J'ai déjà lu plusieurs romans de
Nora Roberts. A chaque fois, elle me fait voyager, entrer dans la peau de ses personnages. Elle me fait vivre des aventures qui font du bien au moral (sérieusement, qui ne rêve pas de rencontrer par hasard un bel homme, d'en tomber amoureuse, qu'il soit amoureux en retour, et de vivre heureux toute la vie ?)
Nora Roberts écrit des contes de fées, et cette trilogie des Trois clés en a toutes les spécificités. L'écriture de ces romans est basée sur le schéma actanciel.
Il y a les héroïnes : Malory, Dana, Zoé. Au début de l'intrigue, elles sont toutes les trois dans une situation précaire, à un tournant de leur vie. Effectivement, les trois vont perdre ou ont perdu leur travail.
Malory aurait voulu être une artiste. A défaut de l'être, elle a choisi de travailler au plus proche de l'art, dans une galerie. C'est une femme organisée (trop peut-être), raffinée, et qui sait ce qu'elle attend de la vie. Malheureusement, certaines fois, la vie décide de jouer des tours. Malory va devoir s'adapter, transformer ses plans.
De son côté, Dana aime les livres. Dans sa maison, des livres sont posés un peu partout, dans sa cuisine, sur son canapé, … Dana est une femme n'a pas peur de dire ce qu'elle pense. Elle a tendance à parler avant d'agir. Elle est passionnée et donc parfois un peu extrême.
Et puis il y a Zoé. Je me reconnais tellement dans ce personnage qui a construit sa vie à partir de peu. Elle a changé ce qu'elle avait pour en faire ce qu'elle voulait. Elle est courageuse, mais pleine de doutes. C'est dans ses doutes, ses appréhensions, ses peurs que je me retrouve. Zoé a le sentiment de rêver et a peur de se réveiller en ayant tout perdu. Pourtant, c'est en partie parce qu'elle a cru en ses rêves que son destin et celui de Dana et Malory va être changé.
D'une façon générale, j'adore les personnages féminins de
Nora Roberts. Elles sont souvent fortes, mais cachent une certaine fragilité, elles savent ce qu'elles veulent et font de leur mieux pour l'obtenir. Cette fois-ci n'est pas différente. le problème est qu'avec des caractéristiques générales si semblables, Malory, Dana et Zoé sont finalement très semblables, même si l'auteure est tout de même parvenue à les différencier par quelques traits de caractères. Comme j'aime ce type de personnages, cela ne m'a pas dérangée outre mesure. Mais je peux parfaitement imaginer que cela ne doit pas être très gai pour un lecteur qui n'aime pas vraiment ces personnages.
Un jour, les trois femmes reçoivent une invitation à une soirée dans une maison étrange, et s'y rendent, malgré leur appréhension initiale. Là, l'objet de leur quête leur est dévoilé : elles doivent retrouver trois clés, pour libérer les âmes des trois filles du roi des dieux celtes. A cet instant, on reste dans le conte, mais on entre dans la légende. Dieux, histoires d'amour entre dieux et mortels, magie, sortilèges, malédictions, guerres … tout y est ! Et ce sont ces petits détails qui font le charme de cette histoire.
Les habitants de cette étrange maison sont en réalité des dieux, chargés il y a 3000 ans de veiller sur les filles du roi, mais qui ont malheureusement failli à leur mission. Ils n'ont donc d'autre volonté de libérer les âmes des trois princesses. Les dieux ont des pouvoirs illimités, paraît-il. Oui, mais les dieux se compliquent trop souvent la vie avec des règles, des procédures, des formules, des impossibilités qui font que Rowena et Pitte (puisque tels sont leurs noms) ne peuvent rien faire, si ce n'est guider vaguement les mortelles à qui échoit cette quête par des indices très énigmatiques et très impénétrables.
Heureusement, ils ne se contentent pas d'être les émetteurs, ils font de leur mieux, dans la limite de leurs possibilités (c'est drôle de dire cela pour des dieux) pour aider les filles.
Dans les adjuvants, on retrouve également Flynn, le demi-frère de Dana, directeur du journal de la petite ville où se déroule l'action, beau gosse, un brin agaçant, mais pas trop quand même. Et puis ses potes de toujours. Tout d'abord, Jordan, parti vivre à New-York pour mener la grande vie dont le premier roman, un best-seller, lui a été inspiré par une expérience de jeunesse vécue à Warrior Peak, la maison de Rowena et Pitte. Etrange, non, comme tout se tient ? Jordan est l'ex de Dana, il lui a brisé le coeur, sans le savoir, alors qu'ils étaient encore relativement jeunes et immatures tous deux.
Et enfin, il y a Brad. Bradley Charles Vane IV, si l'on veut être précis. Héritier d'une très grosse entreprise.
Là encore, au niveau des garçons, pas une grande différence de caractère. Tous un peu protecteurs, tous sûrs d'eux, entreprenants et prévenants à la fois. de vrais princes charmants.
Pour un conte de fées, il faut aussi des méchants. Il n'y a qu'un vilain dans cette histoire, mais comme il est à la fois un dieu et un sorcier, capable de s'introduire dans les esprits, de transformer la réalité et de changer les règles du jeu, c'est largement suffisant. Je ne m'étendrai pas plus à son sujet, découvrez-le plutôt par vous-mêmes.
Dans ce roman, il y a une quête, au sens propre, sur laquelle je me suis déjà étendue, et une quête au sens figuré. Chacune des héroïnes est en quête de changement, de renouvellement. J'aime beaucoup de lien entre le sens propre et le sens figuré, c'est très poétique.
Pour conclure cette critique, je dirais que malheureusement, les trois parties étaient fort semblables les unes aux autres, tout comme les personnages. Les intrigues entre les personnages étaient bien développées, mais très peu réalistes. Quelle est la probabilité que 3 amies tombent amoureuses de 3 hommes qui sont amis ? Et tout cela sur 3 mois ? Mais il est vrai que si la magie s'en mêle, cela peut faire des miracles. Et puis, qui est contre une belle histoire d'amour de temps à autre ?
Malgré les quelques points négatifs soulevés précédemment, je dois dire que j'ai vraiment beaucoup aimé ces romans, et leur lecture a vraiment été un réel plaisir. Et puis, je tiens quand même à souligner la très bonne idée de départ : une quête, avec des dieux celtes, c'est très alléchant ! Et je tiens aussi à répéter que les personnages sont bien construits, ils sont consistants, avec des qualités et des défauts, ce qui les rend attachants. Et, dernier point, c'est quand même une très belle leçon de vie !