Peut-on être libre lorsqu'on se fuit soi-même?
Le Loki resta seul [après avoir été conduit à l'extérieur de la ville de Sanction par son prévôt et intimé l'ordre de ne pas y revenir].
Il n’avait même pas songé à demander où se trouvait la ville la plus proche de Sanction. Il était vraiment assoiffé, il n’avait plus de provisions et il ruminait sur le traitement qu’on venait de lui infliger.
On l’avait chassé comme un malpropre alors qu’il voulait simplement se détendre sans déranger personne, on lui avait fait des réflexions sur la couleur de sa peau, on l’avait méprisé, humilié. Cette injustice le plongeait dans un abîme de rage froide. Il ne pouvait en rester là.
C’était un homme orgueilleux, il l’avouait lui-même sans honte, et son honneur exigeait qu’il réagisse. Il se tourna vers la ville, s’assit en tailleur, dans l’ombre d’un rocher et ferma les yeux.
Il fit taire la soif qui le tenaillait, il fit taire sa faim. Il caressa sa colère.
Une fois la nuit tombée, il se releva et se dirigea droit vers Sanction, chacun de ses pas plus assuré que le précédent. Il voulait laver son honneur et il voulait sa bière.
Et cette bière, foi de Loki, par les couilles du Grand Cornu, il l’aurait !
Maddox prouva qu'il était connaisseur en vins, puisant dans sa réserve un Tursan-Hermitage cru bourgeois, divin breuvage à la robe quasi noire, aux reflets rubis, avec des notes de mûres des bois, de poivre vert, d'amandes grillées, puissamment tannique et offrant une grande rondeur. Bref, un véritable velours en bouche.
- (...) Ton passé a été douloureux, injuste, d'accord. Mais laisse-moi te dire ceci : soit tu laisses ce passé te dominer, gangrener ton présent et ton avenir, et ta vie sera gâchée... soit tu fais table rase et tu t'offres la chance d'une nouvelle existence, plus heureuse. Toi seule peut décider...