qui n'en reste pas moins un bon roman.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Aïta et sa famille doivent fuir l'Espagne en guerre civile. Ils se réfugient en France, espérant une paix rapide permettant leur retour. C'est en France qu'ils devront peu à peu faire leur vie, s'apercevant très vite que le plus important reste la famille.
Voilà un petit livre sensible, mais qui n'a rien de bouleversant, tant par le style que par le propos.
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"Rêves oubliés" de Leonor de Recondo est un court roman sur l'exil. Il s'agit d'une tranche de vie et d'histoire où le plus important est d'être ensemble, en famille.
En 1936, l'Espagne va tomber aux mains du dictateur Franco. Aïta, cadre moyen, doit quitter Aranjuez en catastrophe devant les menaces explicites de franquistes pour rejoindre sa femme Ama et ses enfants partis pour l'été au Pays Basque. Mais la maison est vide car toute la famille a dû passer la frontière française en catastrophe, les mains vides, pour éviter la mort. Heureusement, ils vont se retrouver, hébergés chez Mademoiselle Eglantine, une institutrice française de leur connaissance. Dans cet exil, les cousins d'Ama, activistes basques, vont être repérés et internés au camp de Gurs pendant qu'Aïta parviendra à se faire embaucher comme ouvrier dans une usine d'armement. Seule l'unité de la famille leur permet de tenir et à celle-ci de ne pas voler en éclat. 
La particularité de ce roman est la narration qui change : le point de vue d'Aïta alterne le plus souvent avec le journal tenu par Ama.
Pourtant, ce livre est loin d'être bouleversant alors qu'il pourrait l'être mais pour moi, il manque de conviction bien que le thème soit très intéressant.
Il faut dire que la douleur de l'exil est un sujet souvent traité et j'ai trouvé bien plus passionnant comme, par exemple, le roman de Maryam Madjidi "Marx et la poupée" que j'ai lu récemment.



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Encore un livre pioché dans la sélection CEZAM roman, Rêves oubliés est l'oeuvre de Léonor de Récondo, connue avant tout pour être une violoniste émérite.

Ce roman raconte la fuite d'une famille espagnole à l'avènement du franquisme, qui trouve refuge d'abord à Hendaye, puis dans les Landes.

C'est l'histoire d'Ama, d'Aita, son mari, de leurs trois enfants, de leurs parents qui sont quittent ce pays pour venir en France. Une transformation de leur vie qui se résume en un point 'tout va bien tant que l'on est tous ensemble' même si les jours à venir s'avèrent difficiles. A lire et se réjouir de chaque page.

L'histoire est celle d'un couple et de leurs enfants qui se trouvent contraints de fuir leur pays durant la guerre d'Espagne. Les oncles sont activistes et c'est toute la famille qui est menacée. Il est question de la fuite, puis de l'exil en France. La famille s'installe au pays Basque français dans un premier temps puis dans une ferme isolée des landes. A la campagne, loin de tout et dans un pays en guerre, leurs conditions de vie sont précaires. le contraste avec leur vie d'avant est saisissant.

Au récit de la vie quotidienne de la famille, s'intercalent des extraits du journal d'Ama, la mère de famille. Cette femme douce et courageuse confie ses états d'âme à son journal. Elle ne veut pas se laisser aller devant les autres membres de la famille, dont elle est le pilier. Tous ont le mal du pays mais ils se consolent en se disant que l'essentiel est de pouvoir rester ensemble...

'histoire qui nous est contée n'est très gaie. Pourtant, il se dégage de ce roman douceur et sérénité. J'ai particulièrement apprécié les extraits du journal intime de Ama, la mère, qui livrent alors toute la sensibilité à fleur de peau d'une femme discrète, aimante, chavirée par son destin, d'une belle et sincère émotion . On y lit l'errance, le quotidien pour survivre, le déclassement social, la rudesse de l'exil, mais aussi l'essentiel qui les aident à tenir: les liens qui les unissent.

Un beau texte sur l'exil, l'arrachement à la terre, aux souvenirs et un hymne à ceux qu'on aime et qui donnent la force de vaincre, mais, toutefois, à part les extraits de jouraux intime, la narration à la troisième personne n'a pas réussi à autant me toucher comme j'aurais aimé l'être le livre est trop bref et certainement un peu trop froid trop pudique et survolant un peu trop les faits pour émouvoir totalement . Un bien beau projet pas totalement abouti.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Au mois d'août 1936, la famille d'Aïta, des républicains anti-franquistes activistes, s'est réfugiée à Irun, au pays basque espagnol, pour échapper aux franquistes qui approchent. Un jour, Aïta retrouve l'appartement vide avec un gâteau de riz à peine cuit abandonné dans la cuisine. Ama, sa femme, et ses enfants ont franchi en catastrophe la frontière française et ont été accueillis par Mademoiselle Eglantine qui laisse à leur disposition le rez de chaussée de sa maison. Aïta rejoindra sa famille quelques temps plus tard ; quand aux oncles, ils seront internés au camp de Gurs avant d'être relâchés. Aïta travaillera d'abord dans une usine d'armement avant de reprendre une petite ferme isolée. Aucun ne pourra rentrer en Espagne.
« Rêves oubliés » est un livre touchant, largement basé sur le carnet intime de la mère qui n'a qu'une idée protéger sa famille, maintenir sa cohésion coûte que coûte avec au coeur cette perpétuelle blessure du pays perdu. Leonor de Récondo réussit à raconter en peu de mots l'histoire finalement fort banale de cette famille qu'on suppose être la sienne. le lecteur aurait aimé que certains aspects de cette histoire (activités terroristes et d'espionnage des oncles, vie au camp de Gurs) soient abordés de façon un peu moins superficielle et que d'autres (petits incidents de vie quotidienne) un peu moins largement étalés. Hormis cette critique de fond, le style de l'auteur est vif, agréable et facile à lire. Reste que l'ensemble ne semble pas atteindre de sommet littéraire. (Livre critiqué à titre de juré du Prix France O)
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Ce petit livre parle d'une famille espagnole obligée de fuir sa ville natale et se réfugier au Pays Basque français lors de la montée du franquisme. Léonor de Récondo illustre très bien les inquiétudes, les difficultés et les moments de joies aussi de chaque membre de ce clan. On comprend l'impact de ce déracinement. Il y a un conflit entre le désir de se fixer et de s'intégrer en France et l'espoir de retourner prochainement dans l'Espagne qui est la leur.

La guerre civile espagnole est un sujet qui m'intéresse à la base, je n'ai eu aucun mal à rentrer dans l'histoire. Ceci dit vers le milieu du récit j'ai trouvé qu'il y avait certaines longueurs. Il y avait quelque-chose de lattant, on fait un peu du sur-place. Mais peut-être que ça servait à communiquer l'état d'esprit des personnages à ce moment du récit, le fait de faire face à l'inconnu, de ne pas savoir de quoi demain sera fait.

Dans l'ensemble, j'ai aimé "Rêves Oubliés" et n'hésiterai pas à lire d'autres titres de Léonor de Récondo.
Lien : http://biblinua.blogspot.be/..
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Espagne. 1936. Une famille unie. Un milieu aisé. Aïta, Ama et leurs trois fils vivent heureux. Et puis, un jour, la guerre les rattrape. Ama quitte alors précipitamment la maison avec enfants et grands-parents. On les a averti qu'on voulait tuer toute leur famille et ils doivent sa cacher à Hendaye. Aïta qui n'a pas vu sa femme depuis deux mois trouve une maison vide avec un gâteau de riz encore fumant. Il rejoint finalement sa famille à Hendaye et ils vivent ainsi une vie difficile faite de privation, de débrouille. Ama s'épuise à s'occuper de la maisonnée toujours pleine de gens de passage (car les oncles ont des activités politiques et la maison sert de lieu de réunion) et se désole de voir ses belles mains blanches et douces autrefois ornées de bagues devenir rougies à force de travaux domestiques. Mais elle sait que l'essentiel est de rester ensemble et que toute la famille fasse front pour lutter contre l'adversité. Mais en 1939, les oncles sont arrêtés et internés au camps de Gurs. Il faut alors partir, partir encore. Direction la France. Installée dans les Landes, la famille connaît alors toutes les difficultés des immigrés arrivant dans un pays dont ils ne parlent pas la langue et dans lequel ils ses sentent discriminés (ce qui vaut pour les Espagnols vaut aussi bien sûr pour les Italiens, les Algériens, etc.).

La suite sur mon blog :
http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.fr/2012/08/prix-oceans-ma-lecture-de-reves-oublies.html
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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