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4,24

sur 321 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 1987, nous faisons connaissance avec la famille Elbus, qui habite Westchester, la banlieue nord de New York, avec les parents qui sont comptables et les deux filles, Greta, quinze ans, et June, quatorze ans. le frère de la mère, Finn, est un peintre célèbre qui a arrêté d'exposer – mais pas de peindre – depuis une dizaine d'années, et vit dans l'Upper East Side, un des quartiers chics de Manhattan. Une relation de grande affection s'est développée entre Finn et June. Mais Finn, homosexuel, est atteint du sida, et n'en a plus pour longtemps. Avant de mourir, il tient à peindre un dernier tableau : le portrait de ses deux nièces, qu'il fait poser chez lui. Lorsqu'il meurt, il laisse derrière lui son « ami particulier » (comme l'appelle sa soeur qui le déteste et l'accuse de l'avoir tué en le contaminant), Toby, un Anglais. ● Ce roman nous replonge dans un temps où le sida était considéré comme le « cancer gay », où certains soignants refusaient ces patients de peur d'être contaminés, où on parlait des « 4H » pour désigner les victimes (Homosexuels, Héroïnomanes, Haïtiens, Hémophiles), où les États refusaient de financer la recherche médicale et de s'intéresser au sort des malades, à commencer par Reagan, mais aussi Mitterrand. ● On peine à imaginer aujourd'hui combien de malades on a laissé mourir dans l'isolement le plus total, dans des ailes d'hôpitaux où ils étaient à peine soignés, tout cela dans les pays les plus riches du monde. Les familles elles-mêmes considéraient cette maladie comme un déshonneur et reniaient leur progéniture mourante marquée du sceau de l'infamie. ● Car oui, quarante ans avant le Covid, il y a eu une autre pandémie, mais pour celle-là on n'a pas fait grand-chose, on était très, très loin du "quoi qu'il en coûte" , les victimes étant « des pédés et des drogués » : pas intéressants. ● Bref, ce roman nous replonge dans cette atmosphère, mais sans discours militant, en se contentant de brosser le contexte qui paraît alors tout à fait normal. ● C'est surtout des répercussions du sida sur une famille lambda des lotissements américains du style Wysteria Lane qu'il est question. « J'imagine que nous étions les premières personnes à avoir un rapport avec ce truc énorme qui passait sans cesse aux informations. Les premiers que les gens connaissaient, en tout cas, et ça semblait les fasciner. Quand ils me posaient des questions, il y avait toujours un soupçon d'admiration dans leur voix. Comme si le fait que Finn soit mort du sida m'avait rendue plus cool à leurs yeux. » ● le roman montre avec beaucoup d'acuité et de délicatesse les rapports au sein de cette famille, notamment entre les deux jeunes soeurs, Greta et June, mais aussi, en miroir, entre Finn et sa soeur, la mère de Greta et June, et bien sûr la relation entre Finn et June, puis entre Toby et June. ● C'est un roman d'apprentissage qui montre June de plus en plus confrontée à des choix difficiles, la faisant entrer dans l'âge adulte, sa soeur Greta y étant déjà de plain-pied. le personnage de June est riche et d'une belle complexité. Sa fascination pour le Moyen Âge et son besoin de solitude, notamment, en font quelqu'un d'étonnant, surtout aux Etats-Unis. Mais les autres personnages sont également travaillés et intéressants. ● J'ai beaucoup aimé ce roman, malgré ses longueurs dans les deux premiers tiers : il était peut-être inutile d'illustrer autant la relation entre June et Toby pour que le lecteur comprenne de quoi il retourne. ● A la moitié du livre, je pensais que le récit irait dans une tout autre direction et j'ai été content qu'il ne prenne pas cette voie trop évidente : . ● La dernière partie est très réussie. Bref, une très bonne lecture, je conseille !
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Vous souvenez-vous du film Philadelphia, sorti en 1993, avec Tom Hanks dans le rôle principal ? Il y jouait un brillant avocat homosexuel, viré de son cabinet parce qu’il est atteint du sida. Si vous vous rappelez ce film, vous devez aussi vous souvenir de sa bande-son, avec « Streets of Philadelphia » (B. Springsteen), « Philadelphia » (N. Young) et « la mamma morta », extrait de l’opéra Andrea Chenier (U. Giordano), trois morceaux sublimes de mélancolie et de tristesse infinie.
Le rapport avec le roman « Dites aux loups… », c’est le sida, évidemment, mais aussi cette atmosphère bouleversante dans laquelle sont empêtrées June et sa famille. June a 14 ans en 1987, dans l’état de New-York. A cette époque, on commence à parler du sida, mais on ne sait encore que peu de choses de la maladie, considérée comme honteuse. A 14 ans, mal dans sa peau, peu sûre d’elle, pas avantagée par son physique, June souffre aussi de la comparaison avec sa sœur aînée, Greta, vedette du lycée. June n’a qu’un seul ami, son oncle Finn, homosexuel, peintre anti-conformiste un temps célèbre, qui va bientôt mourir du sida. Laissée à elle-même, se sentant seule comme peuvent l’être les ados, June s’accroche à lui, parce qu’il est le seul à la comprendre, à faire en sorte qu’elle se sente vivante, intelligente, intéressante, qu’elle cesse de se sentir transparente. A la mort de Finn, June continue à se cramponner au souvenir de son oncle. Elle n’est pas la seule. Il y a aussi Toby, le petit ami caché de Finn pendant toutes ces années, lui aussi malade du sida. Il tente d’établir le contact avec June, dans le but de partager leurs souvenirs de Finn, de chérir sa mémoire, et prendre soin l’un de l’autre, jusqu’à la fin. Cette relation n’est pas simple à construire, parce qu’il faut la garder secrète, et surtout parce que June doit surmonter sa méfiance, sa jalousie, sa déception de n’avoir pas été la seule personne vraiment aimée de Finn, et sa tristesse de réaliser que celui-ci ne lui disait pas tout…
Tout au long du roman, on observe June se débattre avec ses états d’âme, entre des parents peu présents, une sœur autrefois complice et désormais odieuse, sans que June y comprenne grand-chose. La vie, la mort, l’amour, l’amitié, la douleur de la perte, la solitude, ce passage vers l’âge adulte est pour June une étape délicate, qui a réveillé certains échos pour moi. Le roman ne respire pas la joie de vivre, mais il exprime avec finesse et intelligence toute une gamme de sentiments plutôt sombres, de la tristesse à la révolte en passant par la colère et le désespoir. June est poignante, battante, et on lui souhaite des moments plus doux, pour après, quand le plus difficile sera passé. La chrysalide disgracieuse se transformera un jour en papillon. Peut-être pas le papillon sublime et magnifique qu’on verrait en photo dans toutes les encyclopédies, mais un papillon simplement beau. Comme ce roman.
Merci à Masse critique de Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour cette belle découverte.
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Dans les années 80, aux Etats-Unis, June rend visite à son oncle Finn, un grand peintre qui se meurt du sida. A cette époque où cette affection est méconnue, les malades sont considérés comme des pestiférés... Après sa mort, elle fait la connaissance de Toby, l'ami de son oncle. Elle se réfugie dans cette relation pour retrouver un peu Finn...
Une belle lecture sur le sujet du sida qui est abordé avec beaucoup de franchise : June, narratrice raconte sa vie entre ses parents débordés par leur travail d'inspecteurs d'impôts, une soeur qui s'éloigne de plus en plus et cette absence qui la marque de plus en plus... J'ai aimé que ce thème si sensible à l'époque soit décrit avec beaucoup d'honnêteté. La lecture est assez lente mais c'est plus un portrait de famille avec une approche particulière qu'un événement exclusif de l'histoire américaine. Il y a de moments où l'écriture de l'auteur est très poétique et d'autres où June parait insupportable. Les loups sont en filigrane de l'histoire, comme un mystère, une inconnue qui relie les personnages, comme à travers ce tableau. Une belle lecture, touchante.
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Si l'on lit partout que ce roman parle avant tout du sida, sachez que ce n'est qu'à moitié vrai, le sujet central étant, à mon avis, l'adolescence. Roman d'apprentissage à la sauce 80's, avec une jeune narratrice de 14 ans amourachée de son oncle Finn, mort du sida, qui commence à étaler sa tache d'encre en ce milieu des années 80...
Ensuite, le mystérieux "ami de coeur" de l'oncle Finn, Toby, va apparaître, et il va falloir essayer de comprendre pourquoi il était resté comme un paria, laissé de côté par la famille, inconnu de la narratrice, mais plus pour longtemps...

Entre les affres de l'adolescence (parents absents pour la "saison des impôts", rivalité avec la soeur, premières amours) et cette amitié adulte presque contre nature, ainsi que le deuil de cet oncle aimé, ce roman dévoile toute une palette de sentiments et réussit à nous embarquer dans ce monde très ado. On croit voir le film Philadelphia (j'avais la chanson de Springsteen dans la tête et la silhouette cacochyme de Tom Hanks qui me hantait...) et le sujet du sida est bien évoqué mais finalement discret.

J'ai surtout beaucoup aimé le ton, la narration très "roman initiatique", à la "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", où le monde de l'enfance et celui des adultes semblent à la fois étanches et tellement perméables...
Ce roman souffre tout de même de quelques longueurs, surtout au milieu du récit, et cède à quelques poncifs et sentiments faciles et prévisibles (quoique, on évite le déluge de bons sentiments la plupart du temps, ce qui n'était pas gagné !), mais globalement il m'a plu, voire carrément emballée à la fin !
Et, OUI, je mets toujours 4 étoiles quand un livre me fait pleurer ! ;-)
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Quelle maîtrise de l'écriture pour un premier roman ! Et quel enchantement que cette lecture qui m'a émue, qui m'a fait revivre mon adolescence (Ah ! les références musicales : Simon&Garfunkel, Depeche Mode, U2...), l'angoisse que suscitait le SIDA tout juste découvert et qui condamnait les malades, les questionnements (sexe, sueur, salive ?), l'entrée dans l'âge adulte...
Sans pathos aucun mais avec subtilité, ce roman dessine le portrait d'une génération au tournant d'un monde, quand on découvrait avec effroi qu'on pouvait mourir d'aimer.
Mais c'est aussi l'histoire d'une gamine qui découvre une autre perspective, qui s'interroge sur la sincérité des adultes, qui s'inquiète de tout ce qui disparait de l'enfance et de ses repères rassurants, qui ne comprend pas tous les codes, qui alterne chagrin et colère, jalousie et compassion, qui se construit.
J'ai découvert une héroïne attachante, bouleversante, confrontée à un deuil difficile, et qui, face à la solitude et à la violence perverse du monde qui l'entoure, est à la fois forte et fragile, et va donner à sa famille une belle preuve d'amour, renforcer les liens avec sa mère et sa soeur, pardonner...
Bref, un roman lumineux, vivant qui se lit d'une traite ! Je vais attendre le prochain livre de Carol Rifka Brunt dont la plume, juste et sensible, m'a charmée !
Un grand merci aux éditions BUCHET-CHASTEL et à BABELIO-Masse Critique pour ce magnifique roman !

http://mesmiscellanees.blogspot.fr/
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"Dites aux loups que je suis chez moi" est un premier roman habile, que j'ai lu avec plaisir.
La narration est placée du point de vue d'une jeune adolescente, ses pensées sont restituées avec finesse.
J'ai trouvé que l'histoire était bien menée, j'ai avancé dans le roman sans heurts. Certains passages sont assez émouvants.
Le sujet du Sida est évoqué avec une appréciable pudeur. Ce n'est ni trop larmoyant ni trop sombre.
J'imagine facilement ce récit adapté au cinéma, et c'est peut-être sur ce point que je placerais un petit bémol.
Bien qu'ayant passé un bon moment de lecture, selon moi il manque une patte d'auteur un peu plus affirmée, qui aurait fait basculer le roman du côté des bons livres. Même si les personnages sont bien étudiés (j'ai trouvé Toby convainquant et touchant) l'ensemble manque un peu de parti-pris, ou d'audace dans l'écriture.
Mais c'est un premier roman.
Parions que Carol Rifka Brunt saura sortir les griffes dans ses prochains livres, car elle possède une belle sensibilité, des qualités d'observations et une capacité à donner du corps à ses personnages, ce qui est déjà remarquable.
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Dans la famille Elbus, il y a le père, la mère, la fille aînée (Greta, 15 ans), et la cadette (June, 13 ans). Il y a aussi l'oncle Finn, qui est au centre du roman même s'il meurt prématurément du Sida.
Finn vivait depuis quelques années avec Toby. Une partie de la famille Elbus tient ce dernier pour responsable de la mort de Finn, il lui a transmis le virus fatal. La jeune June ne s'arrête pas à cette « évidence » et est attirée par Toby, seul lien qui lui reste avec cet oncle qu'elle aimait tant. Outre le fait qu'il est potentiellement contagieux, Toby est étrange, et la relation qui semble se nouer entre lui et June devient vite inquiétante pour le lecteur. Quant à Greta, elle traverse également une mauvaise passe, et se défoule facilement sur sa petite soeur.

A travers l'histoire de Finn Elbus, c'est le rapport de nos sociétés à cette maladie et à ses victimes à la fin des années 1980 qui est exploré. A l'époque, le Sida affectait d'abord les homosexuels. La plupart des sidéens étaient tenus au ban de la société à double titre : d'un part en raison de leur maladie et de l'ignorance par le grand public de son mode de transmission, d'autre part à cause de leur homosexualité ainsi révélée à leurs proches. Ce thème est brillamment traité, mettant en évidence la double peine subie par les malades pendant le temps qu'il leur restait à vivre.
Les difficultés de l'adolescence et la complexité des rapports dans les fratries sont aussi présentées avec finesse. Violence et complicité (voire tendresse) cohabitent ici de manière surprenante mais tout à fait crédible, pas seulement dans les rapports entre Greta et June mais aussi dans ceux entre leur mère et son frère Finn.

J'ai trouvé ce livre émouvant et fin.
Il peut être lu dès quinze ans, même s'il est parfois dur, à l'instar des thèmes douloureux qu'il aborde.
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On est près de New-York, au milieu des années 1980.
La narratrice a quatorze ans, sa soeur seize.
Au moment du récit les Files se disent "orphelines" car pour les parents, tous deux comptables, c'est "la saison des impôts" ce qui se traduit par une grande surcharge de travail : de longues heures au bureau et très peu de présence à la maison.
L'aînée est jolie, mince, brillante. La seconde, plus grande, se trouve grosse et se juge laideron.
L'aînée est extravertie tandis que la cadette se réfugie dans son monde imaginaire.
"Moi j'aime imaginer des voyages dans le temps, des forêts grouillantes de loups, des paysages nocturnes désolés."
"Crocodile, c'était le surnom que Finn me donnait parce qu'il disait que j'étais comme un être d'une autre époque qui rôdait, observant tout et prenant le temps de se faire une opinion."
La cadette croit que sa soeur la déteste alors que pour elle "Elle était profondément ancrée dans mon coeur. Entortillée, nouée, ficelée à l'intérieur."
le personnage important autour duquel tout gravite est l'oncle Finn, le "petit " frère de la mère.
C'est un peintre de renom qui revient s'installer à New-York après de nombreuses années passées à l'étranger; Il veut faire le portrait des Filles. Elles viennent le dimanche pour les nombreuses séances de pose accompagnées de leur mère.
Un lien très fort unit June à son oncle, un lien fusionnel dont Greta prend ombrage.
Mais le sida frappe les homosexuels bouleversant l'existence de leurs proches.
J'arrête là, je ne veux pas raconter l'histoire qu'il faut faut découvrir au fil des pages. Car elle est prenante, enveloppante et poignante cette histoire. Les thèmes abordés sont bien sentis. Au point que je ne pouvais interrompre ma lecture qu'à une heure avancée de la nuit.

Je remercie vivement masse critique et les éditions Buchet-Chastel

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1987 près de New-York, June, adolescente de 14 ans voue un amour très fort à son oncle Finn artiste peintre réputé. Elle pose d'ailleurs avec sa soeur pour un tableau de celui-ci, mais les deux soeur n'ont pas la même attitude du tout; alors que June s'émerveille de l'univers de cet oncle chéri, sa soeur rejette tout. Et pourtant ce tableau va avoir un rôle important dans les rapports entre elles et leurs permettre peut-être de se retrouver.
Et puis Finn meurt et sa mort est entouré d'un mystère qui m'est toute la famille dans une sorte de malaise.
Lors de l'enterrement de son oncle, June va faire la connaissance du compagnon de son oncle et découvrir ce qu'est l'homosexualité, le sida mais surtout un amour fort et puissant.
Avec ce roman on replonge dans les première années du sida, dans une époque effrayée par cette maladie que l'on ne connaissait pas et qui paraissait si honteuse, car transmise par la sexualité et l'amour.
Mais on découvre aussi qu'il y a différentes sortes d'amour et qu'elles sont toutes nécessaires et tellement belles qu'il ne faut pas passer à côté.
Un roman doux, difficile et formateur comme le passage de l'adolescence.
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Un roman bouleversant, comment ne pas être ému par ce livre,qui renferme beaucoup de richesses.l'auteur trouve la manière la plus touchante pour évoquer le sida. Elle montre justement la méconnaissance de la maladie, la peur qu'elle inspire, le caractère honteux qu'elle revêt. L'auteur par son écriture sensible nous fait partager les émotions d'une adolescente fragile et solitaire.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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