Supposons le développement de la musique moderne en avance d'un siècle et demi. Vers 1630 quel terrain le nouvel art aurait-il trouvé en Allemagne pour son expansion? Aucune vitalité propre dans les principautés : partout une imitation servile des civilisations étrangères. Au siècle suivant et surtout dans ses dernières années, la situation est toute différente. Certains États ont désormais leur existence propre et autonome. Viennent les guerres du Premier Empire et les peuples d'outre-Rhin prendront conscience sinon de leur commune nationalité, au moins de leur identité de race. C'est vers ces années que l'esprit allemand s'épanouit en sa plus magnifique floraison de poètes et de philosophes.
Au Châtelet, M. Colonne a ouvert la saison par un festival de musique française. Française : entendons-nous bien. Si l'on voulait prendre les pièces choisies comme des types significatifs de notre musique nationale, on s'exposerait à de graves erreurs. Il s'y trouve, sans doute, des choses vraiment françaises. Le Divertissement, de Lalo, et le Ballet, de Léo Delibes, sont en effet des types de cette musique moyenne où la légèreté et la délicatesse priment toutes autres qualités. Mais il y a tout un ordre de musique qui n'était pas représenté dans ce programme : je veux parler de notre musique symphonique.