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Citations sur Le pavillon des oiseaux (20)

Un an passa ainsi, en saintes actions et intentions malignes, en processions sublimes et en dîners occultes, réunissant ces hommes de la Renaissance finissante, bons et complaisants envers l’Église, mécènes invétérés, collectionneurs, attachés aux traditions et amateurs de nouveautés, fidèles à leur lignée et voulant la dompter, hâbleurs et corrosifs, attachants et grotesques, subjugués par leur Dieu et sous le joug de leur pape.

Les champs de ruines étaient en train d’épuiser leur manne, les plus grands artistes s’éteignaient, le Quattrocento n’était plus : ni Léonard de Vinci, ni Michel-Ange, ni Bramante, ni Raphaël n’avaient trouvé de successeurs. Vasari peinait à imposer ses nouveaux apprentis.
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La course aux antiques se poursuivait ; à Rome, le nombre de statues était si grand que cette population fictive n’était pas moindre que la population réelle. Les Chinois de la dynastie Qin enterraient une armée de soldats de terre cuite, les Romains de la Renaissance extrayaient un régiment de dieux et de déesses de marbre. Les Vénus fleurissaient, les Hercules terrassaient hydres et lions, les Aphrodites régnaient sur la mer et les Apollons sur la musique et sur les cieux. Rome n’était qu’une fête, et l’Église une apothéose.
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– Un Farnèse ne peut rester dans la nature, c’est un état de fait. Alors maintenant, ma chère petite sœur, cessez d’arguer et agissez. Ramenez-moi ce bébé.
– Sauf votre respect, Grand Cardinal, allez-y vous-même, envoyez un sbire, un secrétaire, une maîtresse même si vous le voulez. Pour ma part, puisque c’est moi qui vais devoir m’en occuper, je vous remercie, je n’ai nul besoin d’un autre enfant à élever. Je me suffis des miens et des bâtards que mon mari m’impose. L’avenir des Farnèse n’est pas en danger. Nos frères se chargent à merveille d’assurer notre descendance.
– Cet enfant est le mien, c’est-à-dire celui de notre famille, le nôtre, le vôtre, celui du peuple romain
– Qui n’a pas d’orgueil n’a jamais rien entrepris, mon frère… Mais n’allez-vous pas un peu loin ?
– Vous ne m’entendez pas, reprit Alessandro en arrangeant son habit de cardinal pour s’asseoir avec lassitude dans son fauteuil de velours vert.
Passant une main soignée dans les poils courts de sa barbe, il se lança dans un exposé de la valeur Farnèse :
– Si notre grand-père, le regretté pape Paul III, avait ainsi raisonné, ma sœur, vous seriez jardinière, fermière, lavandière ou domestique, et moi batteur, fromager, verrier, marchand de volailles ou que sais-je encore. S’il n’avait pas, avec toute l’autorité que lui conférait son statut, publié des bulles papales pour forcer la Curie à reconnaître notre père, celui-ci n’aurait été élevé que par sa mère, qui n’était rien. Ainsi va la vie à Saint-Pierre… Si Paul III, le plus grand pape que Rome ait jamais connu, n’avait songé à protéger sa famille, notre branche se serait éteinte.

(INCIPIT)
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Cet homme, quelques qualités que vous lui accordiez, est non seulement une mauvaise fréquentation pour une jeune femme, mais aussi un danger pour vous.
Clélia ne pouvait s’empêcher d’entendre l’antique non solum sed etiam de son père et soupirait déjà intérieurement. Que lui avait-il pris de venir lui confier ses peines de cœur ? C’était un logicien, un esthète, un mécène… Il ne serait jamais un confident. Mais il était lancé et elle ne put arrêter la philippique.
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Au terme d’une infinité du tractations, Ferdinando, finit par avoir raison de son frère, des patriciens romains et du Grand Cardinal et signa le contrat d’achat qui allait transformer sa vie ainsi que le visage de la Ville Éternelle, puisque au nord de Rome, dans ce qui était encore la campagne, un édifice s’apprêtait à devenir la villa Médicis.
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Deux peintres s’affrontent […]. Zeuxis, le roi des volumes, Parrhasios, le génie des contours et des ombres. [...]
Zeuxis admet sa défaite : si son œuvre a trompé les oiseaux, celle de Parrhasios l’a leurré lui-même.
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Clélia ne prit pas la peine de le contredire sur la variété des fleurs qui agrémentaient sa coiffure, mais reprit doucement :
- Pas une leçon, mon père, je ne me le permettrais pas. Donner une opinion, avancer des hypothèses… Je ne m’avilirai pas à ma justifier, mais vous rappellerai juste qu’à l’aube de votre quatorzième année vous fûtes nommé cardinal, et que le pape Paul III, votre grand-père, n’eut pas à rougir de vous avoir ainsi favorisé.
- Favorisé ? Quelle insolente ! sourit son père que ce discours pugnace commençait à amuser.
Cette petite monade de volonté lui rappelait sont assurance d’alors. Il ajouta pour la faire enrager :
- N’oubliez pas, ma fille, que justement vous en êtes une. Et qu’à ce titre vous n’avez droit à rien.
- A rien ? Et Catherine de Médicis qui règne en égale en ce moment aux côtés du roi de France ? Vous vous moquez, mon père. Les mortels sont égaux devant la mort, ce n’est pas la naissance, mais la seule vertu, qui fait la différence, c’est vous-même qui me l’avez enseigné.
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Son visage s’animais en parlant, perdait l’anxiété que ses gestes trahissaient.
- Je ne pourrai pas vous aider… je ne suis plus rien à Rome, vous savez, monsieur … ?
- Annibale, signora Farnèse, Annibale Carracci. Je ne vous demandais rien. Vous rencontrer seulement est pour moi le signe annonciateur de notre réussite future. Vous êtes ma bonne étoile, signora Farnèse. Depuis vingt ans, c’est votre visage que je cherche à reproduire dans toutes mes peintures. Plus que votre visage, c’est votre légèreté profonde, votre nostalgie souriante, votre liberté contrainte, toutes ces contradictions qui font de vous l’être le plus familier et le plus exotique à la fois qu’il m’ait été permis de rencontrer. Vivez une belle et longue vie, signora Farnèse, nous nous reverrons, ici ou ailleurs, j’en suis certain.
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Nul ne voulait rester extérieur au nouveau jeu romain qui consistait à étaler ses richesses sur la place publique pour en retirer des bénéfices tout en remboursant ses dettes. La paternité de l’idée ne fut bien entendu jamais attribuée à Clélia, ni même à Camilla ; Sixte Quint, qui pourtant ne s’intéressait à l’affaire que de loin, plus préoccupé qu’il était d’ingénierie et de modernisme, fut célébré comme un grand novateur.
Les baronnies romaines ne s’avisaient pas qu’en signant ces monti, c’était leur propre tombe qu’elles creusaient et qu’un jour proche, leurs héritiers, contraints de vendre terres et palais pour rembourser leurs créanciers, finiraient par céder leur place à de nouveaux venus. La fin de la Renaissance tout entière, s’approchait, inexorable ; et ils continuaient à se rouler dans la débauche et le luxe.
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Comment ces gens-là pouvaient-ils inventer autant de moyens de mettre en scène leurs richesses, et en même temps perdre la raison au point de contracter de telles dettes, au risque de menacer l’avenir de leurs enfants et de leurs biens ? […] L’argent leur était-il donc si indifférent qu’ils le prissent ainsi comme un hochet d’adulte à déposer sur des tables couvertes de pions ou de cartes ? elle tentait de comprendre les mécanismes de cette désinvolture. Et, en observant Clélia, fille illégitime d’un cardinal, comme il y en avait tant d’autres, elle jugeait de facto que ce mépris de la monnaie s’accompagnait d’une survalorisation de l’humain.
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