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Critique de glegat


glegat
28 décembre 2022
Jean-François Revel (1924-2006) est journaliste, philosophe et agrégé de philosophie, il est le père de Mathieu Ricard moine bouddhiste tibétain. Il est l'auteur d'un certain nombre d'ouvrages traitant de philosophie de politique de religion. Son ton est assez libre et original, il ne se range pas dans un courant de pensée particulier, mais réfléchi de manière autonome et personnelle aux grands problèmes de notre temps sans dogmatisme. Son livre « Histoire de la philosophie occidentale » est conçue à l'usage des non-philosophes même s'il comporte quelques passages ardus.

C'est un bon pédagogue et ses explications sont assez claires sans être simplifiées à outrance afin de ne pas sacrifier la qualité des exposés à un raccourci facile à comprendre, mais trop superficiel pour être utile. J'ai apprécié ses commentaires sur le logos (page 54) sur l'être et le non-être de Parménide (page 63) je pense avoir mieux compris la théorie de la réminiscence platonicienne. Il se montre très critique envers Descartes, mais ces propos sont argumentés. Ainsi il nous montre que Descartes se contredit lorsqu'il nous propose de douter de tout, mais qu'après avoir énoncé cette règle il s'empresse de faire une exception en considérant que l'existence de Dieu ne peut être mise en doute.

La lecture de ce livre a renforcé mon opinion sur les philosophes en général, quoi qu'on en dise, ceux-ci ont un vocabulaire spécifique et même à l'intérieur d'un concept philosophique chaque philosophe pris individuellement donne un sens différent aux mots, chacun à son propre vocabulaire et devrait commencer chacun de ses ouvrages par un lexique ou un dictionnaire de définitions. C'est tellement vrai qu'il existe une collection de livres parus chez Ellipses consacrée au vocabulaire de chaque philosophe : « Le vocabulaire de Schopenhauer », « Le vocabulaire de Descartes » etc. Cette collection comprend déjà une centaine de volumes, un filon inépuisable pour un éditeur !
Imaginez tous ses philosophes qui se parlent entre eux en donnant un sens différent aux mots qu'ils emploient, pas étonnant dès lors que les étudiants y perdent leur latin et que les philosophes et les professeurs se contredisent eux-mêmes et considèrent avoir raison tout seuls. Un premier effort pourrait être fait par tous pour harmoniser le vocabulaire. C'est ce qu'a tenté de faire en son temps (1863 - 1963) le philosophe André Lalande en rédigeant son « Vocabulaire technique et critique de la philosophie » un ouvrage de 1376 pages paru chez PUF. Leibniz avait lui aussi conçu le projet d'une langue philosophique d'où auraient été éliminées toutes les ambiguïtés de définition, ce qui aurait permis de traiter les problèmes métaphysiques par une sorte d'algèbre logique ou « combinatoire » ou encore « caractéristique » universelle.

Je pense que la bonne manière d'aborder la philosophie serait de commencer par la lecture de la biographie des philosophes puis par l'étude du vocabulaire parallèlement à la lecture des textes de base.

Après avoir expliqué que les grands systèmes philosophiques n'ont plus cours aujourd'hui et n'intéressent que les chercheurs, l'auteur conclut en citant Cicéron : « Rien ne peut être dit de si absurde qui ne soit dit par quelques philosophes » (page 520). Ce jugement sévère n'a pas pour objectif de nous éloigner de la philosophie mais au contraire de nous inciter à exercer avec vigilance notre esprit critique.

— « Histoire de la philosophie occidentale de Thalès à Kant », Jean-François Revel, Nil éditions (1996) 523 pages.
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