Pour Val, cette affaire Font est comme le sparadrap du capitaine Haddock. Elle va lui rester collée longtemps à la peau.
C'est l'histoire d'un premier journal,puis d'un second, d'un troisième: tous créés par une bande de kamikazes. Ces journaux ont amusé, éclairé,ouvert les yeux et les esprits de deux ou trois générations de lecteurs, de citoyens, d'électeurs, de journalistes. Hara-Kiri mensuel, Hara-Kiri hebdo, la gueule ouverte, Charlie mensuel, et le dernier: Charlie hebdo... 1960-1985: vingt cinq années d'insolence, d'humour,de spontanéité et de subversion.....
... Cette histoire est la saga d'un détournement. C'est la dilapidation d'un héritage sur fond de libéralisme échevelé.
De Canal à France Inter en passant par France Télévisions, iTélé, LCI ou BFM, Malka et Val ont squatté les plateaux de télévision au moment des attentats de janvier. La complaisance, l'absence de recul et de culture des gens qui les interrogeaient quant à l'histoire de Charlie Hebdo étaient manifestes et générales. Je voyais à longueur d'interviews s'accumuler les inexactitudes, les contre-vérités, les réappropriations et les oublis. Pour moi, ces deux mecs —Val et Malka — occupaient un terrain qui n'était pas le leur. Ils se comportaient comme des héritiers, des sauveurs de la liberté d'expression, les garants de l'esprit Charlie.IL était impossible que je sois ce Charlie-là. Il y en avait un autre. J'étais cet autre Charlie.
J'ai le cerveau aussi libre, apaisé et excité que celui d'un enfant sage face à un labyrinthe, un soir d'été dans une fête foraine. J'ai le temps et envie de leur montrer qu'ils ont tort. Quelque chose d'insondable, de dur, d'obsédant me dit que je dois persévérer.
Des intellectuels et des stars du show business se mobilisent cette fois: Aragon, Edgar Morin, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Raymond Queneau, André Breton, René Char, Elsa Triolet, Sempé, Alain Resnais, Pierre Dac, Francis Blanche, Jean-Christophe Averty et Georges Brassens écrivent au ministre de l'intérieur Roger Frey, demandant la levée de l'interdiction. P53