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Citations sur Les camarades (34)

- Que vous êtes donc bizarres, vous tous, jeunes gens d'aujourd'hui! Vous haïssez le passé, vous méprisez le présent, et l'avenir vous est indifférent. Cela ne peut mener à une bonne fin!
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C'était pendant l'été 1917. Notre compagnie se trouvait dans les Flandres et nous avions eu quelques jours de permission inespérés pour Ostende... Meyer, Holthoff, Breyer, Lütgens, moi et encore quelques autres. La plupart d'entre nous ne connaissaient pas la mer, et ces quelques jours, cette pause presque inconcevable entre la mort et la mort, cela avait été un sauvage don de soi au soleil, au sable et à la mer. Nous demeurions tout le jour sur la plage, offrant nos corps nus au soleil... car être nus, ne pas être chargé des armes et de l'uniforme, cela représentait déjà la paix. Nous nous déchaînions à travers la plage et retournions toujours à la mer, nous sentions nos membres, notre respiration, nos mouvements avec toute l'intensité que les choses de la vie avaient en ce temps-là. Nous oubliâmes tout durant ces heures - nous voulions tout oublier. Mais le soir, dans le crépuscule, lorsque le soleil était couché, lorsque les ombres grises venaient de l'horizon en courant sur la mer livide, alors un autre son se mêlait lentement au bruit du ressac... il augmentait et finissait par le couvrir comme une sourde menace : le tonnerre des canons du front. Il arrivait alors qu'un blême silence interrompît les entretiens, les têtes se dressaient pour écouter, et sur les visages des adolescents fatigués par le jeu surgissait brusquement le masque dur du soldat, encore animé pour un instant par un étonnement, une mélancolie dans lesquels il y avait tout ce qui ne s'exprimait jamais : le courage et l'amertume, et le désir de vivre, la volonté de faire son devoir, le désespoir, l'espérance et l'angoisse mystérieuse de ceux qui sont marqués pour mourir jeunes. Quelques jours plus tard, ce fut la grande offensive, et dès le 3 juin la compagnie ne comptait plus que trente-deux hommes, et Meyer, Holthoff et Lütgens étaient morts.
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Mais ils venaient ici [au musée] pour échapper quelques heures à leurs pensées... et ils erraient, de leur démarche trainante, avec les épaules penchées en avant de ceux qui n'ont pas de but, parmi les claires têtes romaines et l'impérissable élégance des blanches statues grecques... contraste affligeant, désolante image de ce que l'humanité peut atteindre en des milliers d'années et de ce qu'elle ne peut pas atteindre : le sommet de l'art éternel, mais pas assez de pain pour chaque être humain.
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Au milieu de la route, Jupp faisait des signes. Mais nous comprenions déjà ce qui se passait. Une vieille Mercedes de haut bord stationnait sur le côté de la route, et quatre hommes étaient sur le point de prendre la voiture en remorque.
- Nous arrivons juste à temps ! dit Köster.
- Ce sont les frères Vogt ! répondit le forgeron. Des types dangereux. Ils habitent là-bas. Ce qu'ils tiennent, ils ne le lâchent pas. [...]
Köster alla parler au plus grand des quatre hommes. Il lui expliqua que la voiture nous appartenait.
- As-tu sur toi quelque chose de dur ? demandai-je à Lenz.
- Rien qu'un trousseau de clés, et j'en ai besoin pour moi. Prends une petite clé anglaise.
- J'aime mieux pas ! dis-je. Cela pourrait occasionner des blessures graves. Dommage que j'aie des souliers si légers. Les coups de pied, c'est encore ce qu'il y a de mieux.
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Avez-vous remarqué que nous vivons en un temps où l'on se déchire soi-même ? Que sans savoir pourquoi, on s'abstient de faire beaucoup de choses que l'on pourrait faire ? Aujourd'hui, le travail est devenu une chose si monstrueuse, parce que tant de gens n'en ont pas : il écrase tout le reste ...
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C'était ce sinistre secret : que la réalité éveille les désirs, mais ne peut jamais les satisfaire. Que l'amour commence dans l'homme, mais ne finit jamais en lui. Et que tout peut se trouver réuni : un homme, l'amour, le bonheur, la vie...et que d'une façon terrible, c'est toujours trop peu, et que cela diminue à mesure que cela semble s'accroître.
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Je rapportai les fleurs à la maison, puis je ramenai la voiture à l'atelier, et je revins à pied. Une odeur de café frais venait maintenant de la cuisine, et j'entendis Frida faire une bruit de vaisselle. Je ne sais pourquoi, l'odeur du café me mit de meilleure humeur. J'avais remarqué cela pendant la guerre...Ce n'étaient jamais les grandes choses qui vous consolaient... C'étaient toujours les petites choses sans importance.
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Moins on en sait, plus la vie est simple. Savoir, cela rend libre mais malheureux...
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Un employé modeste, fidèle au devoir. C'était pour ceux-là que c'était le plus dur à présent. C'était sans doute toujours plus dur pour eux. La modestie et la fidélité au devoir ne sont récompensées que dans les romans. Dans la vie, on les exploite, puis on les met de côté.
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Le ciel était jaune comme du laiton et pas encore encrassé par la fumée des cheminées. Il brillait très fort derrière les toits de la fabrique. Le soleil allait se lever. Je regardai l'heure. Pas encore huit heures. Un quart d'heure en avance.
......
Avec des ailes de chauve-souris, le crépuscule flottait sur le cimetière. Derrière la Maison des Syndicats, le ciel était vert comme une pomme pas mûre. Dehors les réverbères étaient déjà allumés. Mais il ne faisait pas encore assez nuit...on aurait dit qu'ils étaient gelés.
.....
Elle était mince et pale dans la rue grise et vide. C'est ainsi que je l'avais rencontrée, des années auparavant, quand je vivais apathique et solitaire, sans pensée, sans espoir.
.........
Il y avait beaucoup de monde à notre table...Le Russe, Rita, la violoniste, une vieille femme, une tête de mort maquillée, un gigolo qui était avec elle, Antonio et quelques autres.
.........
J'ai essuyé son sang. J'étais en bois. J'ai coiffé ses cheveux. Elle se refroidissait. Je l'ai couchée dans mon lit, et je l'ai couverte. Je suis resté assis près d'elle. Je l'ai regardée fixement. Le chien est entré et s'est assis à côté de moi.
........

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