Le roman ne perd pas de temps, l'intrigue démarre au quart de tour. C'est ballot, mais j'ai l'impression que la machine est partie sans moi.
Pourtant, tout avait été prévu par l'auteur pour que la sauce prenne. Elen Kern, notre héroïne, est maligne et plutôt du genre à poser ses ovaires sur la table, au point d'être crainte comme la peste par la pègre locale. le portrait est posé, je me dis que je suis prêt à l'apprécier.
En compagnie de cette Elen donc, on en vient rapidement à découvrir la ville de Deilton et ses nombreux quartiers et environs. Un petit guide touristique qui ne devrait pas être pour me déplaire, mais qui s'attarde en réalité plus sur les questions de morale que sur les pierres. Polar oblige, Deilton n'est pas une ville tranquille. Mais le ton n'y est pas. La plume de
Frédéric Rocchia me paraît trop lisse, la phrase qui claque ne vient jamais. Dès lors, le cynisme ne fonctionne pas, s'apparente tout au plus à une critique, facile, de surface (“les riches c'est pas bien parce qu'ils sont riches”). La tentative est là, mais l'étincelle peine à jaillir.
Et puis, à mesure que les (courts) chapitres défilent, je me rends compte que je ne prête pas tant d'intérêt aux enjeux du récit . C'est marrant, parce je ne suis pas le seul : Suzy (la pote de toujours de notre héroïne) ne bat pas un sourcil lorsqu'elle apprend la disparition du père d'Elen. En parlant de relations entre les personnages, je dois avouer que ce salopard de Bart Trick m'a toutefois amusé.
Pour revenir à l'intrigue, celle-ci ne tarde pas à s'épaissir. le récit s'emballe avec cette série meurtres, dont Elen cherche à faire le lien. Une enquête complexe, et quelques fausses pistes qui ont retenu mon attention, mais qui malheureusement abouti sur un fin un peu cheesy à mon goût, après toutefois une belle révélation. Cela aurait d'ailleurs pu en rester là, mais il fallait que l'épilogue se close sur une note dégoulinante, mille fois déjà lue.
Dommage.
Au final, je suis un peu embêté d'être passé à côté de ce roman, en voyant les nombreux commentaires élogieux.
Les tuer tous ! restera à regret une lecture tiède, un puzzle pour lequel j'aurais souhaité me prendre d'affection.