Cet ouvrage balaie l'histoire de l'Europe en tant qu'ensemble géographique. Il déroule chronologiquement les évènements qui ont affecté le continent entier ou quelques uns des pays.
Reynaert est hostile à une vision nationale de l'histoire et cherche à ouvrir l'horizon. C'est bien vu dans les premiers chapitres, notamment sur la place concurrente de Rome et Constantinople dans les débuts de la chrétienté ou dans le coté non-exclusivement germanique du Saint-Empire.
Par la suite, le récit tourne à l'histoire comparée des États. Car, n'en déplaise à Reynaert, petit à petit, le tracé des frontières des principaux pays du continent se forme, les langues s'imposent, et les choix religieux aussi, suite aux guerres de religion (dont on oublie facilement en France à quel point elles eurent des conséquences terrifiantes en territoire germanique).
Le livre se lit facilement. L'écriture est fluide et les chapitres peuvent se lire quasi-indépendamment les uns des autres.
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Ouvrage didactique permettant une approche chronologique de l'histoire de l'Europe, certes parfois un peu sommaire, mais qui donne des repères précis. le style est agréable et les nombreuses cartes permettent de mieux comprendre comment les pays se sont modifiés au fil des siècles. L'auteur cherche à montrer que l'Europe a une histoire commune, riche, et que les nationalismes extrêmistes, s'appuyant parfois sur des idées fausses, telles que l'unité religieuse, prônant le repli sur soi, mènent aux désastres. Au début du XXè siècle, ils ont conduit au suicide de l'Europe, entrainant la ruine du continent alors le plus puissant dans le monde entier et la fin de son rayonnement. Un très agréable moment de lecture instructif.
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Le livre ne traite pas du tout de l’Union européenne en tant que telle, mais permet d’en comprendre l’assise culturelle qui en est inséparable. Le fil conducteur d’une histoire européenne commune est bien présent.
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L’Empire romain n’est pas européen, il est méditerranéen. Dans nos représentations mentales d’aujourd’hui, cette mer marque une frontière entre un nord et un sud. Les drames des migrations du XXIe siècle nous le rappellent sans cesse. Pour un légionnaire, un marchand, un citoyen romain du temps d’Hadrien ou de Marc Aurèle, elle est un trait d’union. Cologne, aujourd’hui allemande, et Volubilis, qui se trouve à côté de Meknès, au Maroc ; Nîmes, en France, et Utique, à côté de Tunis, appartiennent au même univers. Le monde romain est un monde circulaire centré sur son berceau, cette mare nostrum considérée comme une mer intérieure.
Fondée au début du XIII éme siècle, Salamanque est une des plus anciennes université d'Europe : la troisième ou la cinquième selon les classements. la première est Bologne. Elle invente la formule à la fin du XI éme siècle. Avant, le savoir était dans les monastères.
Je n'ai pas l'ambition de réécrire l'histoire. Je tente de la sortir de cette gangue nationale, forgée au XIX siècle, qui l'emprisonne. Elle cherche à donner une teinte populaire à des aventures qui ne concernent que la noblesse.
Où commence l’histoire de l’Europe ? Mes yeux se perdent sur la carte du continent déployée sur la table, et mon esprit bute sur une certitude. Il y a seulement un siècle ou deux, le choix aurait été plus facile. J’aurais d’abord pointé Athènes et me serais vu grimper la colline odorante du Parthénon pour aller rendre hommage à la Grèce antique et à tout ce que nous lui devons, la démocratie, les philosophes, les canons de la beauté. Puis j’aurais songé à Rome, ce grand empire dont nous avons hérité tant d’autres choses : nos routes, nos principes juridiques, notre sens de l’État et de l’administration. Enfin, j’aurais volontiers élargi le champ pour poser le doigt tout à l’est, sur Jérusalem, l’antique capitale du judaïsme, la cité où Jésus subit la passion. Bien sûr, la ville n’est pas stricto sensu européenne. Mais comment comprendre notre culture si on ne remonte pas à l’origine du christianisme, qui l’a constituée ?
Le Saint-Empire, se sont les actuelles Allemagne, Suisse, Autriche. Ce seront aussi la Bohême, et toute la moitié nord de l'Italie, la moitié de la Belgique, et le tiers oriental de la France d'aujourd'hui. Besançon et Lyon, qui nous semblent si françaises, seront pendant des siècles des villes d'Empire.
"La grande histoire des nouveaux mondes" de François Reynaert lu par François Hatt I Livre audio