J'ai lu rapidement cet essai passionnant qui m'a été offert. L'auteur étant philosophe, je classe plutôt l'ouvrage en philosophie et histoire, d'autant plus qu'il fait régulièrement des points sur l'historique des relations entre hommes et femmes. J'aurais pu tout aussi bien le classer dans les essais de sociologie et politique, d'abord parce que le champ de réflexion est vaste à souhait, ensuite parce que l'auteur fait preuve de solides connaissances scientifiques, étayant toujours ses arguments par des recherches sérieuses et des renvois à des connaissances actuelles en sociologie.
Voilà : déjà, je dois dire que l'on n'est pas déçu par la construction, ni par la mise en forme, l'écriture étant de belle facture et le propos nuancé, bien qu'il réponde à un mouvement polémique. J'ai envie de dire - là où se situe l'intelligence, là mon cerveau est attiré et convaincu, faisant fi des étiquettes.
L'ouvrage se divise en 3 parties : Nature / Patriarcat / Amour / Société. Pour faire simple sans tout dévoiler, l'auteur défend la différenciation entre hommes et femmes comme fondamentale pour la survie de l'espèce dans l'histoire, hommes et femmes ayant mis en commun leurs talents et compétences dans des sphères d'action différentes mais complémentaires. Il fait notamment état des avancées sur la connaissance des conditions de vie préhistoriques, allant jusqu'à imaginer - non sans humour - une jeune féministe, Chloé, soudainement projetée dans la Préhistoire, forcée en cela de réviser ses convictions.
Dès lors, pourquoi le féminisme idéologique prône-t-il jusqu'à l'excès une égalité des sexes allant jusqu'à faire des hommes et des femmes des individus génériques et interchangeables, progressivement écoeurés de leurs relations ? Lorsque le conflit s'étend, chaque "camp" devient de plus en plus virulent, jusqu'à n'exprimer que haine et mépris - ici, l'auteur renvoie dos à dos les féministes radicales et les masculinistes exacerbés. Il s'érige également contre la déconstruction qu'il faudrait mettre à l'oeuvre dans tout domaine de la pensée politique et sociale.
Dans une dernière partie, il exprime sa conviction qu'hommes et femmes pourraient travailler ensemble et forger une écologie humaine pour prendre soin d'eux-mêmes, du monde et de nos enfants. C'est une lecture stimulante, porteuse d'espoir : je crois que, si les droits des femmes doivent être défendus, personne n'aime que cela se joue dans une lutte permanente et une négation de ce que nous sommes. L'auteur donne des raisons de penser que tous les malheurs des femmes ne viennent pas du patriarcat, mais aussi d'une forme de désenchantement dû à l'évolution de la société.
Bref, je me suis toujours considérée comme féministe, mais je tiens à ce symbole de la complémentarité entre principe féminin et masculin, ainsi qu'à l'identité de chaque pôle. Une lecture que je découvre et recommande, tant je trouve que tout devient exagéré, notamment avec les réseaux sociaux, et que nous avons besoin de nuances et d'arguments sensés. Se poser avec un bon livre pour prendre le temps de réfléchir ne peut être que bénéfique, particulièrement avec une aussi belle plume et cette élégance de pensée respectueuse des unes et des autres.
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Quel livre magnifique, j'ai rarement autant mis de pauses à ma lecture après avoir lu des dires aussi beaux.
Je recommande ce livre au plus grand nombre d'entre vous, en plus d'être un livre qui traite de la médiocrité du féminisme actuel, c'est surtout un livre qui nous fait repenser la notion de l'amour et les relations homme-femme comme jamais on aurait pu le penser.
Qu'une chose à dire, magnifique.
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Je me considère comme féministe. La définition que je m'en fais c'est de revendiquer avant tout une société plus tolérante. Tolérante envers tous les individus peu importe la manière dont ils se définissent, qui ils aiment, leurs croyances, leurs origines...
Pour moi l'auteur parle ici d'un féministe extrémiste qui semble vouer une haine telle envers les hommes au point de vouloir les anéantir. C'est ce que je ressens après cette lecture et je ne m'y suis pas reconnue du tout. Mais pourtant j'ai l'impression que pour l'auteur il s'agit de la majorité des féministes et de leurs idéaux. Avis que je ne partage pas.
J'ai lu ce livre parce qu'un ami me la demandé. Pour qu'on en discute ensuite. de moi même je n'aurais jamais lu ce livre car je savais que je ne me reconnaîtrais pas dans ces propos. Ce fut le cas.
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Voilà donc le troisième principe d'une écologie propre à l'homme, c'est à dire aussi, d'une écologie sexuelle : respecter nos différences, et pourquoi pas les chérir, comme on veut respecter la diversité dans la nature. (page 290)
L'amour n'est pas le sentiment amoureux, celui-ci n'en est que l'amorce