Citations sur L'Orient mystérieux et autres fadaises / La Grande hist.. (17)
La vie est douce aux puissants. Elle est dure aux humbles. Les campagnes sont écrasées par l’impôt. Nombre de leurs habitants les fuient pour aller grossir les rangs des miséreux qui s’entassent dans les faubourgs des villes où ils souffrent en silence ou, de temps à autre, laissent exploser leur colère. La capitale est alors saisie de turbulences qui la font craindre par les souverains eux-mêmes.
Au fil du temps, l'histoire et la géographie ont créé des ponts de toute nature entre les deux rives de la Méditerranée. La moitié de l'Europe, de l'Espagne à la Roumanie, de la Sicile à la Crimée, a été gouvernée pendant des siècles par des souverains musulmans. Une grande partie du monde arabe, quoique pendant une période beaucoup plus brève, a été dominée par les puissances coloniales d'Europe. Les langues du nord de la Méditerranée sont truffées de mots venus du sud, turcs, perses, arabes. Les traditions culinaires ont subi les mêmes influences.
Dans toute cette histoire, on vient de le voir également, les grands pays européens ont joué un rôle moteur. Ils étaient poussés par la défense de leurs propres intérêts. Cela n’a rien de très original. Depuis que le monde est monde, les rois, les princes ou les États ne sont mus que par ce motif. Il peut être un très mauvais conseiller.
L’histoire est toujours plus complexe que ne le laissent croire les vers ronflants des poèmes romantiques. Cette épopée, comme toutes les autres, a sa part d’ombre. On a évoqué les nombreuses horreurs commises par les Turcs. Les livres européens sont souvent plus discrets sur les exactions commises contre eux ou les populations considérées comme leurs alliées. Le principe des nationalités est noble en théorie, mais il est délicat à manier dans la pratique.
Le monde du xixe siècle ressemble à un grand jeu de société. Les nations européennes sont les joueurs. Toutes les autres sont des pions qu’elles se disputent.
Au xe siècle, Kafur, un eunuque noir, est gouverneur d’Égypte. On ignore s’il fut ou non un bon dirigeant. Il n’est resté célèbre qu’à cause des méchants vers qu’Al-Mutanabbi, un des plus grands poètes arabes, écrivit sur lui. Il avait d’abord été son courtisan. Après une brouille terrible, il se vengea en salissant la mémoire de son ancien protecteur de la pire des façons.
Moralement, l’esclavage, dans son principe même, est une horreur. Le monde entier aujourd’hui s’accorde sur ce point, au moins officiellement, puisque toutes les nations l’ont aboli.
La langue utilisée dans les textes impériaux peut être le turc ottoman, une langue savante, complexe, enrichie d’emprunts au persan et à l’arabe. Ces deux dernières langues sont utilisées aussi. Elles sont prisées par l’élite à cause du prestige de la culture perse et du poids de la tradition coranique.
Le pouvoir du sultan est absolu. Il est « l’ombre de Dieu sur terre ». Tout lui appartient. Quiconque travaille un lopin de son immense territoire n’a droit qu’à l’usufruit. Il possède droit de vie et de mort sur chacun.
Comme Dieu a donné à la main plusieurs doigts, il a donné aux hommes plusieurs voies .