Chez ces gens-là, on ferme les volets à dix neuf heures, on reste chez soi, et quand exceptionnellement on sort dans le village, on ne rencontre personne, et c'est tant mieux.
Dans une grande maison vit un couple qui paraît démodé de nos jours : la mère âgée et sa fille restée célibataire.
Ce premier roman aux accents simenoniens se lit d'un trait.
Olivia Resenterra rend palpables l'ennui, les frustrations, et l'interdépendance de deux femmes recluses sans autre raison apparente que le poids de l'habitude.
La narratrice — c'est la fille — raconte au jour le jour les petits événements qui vont finalement faire bouger les choses entre les deux femmes.
Oh rien de violent, pas de fait divers, mais un dérapage infime, au départ une lubie de vieille dame désorientée.
Le récit de la fille donne d'abord à penser que c'est elle la victime de l'exigence et de l'indifférence à son égard d'une femme totalement centrée sur elle-même ; mais l'auteur sème progressivement le doute sur sa santé mentale, à elle aussi.
La voilà qui espionne sa propre mère, la soupçonne de laisser entrer un jeune garçon dans la maison, se retrouve dans la rue devant chez elle en pyjama à haranguer des enfants, donne rendez-vous à son voisin au cimetière pour qu'il l'aide à débusquer l'intrus.
Comme elle l'explique, ce garçon la fuit.
Mais existe-t-il vraiment ailleurs que dans l'imagination des deux femmes, ce garçon ?
Imagination activée pour l'une par la vieillesse, et pour l'autre par la solitude et la privation de liberté.
Olivia Resenterra ne répond à aucune de mes questions, et j'aime bien ça !
Imaginaire ou pas, le garçon sera pour l'une des deux (faut-il vraiment dire laquelle ?) le déclencheur d'une ouverture au monde, d'une évasion.
Un beau roman qui laisse place à des interprétations par le lecteur (je le redis, j'aime ça !).
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