La porte claqua. Pour Luce, la soirée, soudain, avait moins d'attraits. Elle baissa le son de la chaîne. Quelques ados jetèrent un coup d'œil furtif à leurs portables. Vampires et sorcières avaient tous des mères douées de pouvoirs redoutables. A la moindre incartade, elles étaient en mesure, d'une seule imprécation, de les précipiter sans merci dans un monde glacé privé d'Internet, de jeux vidéo, et, pire, du prochain concert de Sepulcral Deer. Alors, ils s'éclipsèrent les uns après les autres, non sans prendre soin de glisser au fond de leur sac à dos les accessoires les plus voyants de leur appartenance gothique.
Il l'éclaboussa, elle le poursuivit avec des cris aigus de petite fille, les mains en coupe, projetant des gouttelettes scintillantes sur ses boucles brunes. Il s'ébroua, la rattrapa puis la poussa sous l'arrosage des plates-bandes.
Le rire d'Esteban s’éteignit.
Oublieuse de tout, immobile, elle tendait son visage à la bruine rafraîchissante où dansaient des arcs-en-ciel. Les gouttes se condensaient sur ses épaules, sinuaient vers son décolleté. Il avait envie de l'attirer dans ses bras, pour la bercer la consoler, la protéger. De quoi ? Il ne savait pas. Il la devinait si vite alarmée, frémissant parfois d'une souffrance cachée, mais riche aussi d'une énergie contenue, valeureuse ! Mais Dios mio, c'est qu'en plus, elle était diablement mignonne, ainsi toute frissonnante, inconsciente de ses petits seins qui se dressaient sous son tee-shirt. Esteban se détesta de cette pensée. L’attitude de Luce le montrait clairement, elle ne voulait pas mener leur relation sur ce terrain-là.
Luce pris sa mère dans ses bras, et la joue posée sur le crâne nu, elle la berça contre sa poitrine.
Un passage du texte m’a particulièrement touchée : «Et puis, lors de cette ultime soirée...
-Il faut qu'on parle Luce... (...)
-Merci bien, pour entendre d'énièmes reproches ...
-Non c'est important...
-Ben voyons... Tu me les casses, mother. Lâche-moi ! Je ne sais pas, trouve-toi un mec, fais du tricot, laisse-moi vivre... Cela dit, vu ta tête, tu ne risques pas de pécho... On dirait que tu as 100 ans...
Luce frémit de honte en se souvenant de cet échange. (...) »
Nous partagions au jour le jour une amitié d'amour qui nous faisait du bien.
… Alors si par malheur il arrivait qu’un kangourou ou qu’un crabe me grignote dans ce pays sauvage, sois bien persuadée que je te sais forte, capable de vivre une belle vie, car tu es douée pour le bonheur.
En revenant d'une soirée gothique, Luce découvre une lettre sur son bureau : sa mère est partie en Australie, pendant quatre mois. Luce, intriguée par cette fuite, remonte le passé de sa mère. Cette histoire conduira la jeune fille à chercher en Espagne...
Un frémissement de rage secoua la jeune gothique.
La mother est définitivement larguée, une vraie tare....
Bon vent !
Elle avait oublié l’époque où la fillette admirait sa maman par-dessus tout, quand celle-ci opposait le rempart de ses bras en berceau à la dureté du monde, au chagrin, à la mort…Elle avait oublié l’époque où la fillette admirait sa maman par-dessus tout, quand celle-ci opposait le rempart de ses bras en berceau à la dureté du monde, au chagrin, à la mort…
(Abigail)
Ma chérie,
Pardon de ne pas avoir donné de nouvelles. j'ai été trés occupée. Mais je crois de toute façon qu'il etait bon pour toutes les deux de prendre du recul. Je suis sûre que tu t'en sors comme un chef. Tu es forte, je le sais.
(Abigail)