[...] il ne s'appesantissait pas sur les actions des autres, surtout si elles visaient à le blesser. Il n'était pas dénué de compassion, mais, au lieu de se laisser dévorer par la haine, il préférait se tenir à l'écart des individus nuisibles, de sorte que leur méchanceté restait sans effet ou se retournait contre eux. (p. 366)
Le père Wallace était un bon exemple de l'hypocrisie de l'Église. Il ne trempait pas les lèvres dans le sang du Christ mais le buvait à la bouteille avant, pendant et après la messe. Ce n'était pas non plus une vulgaire piquette mais un merlot français assez cher. [...] Comme la plupart des êtres prêchant la vertu, le père Wallace n'avait pas de termes assez durs pour dénoncer chez les autres ce qu'il était le premier à pratiquer : le péché. J'étais surprise qu'aucun paroissien ne cherche à savoir comment le prêtre avait pu se payer un énorme téléviseur couleur et une Cadillac, ou si le nom de Wilson [riche industriel] inscrit sur presque tous les vitraux de l'église avait un quelconque rapport avec son train de vie. (p. 95)
On n'a pas besoin de mourir pour perdre la vie.
Ce jour-là, le soleil jouant parmi les feuillages nous a donné à tous des envies d'éternité.
Il lui semblait que le chagrin s'était accumulé en lui, formant derrière ses yeux un petit lac alimenté par son coeur, et dont le niveau s'était lentement élevé pendant des années jusqu'à déborder.
Les fins heureuses sont comme les gros lot d'une tombola. On peut acheter des billets dans l'espoir de gagner, mais cela n'arrive pas souvent. N'empêche, certains continuent d'espérer sur leur lit de mort.
Même l'eau semblait incapable de la chasser. L'amertume.
Porté disparu au combat" était un euphémisme administratif, une sorte de virgule indiquant une pause avant que la découverte du corps ne permette de conclure la phrase (P. 145)
Je ne croyais plus aux contes de fées ...
Pour moi, l'amour se construisait et se consolidait petit à petit, comme une maison que l'on doit entretenir et réaménager au fil du temps.
Le désir, c'était différent. Il aidait à mieux supporter les nuits de solitude, au même titre qu'un bon vin ; c'était juste un emplâtre temporaire sur le cerveau et une source de plaisir entre les cuisses.
Sa mère était l'incarnation du pays où il avait grandi et où il vivait encore aujourd'hui. Un pays rude, plein de pierres et d'océans dont les flots furieux menaçaient parfois de l'engloutir, au climat marqué par des sécheresses périodiques et des saisons étouffantes ou glacées, mais en même temps riche de merveilles, de promesses et de mystères. Une terre natale où il avait toujours sa place.