Évangile de la blockchain selon un banquier d'affaire. On sait que la notion de confiance est au coeur de la problématique blockchain. Mais la rhétorique de Philippe Rodriguez le trahit - chez-lui, on est au-delà de la confiance - il s'agit de foi, le mot est lâché de ci de là avec une inconscience qui jure avec la prudence de mise chez les banquiers (cependant, ce banquier là est un spécialiste des start-up). Cette "foi des informaticiens et des ingénieurs" est une foi parmi tant d'autres et qui n'a rien d'algorithmique: elle n'est pas sans rappeler la foi chrétienne qui substitue la loi du coeur à toutes les autres lois et qui rend à César ce qui appartient à César. La blockchain va-t-elle rendre obsolète le tiers de confiance (César) de nos transactions quotidiennes? Où ne servira-t-elle que César lui-même (en simplifiant le problème des compensations entre banques par exemple)?
C'est un peu tôt pour le dire. Toutes les révolutions se font avec des pleurs et des grincements de dents. Celle de la blockchain n'y coupera pas, malgré la foi de ses propagandistes les mieux informés (dont semble faire partie l'auteur de cet ouvrage). Les hommes choisissent-ils leurs institutions et leurs modes de vie de la façon dont l'auteur le laisse entendre dans le dernier paragraphe de son livre: "Demain, nous aurons le choix de nous fier aux institutions humaines ou à leur extrême opposé: des algorithmes prouvant automatiquement la confiance. Les deux se développant pour le bien commun, nous nous poserons une question essentielle: quelle entité nous apportera le plus de liberté et le plus de justice?"
Mais au fait, "nous", c'est qui? Et puis est-il si certain que les Institutions (Républiques en tous genres et entreprises) ont pour vocation le "bien commun"?
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L'affranchissement du citoyen des institutions régulatrices semble être l'horizon de transformation de nos démocraties modernes. Cependant, nos State auront-ils la capacité de mener à terme les réformes nécessaires à l'adoption de la rupture technologique de la blockchain, la si médiatique disruption? L'immobilisme de la situation actuelle invite à penser tout le contraire, mais la foi des informaticiens et ingénieurs en cette nouvelle technologie est inébranlable.
La blockchain peut déchaîner les forces fondamentales de nos sociétés. Elle peut nous libérer de règlements contraignants, d'usages dépassés, de relations desséchées. En organisant un nouveau partage de l'information, elle peut nourrir une liberté retrouvée, une confiance réssuscitée, bref aider à refonder un nouveau pacte social entre les hommes. Elle reposera, alors, sur le fruit d'un travail humain collectif, d'un échange renouant avec la simplicité d'une relation entre deux individus, mais peut-être aussi entre deux machines. Quel meilleur protecteur de nos libertés fondamentales que les mathématiques? Quel plus froid et impartial applicateur de nos règles que la machine codée pour ce seul usage? (pp. 207-208)
C'est une véritable mécanisation de la confiance que l'on vient d'inventer. (p. 153)