3 février 2021
Revoilà les jours fermés
heureusement prés et bois
ne sont pas confinés
les oiseaux continuent
de caresser le ciel
dans le sens du bleu
Les beaux jours sont derrière la pluie.
Guy Goffette
Jean-Pierre Siméon
Sans frontières fixes
Bienheureux les fleuves
qui n'ont pas de frontières
et bienheureux les vents
qui sautent les murailles:
ils sont du pays où ils respirent
Bienheureuse la nuit
que partout on accueille
comme une amie de toujours
et bienheureux le chêne
qui partage le son hasard
avec le tremble et l'églantine
Ah faites-moi un homme
comme une rivière
comme un vent comme un arbre
jouissant du droit du ciel
citoyen du songe
où son regard de pose ( ? de, ne serait-ce pas plutôt "se" pose)
Mesure du temps
La fenêtre qui donne sur les quais
n'arrête pas le cours de l'eau
pas plus que la lumière n'arrête
la main qui ferme les rideaux
Guy Goffette
la haine des frontières
j’ai grandi
dans la haine des frontières
dans le
Nous sommes tous frères
je continue d’y croire
– y ajoute les sœurs
Et le pouvoir du Non
Souvenir…
Un souvenir me submerge
Je ne sais s’il est vrai
Il est d’un bord de mer, je
Serai là, mais je m’en irai
03 juin 2022
inédits
// Jacques Roubaud France (1932 -)
Patrice Delbourg.
sa plus belle œuvre d'art était son emploi du temps
au saut du lit il picorait pessoa
sous la douche butinait brautigan
quelques histoires extraordinaires d’edgar allan poe
pour le brunch
sur la plateforme de l’autobus artaud il déclamait robert desnos à la venvole
cesare pavese en majesté
faisaient écho aux bourdonnements des pétrolettes
invariable menu sur l’ardoise du déjeuner
tchekhov en meurette miroton de walser
chaud-froid de neruda matelote de melville
maïakovski en croustade
vacherin segalen et ses croquembouches
le tout arrosé de côtes rôties d’allais
brève visite à la banque sous l'égide de léon bloy
courses en supérette au rythme de boris vian quelques exercices d'assouplissement
avec céline aux espaliers
le sommeil le surprenaIt sur une page de stefan zweig
Patrice Delbourg
la journée émigrait lentement ver le soir
l'air sentait l'encaustique et la charogne
au loin des hordes d'éoliennes
tournaient à feu vif massacrant les étourneaux
pleurer venait tout tranquillement
dans la largeur des tempes
son regard se voilait
comme la lueur d'une lampe tempête à l'épuisement
déroutes et infortunes faisaient des prix de gros
contre les abattoirs du silence
à supposer que les machines agricoles
se taisent un jour
Je regarde passer et venir les oiseaux… Je me tortille devant
ma fenêtre. Inutile, je ne saurai jamais voler.
p.173
//Jean-Louis GIOVANNONI France (07/01/1950 -)
En nous, il y a un dedans qui ne peut se contenir. Que faire ?
Le dehors est trop large, immense…
p.172
//Jean-Louis GIOVANNONI France (07/01/1950 -)
JEAN-PIERRE VERHEGGÇEN
Vive le Douanier Rousseau !
Frontières ? Dites plutôt strictes limites, confins,
murs comme à Berlin, bornes surveillées par
des bornés et des « Cibère », chiens d'enfer, désormais plus que jamais ultra « cybérisés » ! Comment voulez-vous qu’un poète puisse faire copain-copain avec leurs douaniers ? Avec
ces anti-migrants déclarés, arpenteurs s’il le faut
de falaises abruptes à leur recherche, vide-valises innocentes et retourne-poches sans le sou,
gabelous méchants loups, chercheurs de poux
et autres petites bêtes, gardes des seaux et bacs
à sable infantiles, pinailleurs sans relâche, chafouins dubitatifs, suspicieux, ombrageux, chipoti-chipota !
Que voulez-vous qu'un poète leur déclare qui ne soit
pas à leurs yeux suspect ? Une élégie, un madrigal,
ou pour se fiche de leur poire, un hiatus - un hiatus
en été devenant « on y a toussé en hiver » s'entend ! -
ou s’écrier sous leurs yeux ahuris, un « aède au secours » !
Ou mieux encore entonner en créole, ils n'en
« créoleront »
pas leurs oreilles, un vibrant : Vive le Douanier Rousseau !