Citations sur L'Orient mystérieux et autres fadaises / La Grande hist.. (17)
Les croisades ont eu sur le monde musulman l’effet d’un coup de fouet. Elles ont réveillé une notion qui sommeillait depuis des siècles, une notion qui avait été l’un des moteurs de la grande conquête arabe des viie et viiie siècles et avait été presque oubliée depuis : le djihad. Saladin le proclame, c’est sous cette bannière qu’il veut faire l’unité de tous les croyants. Il faut chasser les infidèles, Dieu promet le paradis à celui qui meurt pour cette cause !
L’art de vivre, à la cour ou chez les plus riches, est d’un épicurisme qui rendrait fous bien des puritains d’aujourd’hui. La plupart des califes boivent de l’alcool, parfois immodérément, ce qui ne les empêche pas d’être de pieux pratiquants qui font comme il convient leurs prières et le pèlerinage. Au dire de tous les amoureux de la langue, le plus grand des poètes arabes est Abu Nuwas. Contemporain de Haroun al-Rachid, il est l’éternel compagnon de débauche de son fils Amin, qui le protège. Ses vers chantent le vin et l’amour des éphèbes avec une audace qui lui vaudrait aujourd’hui, dans bien des endroits, les foudres de la censure.
L’univers chiite est un monde duel qui oppose toujours une vérité apparente des choses à une vérité cachée. Cela se retrouve jusque dans l’appréhension du Livre saint lui-même. Ce que le fidèle y lit n’est qu’apparence. Le sens profond des mots est un mystère qui ne peut être percé que par le personnage central, l’imam, c’est-à-dire un de ces hommes « impeccables et infaillibles » que Dieu a envoyés sur terre pour guider l’humanité.
La loi puise à deux sources. Celle du Coran, d’abord. Le Prophète l’a « reçu », disent les musulmans, mais il ne l’a pas écrit. Chaque fois que l’ange Gabriel lui parlait, Mahomet récitait en public ses révélations, que ses compagnons s’empressaient de noter sur tout ce qui leur tombait sous la main, des matériaux divers, du papyrus, des morceaux d’argile, ou même, rapporte la tradition, des omoplates de chameau. Selon l’orthodoxie islamique, il faut attendre quinze ans après sa mort pour qu’un de ses compagnons, le calife Othman – le troisième de ses successeurs –, fasse rassembler ces textes épars afin d’établir du livre saint une version qu’il veut officielle et unique.
Tout bon musulman connaît la célèbre réplique du Prophète à l’homme qui lui demanda un jour ce qu’était le « meilleur islam » : « C’est de donner à manger [à ceux qui ont faim], de donner le salut à ceux que l’on connaît et aussi à ceux que l’on ne connaît pas. »
À cause de la fascination pour les pyramides, qui n’a jamais quitté l’Occident depuis le xviiie siècle, d’innombrables passionnés sont capables de se promener avec aisance dans le dédale des dynasties pharaoniques qui ont régné au bord du Nil pendant des millénaires.
Le Prophète est devenu par le fait un chef d’État, qui doit régler tous les problèmes qui se posent à un État, si petit soit-il alors.