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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
1936, la guerre civile d'Espagne a conduit Ama, ses trois fils, ses parents et ses frères à quitter Aranjuez pour se réfugier à Irún tandis que son mari Aïta, patron céramiste, est resté chez eux. Deux mois que le couple vit séparé, sans aucune nouvelle. Alors que Aïta craint une certaine menace de la part de ces deux hommes éméchés rencontrés dans un restaurant, il décide de rejoindre sa femme précipitamment, laissant tout derrière lui. Mais, une fois arrivé à destination, il découvre l'appartement vide, seul le gâteau d'anniversaire de son deuxième fils trône sur la table. de la voisine, il apprend que sa famille a dû se réfugier à Hendaye, chez Mademoiselle Eglantine, sous la menace d'une fusillade. La famille se retrouve bien vite au complet mais ce qu'ils croyaient être un exil temporaire va se prolonger. Ils n'ont plus rien, ayant tout abandonné en Espagne. Seul l'amour qui unit Aïta et sa femme importe...

Cette famille a tout quitté, le pays basque, sa maison, sa vie coquette et agréable et a dû s'installer en France pour fuir la guerre civile, les oncles étant des activistes basques. Dès lors, Ama commencera à écrire dans un carnet et ses confidences ponctueront ce récit. En toile de fond: la guerre civile puis la victoire de Franco puis la 2ième guerre mondiale. Au premier plan: l'exil forcé et contraint, le déracinement, l'espoir d'un retour possible sur leurs terres, la résistance, la déportation et l'amour qui les unit. L'auteur nous montre ainsi comment chacun vit cela, d'Ama au grand-père en passant par les yeux des enfants. Tandis que l'un essaiera de comprendre ce que font ses oncles, l'autre s'émerveillera des avions allemands qui défilent au dessus de sa tête. Léonor de Récondo nous plonge dans ces rêves oubliés avec délicatesse et poésie. Par une écriture tout en finesse, ce roman pudique fait la part belle aux sentiments et émotions de ces êtres à la fois fragiles et déterminés et offre une très belle leçon d'histoire sur ces exilés espagnols.

Plongez dans les Rêves oubliés...
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La Bidassoa est un petit fleuve côtier qui marque la frontière entre l'Espagne et la France, s'écoulant dans le pays basque quelque part entre Irun et Hendaye. Quand j'étais petite, dans les années 80, sa traversée du nord vers le sud était synonyme de trois semaines de vacances en Espagne, dans la famille de ma maman. Elle signifiait soleil, insouciance et légèreté.
Rien de commun avec ce qu'ont vécu Ama et sa famille, ou leurs semblables, 50 ans plus tôt.

Espagne, 1936. Les franquistes arrivent au pouvoir, c'est la guerre civile. Ama, Aïta et leurs trois fils ont quitté leur pays, traversé la frontière pour se réfugier dans un exil qu'ils espèrent temporaire. Ils ont abandonné le confort et la sécurité de leur vie quotidienne pour se retrouver dans le dénuement, obligés de réapprendre la vie dans l'incertitude des lendemains qui ne chanteront sans doute pas. Une seule chose est indestructible dans cet univers devenu chaotique : l'amour que se vouent Ama et Aïta. Un amour profond, pur, intense, pudique, lumineux, qui leur permet de résister à toutes les épreuves.
Le récit est ponctué d'extraits du carnet intime d'Ama, des phrases qu'elle écrit au gré des circonstances. L'une d'elle revient souvent : « être ensemble, c'est tout ce qui compte ». Et dans le « ensemble », il y a les trois enfants, encore plus attachants que leurs parents. On les observe qui tâtonnent, chacun à sa manière, pour s'adapter à leur nouvelle vie, en essayant de dissimuler le traumatisme de l'exil sous des apparences d'insouciance et de légèreté. Et on ne s'inquiète pas trop pour eux, tant on est frappé par leur capacité de résilience, une sorte d'instinct de survie qui les pousse envers et contre tout à grandir en sauvegardant l'essentiel : l'espoir.

Ce roman a la pureté du cristal, la douceur d'une caresse. Tout en retenue, il raconte, dans un contexte terrible, un amour tellement solaire qu'il parvient à atténuer la douleur de la perte des racines et des rêves.
Que dire de plus sinon que tout ceci ne serait rien sans le talent de l'auteur, qui nous fait cadeau d'une écriture aérienne et délicate, touchée par la grâce, qui parle au coeur.
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Aïta et Ama coule des jours paisibles avec leurs trois enfants entre Irun et Aranjuez. Des promenades main dans la main dans les jardins de la ville, senteurs d'orangeraies qui distillent un parfum d'amour et de soleil dans cette vie-là. Mais si je suis ici, ce n'est pas pour te conter l'amour et le bonheur. Enfin presque, l'amour, il y sera toujours question mais le bonheur s'éclipsera devant la montée d'un homme, Franco et ses troupes qui avancent dangereusement pour des activistes républicains. La famille est contrainte à l'exil.

L'exil vers un nouveau pays. Tenter de se reconstruire et de maintenir unie cette famille. de l'autre côté des Pays basques, la vie n'est plus ce qu'elle était, mais au moins la famille est libre. Elle a un toit, même si la chaumière occupée est étroite, puante, sans eau ni électricité. Mais ils sont libres. Libres et ensemble. Mais en France, les heures sombres viennent aussi se mêler à cette vie de pauvreté. Les allemands jouent les tortionnaires psychologiques. Alors dans ces conditions, difficile de se sentir bien chez soi, ne restent que des « rêves oubliés » d'une vie d'avant, entre Irun et Aranjuez.

Pourquoi suis-je allé vers ce roman de Léonor de Récondo, qui semble assez éloigné de mes lectures de prédilections. Certainement, parce que j'avais envie de sentir cette plume aux senteurs d'oranges et d'écouter le concierto d'Aranjuez (Miles Davis, Milos Karadaglic, Paco de Lucia ou Pepe Romero…). Certain(e)s vont crier à l'hérésie et au scandale, mais Miles s'impose plus facilement à mon spectre musical pour ce concerto, « Sketches of Spain ». Mais aussi, parce que dedans il y a l'histoire de parents contraints de s'exiler dans un pays qui n'est pas le leur, et qui ne le sera probablement jamais. Parce que l'exil reste un sujet difficile mais toujours d'actualité depuis des siècles et qu'il déchire des « rêves oubliés ».
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J'avais été impressionné autant qu'enchanté par Pietra viva, ma première lecture de Léonor de Recondo.
Ces Rêves oubliés m'ont moins passionné, même si le phrasé et la musique des mots brillent comme une rivière sous un soleil d'été... Comme la Bidassoa qui marque la frontière entre un passé heureux et un avenir plus angoissant.
Même si, aussi, les portraits de cette familles exilée sont précis sans être lourds.
Même si... Mais cela tient peut-être au thème de l'exil quelque peu hors du temps. Peut-être.
Sur ces Rêves oubliés, Léonord de Recondo ne force pas, comme je ne me suis pas forcé... Et c'est donc un voyage agréable, un ton en-dessous pour moi et une étoile en moins pour rendre mon impression.
Mais, j'en suis presque certain, cette étoile reviendra lors de la prochaine lecture d'une auteure tellement douée!
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« Etre ensemble, c'est tout ce qui compte »
Voilà le leitmotiv de cette famille espagnole contrainte à l'exil en 1936.
Que les temps sont durs, que la situation est difficile, mais que sont forts et tendres les liens qui unissent cette famille : les parents ; les trois enfants, les grands-parents, les frères et les cousins….. tous réfugiés en France, à Hendaye, puis dans les Landes.
La force de leur amour et de leur union adoucit les affres de la dictature et de la guerre.
Et de la belle écriture de Léonor de Recondo ; c'est toute cette douceur familiale qui émane. Plus forte que tout.
Une perception très intime et douloureuse de la condition des émigrés, vue par plusieurs membres de la famille et renforcée par le carnet intime d'Ama.
Douceur, pudeur et retenue face à l'injustice et à la barbarie rythment les pages de cette belle histoire.
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Un petit livre offert pour l'achat de deux autres… Je n'aurais probablement pas fait l'acquisition de cet ouvrage et j'aurais donc échappé à ces moments de grâce apportés par cette lecture.
C'est l'histoire ordinaire d'une famille républicaine espagnole qui doit s'exiler.
Quitter l'Espagne avec le sentiment dévastateur de l'abandonner en pleine tourmente , juste traverser la Bidassoa et se retrouver à Hendaye pour échapper aux représailles franquistes dans un premier temps, partir plus loin, au coeur du pays landais, plus tard.
Mais dans son malheur, cette famille conserve une chance majeure : elle reste unie . Il y a le père Aïta, sa femme Ama et ses trois fils l'aîné, Otzan, l'artiste musicien et poète, Zantzu curieux de tout , Iduri le benjamin, un vif-argent qui excelle à dessiner, à caricaturer , les grands-parents, les oncles…
Inspirée par l'histoire de sa famille paternelle, Leonor de Recondo raconte par la voix d'un narrateur externe les petites choses du quotidien, mais de temps en temps, cette narration est entrecoupée par les écrits d'Ama , qui, furtivement se confie à un petit carnet.
Les mots qu'elle y consigne, épitomés de sa vie disent le déchirement de l'exil, les regrets, les difficultés à s'enraciner, le temps qui passe, les souvenirs qui affluent et qui s'estompent délités par les aspérités du temps, la jeunesse qui s'efface , l'amour toujours présent, la résilience …

C'est une écriture pudique, pleine d'émotion, de musicalité, de poésie.
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Une famille heureuse en Espagne , qui suite à la guerre de 1936, se voit obligée d'émigrer à la frontière française. Elle fait tout pour rester réunie et acceptera de reprendre une ferme au coeur des Landes.

Un livre qui fait revivre de beaux souvenirs et qui parle du quotidien simple et pas toujours facile de ces exilés qui se battent et qui savent qu'il leur faudra attendre longtemps avant le retour.

Beau roman, belle écriture.
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"Mais comment partir sans se faire tuer ? Un léger rire secoue ses épaules, il n'avait jamais imaginé se poser un jour une telle question. Et pourtant, cette réalité est bien là." Un jour, en effet, il faut partir précipitamment, quitte à laisser un gâteau d'anniversaire sur la table, pour ne pas laisser la vie dans une Espagne dont les Républicains sont en train de perdre la guerre. C'est ce que font Aita, Ama, leurs trois enfants et les grands parents, en traversant en trombe la Bidassoa qui sépare les pays basques espagnol et français, jalon inexorable de la route de l'exil que suivront tant de leurs compatriotes.

"Ecrire pour ne pas oublier que Barcelone vient de tomber, que la guerre est finie pour nous et que l'Espagne s'éloigne." Pour tenir, à sa façon, la mère, Ama, tient un journal irrégulier où elle consigne ses rêves, ceux-là même qui s'oublient dans les cheminements de leur migration forcée. La maison de Melle Eglantine, puis la ferme landaise, deviennent les points d'appui d'une famille déracinée aux membres attachants. Ama en Mère Courage étonnée mais jamais amère, Aïta obstiné à être heureux, les trois garçons - pour qui le bonheur d'être ensemble est le seul trésor restant. Rien pourtant ne remplace la terre perdue, omniprésente ("là-bas", "en face", "de l'autre côté", "au-delà"), non substituable, comme un vide autour duquel s'organise désormais leurs existences.

Entre les lignes d'une écriture à la simplicité maîtrisée, c'est un tableau sombre et mélancolique que peint Léonor de Récondo, par ailleurs violoniste. La progression du récit n'est d'ailleurs pas sans évoquer un subtil crescendo, voguant vers l'inexorable issue. Vite lu, Rêves oubliés n'en imprime pas moins une trace durable, ce qui en faut une belle découverte dans le cadre de la sélection du prix France Océans.

"Aïta a la force du présent. Il déracine d'un coup de pioche les mauvaises herbes et le passé. Rien de tout cela n'existe. Les instants se nouent les uns aux autres jusqu'à ce que le fil s'épuise."

"Finalement, je préfèrerais que rien ne nous attache à ici. Je veux bien y vivre le temps qu'il faudra, y mourir aussi s'il le faut, mais pas m'y attacher."
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Ce n'est pas facile de vivre dans ces années là en Espagne à savoir dans les années 1936, de subir la dictature du pays et du coup de devoir fuir son pays pour la France qui semblerait plus tranquille pour s'y installer.Sauf que quelques années après, la seconde guerre mondiale éclate et la famille d'Ama et Aïta avec leurs trois fils n'ont pas d'autre choix que de vivre tant bien que mal malgré les événements extérieurs.
Une histoire écrite toute en délicatesse et douceur qui nous montre la sagesse et le courage des personnages qui ne baissent pas les bras et aspirent toujours à une vie meilleure...
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Espagne, 1936. Aïta et Ama s'aiment. Avec leurs trois fils, ils forment une famille unie dont la maxime est «être ensemble, c'est tout ce qui compte». L'arrivé de Franco au pouvoir les force à l'exil en France et à mettre tous leurs rêves de côté pour survivre. le récit se déroule jusqu'en 1941, suivi d'un épilogue portant sur 1949. Il est entrecoupé par le journal d'Ama qui éprouve le besoin d'écrire ses doutes, ses peurs et sa condition pas souvent enviable de femme.
C'est une histoire d'acceptation. L'auteur pose les questions liées à l'exil, aux êtres déracinés, aux espoirs étouffés et montre que malgré tout, la vie réserve de belles surprises si on lui sourit.
C'est aussi une belle histoire d'amour, discrète mais forte. Les personnages sont bien dessinés et on embarque facilement dans leurs tourments.
En quelques mots, c'est un très joli roman, pas bien épais, écrit avec finesse et sensibilité.
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