N'est-il pas temps, au seuil de la mort, d'en finir avec ses simagrées humaines que sont l'art et la culture? A quatre-vingt-trois ans, pensais-je, on a appris de ces choses ce qu'elles devaient nous apprendre, que la vérité ne s'y trouvait pas et que l'homme savait mieux rêver que vivre.
Dîner avec Moïra. Nous tombons d'accord sur le livre à emporter sur l'île déserte. Elle et moi, qui souvent différons dans nos choix littéraires, avons comme d'habitude l'essentiel en commun. Aussi, sans hésiter nous emportons toutes deux sur l'île solitaire La Couronne et la Lyre de Marguerite Yourcenar.
Un jour, je n’étais pas, un jour, je ne serai pas. Entre ces deux instants d’indifférence du monde, je m’efforce d’être. C’est un mode ondulant, agité de remous, désorienté.
Les gens créatifs inventent avec rien. Ils peuvent s'éblouir du moindre signe d'allure et l'élever en royauté. Les gens créatifs comblent les vides, hissent les choses et les êtres à la hauteur de leur regard. Seule tragédie, ils ne réalisent pas qu'ils agissent.
Eux, lucides en d'autres temps, contemplent l'autre sans savoir qu'ils l'ont ajusté, rehaussé, transfiguré. Ils aiment alors de passion, sentant obscurément qu'il n'y a que hors de toute sagesse que celui-ci peut être regardé.
l'habituel est supérieur à l'exceptionnel
De tous les romans de Balzac, Eugénie Grandet est incontestablement celui qui me fut et qui m'est le plus proche.
Dans le versant sombre de l'amour, le seul où l'on puisse se perdre, j'irai en secret et dans le silence car il n'y aura pas de jouissance qui ne soit solitude et pas d'extase qui ne soit Douleur.
le monde est incomptable, rempli de choses, de livres, de livres qui parlent des choses, le monde amasse et les livres amassent ce que le monde amasse et voir sur sa table des livres et des livres
et des livres de photos, des livres d'art et des livres qui parlent d'autres livres et soi, s'apprêter à son tour à contenir le monde sur une page, à contenir cette somme exécrable de profération pour ajouter encore à la pile son propre écho...
si je n'avais pas dans la vie des moments d'optimisme irraisonné, je ne survivrai pas.
au fond, à bien y réfléchir, la question posée est celle du temps. dans quel temps nous plaçons-nous ?dans quel temps, la valeur des choses et des mots? le temps: le seul sujet.