Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Buchet-Chastel de m'avoir fait découvrir
Dites aux loups que je suis chez moi, le premier roman de l'américaine
Carol Rifka Brunt. Quand je l'ai reçu dans ma boîte aux lettres, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre...
On y fait la connaissance de June, adolescente de 14 ans vivant dans une banlieue du New Jersey avec sa soeur Greta, visiblement promise à un bel avenir en tant que chanteuse de comédie musicale, et ses parents, comptables, qui laissent chaque année leurs filles orphelines pendant la saison des impôts. Et June s'ennuie. Peu sociable, passionnée par l'art et le Moyen-âge, elle n'a pas vraiment d'amis, et ne trouve du réconfort que dans les dimanches passés chez son oncle Finn, peintre qui vit à New York et qui réalise un portrait de Greta et d'elle-même. Elle est très attachée à cette figure qui seule la comprend, peut-être même trop ; et lorsqu'il meurt du sida, maladie dont on ne sait encore rien et dont le seul nom fait frissonner, son univers s'effondre. Jusqu'au jour où elle est contactée par Toby, l'ami particulier de Finn, comme l'appelle sa mère, qui souhaite la rencontrer et dont elle ignorait jusque-là l'existence…
Cette rencontre va bouleverser les certitudes de la jeune fille, qui se retrouve soudain propulsée dans le monde des adultes en découvrant qu'on lui a caché une multitude de choses. Pour la protéger ? L'existence des non-dits la terrifie plus encore que ce qu'ils révèlent…
Et puis il y a le portrait, la dernière trace laissée par Finn en ce monde. C'est lui qui donne son titre au roman.
Dites aux loups que je suis chez moi. Un portrait mystérieux de deux jeunes filles qui ne se reconnaissent plus.
La première chose qui m'a frappée en lisant ce roman, malheureusement, fut la traduction maladroite. Des maladresses d'expression, des phrases qui manquent de sens… Je ne peux qu'espérer que le texte ait été mieux rédigé à l'origine.
Mis à part cela, la trame globale est intéressante. Les années sida vues au travers des yeux d'une jeune fille de 14 ans, ce n'est pas fréquent et cela montre un point de vue original sur cette partie étrange de l'histoire new-yorkaise. Les personnages sont assez bien travaillés, notamment la soeur de June, Greta, affublée d'un caractère bien trempé mais très inégal. June, quant à elle, se laisse balloter par les évènements, déteste tour à tour Toby, Greta, sa mère, se met à fumer et à boire du cognac…
Malgré tout, je reste sur une impression assez mitigée à la fin de ma lecture. La sensation que parfois tout est trop simple, ou plutôt s'arrange trop facilement. Les personnages, qui campaient sur leur position depuis une bonne centaine de pages, soudain changent radicalement d'avis sans autre raison apparente que de faire progresser l'intrigue… L'artificialité de ces retournements reste pour moi assez gênante. J'ajouterai que certains passages décrivant l'attachement profond de June pour son oncle créent une atmosphère relativement malsaine tant on est parfois dans l'exagération. Enfin, alors que tout le roman se déroule sur un tempo assez lent, la conclusion est amenée rapidement, comme si l'auteur avait envie de l'expédier, de s'en débarrasser pour en finir. J'aurais apprécié davantage de travail sur les dernières pages, qui me laissent un peu sur ma faim.
En conclusion, nous avons donc un roman qui se lit assez facilement, bien qu'au début on ne sache pas trop où l'auteur veut en venir, mais qui est entaché de quelques maladresses peut-être dues à l'inexpérience de l'auteur. A corriger peut-être dans un prochain ouvrage ?