Dans nos sociétés dites civilisées où la rationalité est parvenue à s'inscrire, l'art assume aussi cette fonction originaire : résister à l'horreur en associant à l'image le récit mythique. Relais obligé du Logos, le Mythos, comme le dit Platon a pour fonction d'introduire de l'ordre et de la lumière jusque dans le chaos et les ténèbres du monde et de l'âme, sur lesquels la raison n'a plus de prise.
L'énigme de la beauté est tout autant dans la blessure qu'elle nous porte que dans la joie qu'elle nous procure. Ambiguïté qui est la nôtre : celle de nos limites humaines et de notre aspiration, mêlée de crainte, à les dépasser. La beauté nous élève tout autant qu'elle nous renvoie à la conscience aiguë de notre finitude ; sinon à notre humiliation, du moins à notre humilité.
Transfigurer le réel c'est le nier par le mensonge de l'art, "la forme la plus pure et légitime du mensonge.