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Critique de ODP31


ODP31
19 février 2024
Spin-off des Misérables.
Cette idée de raconter les destins tragiques de deux figurants du monument littéraire du Père Victor était enthousiasmante.
Barthélémy, ouvrier blanquiste fanatique (à différencier des amateurs de blanquette) et Cournet, officier de marine placardisé en soute, participent activement aux insurrections parisiennes de Juin 1848, pratique aussi récurrente à l'époque que les grèves SNCF pendant les vacances scolaires aujourd'hui.
Le roman retrace le parcours trouble et chaotique des deux protagonistes au sang chaud qui n'ont rien d'imaginaire, qui se détestent et vont finir par se défier dans un duel à Londres entre exilés. Cette trame rappelle forcément « le Duel» de Conrad mais le roman d'Olivier Rolin tient mal la comparaison, faute de rythme et d'incarnation.
Si le chroniqueur de jadis impressionne par le travail de recherche autour de ces deux personnages oubliés par l'histoire, le récit souffre pour moi d'une maladie chronique : l'intrusion de l'auteur, pique-assiette de l'histoire.
Je me demande encore quel est l'intérêt de consacrer des pages entières aux repérages du romancier dans le Londres et le Paris d'aujourd'hui à la recherche de traces du passé. En 2024, les barricades de 1848 ont été levées. Quelle surprise ! Haussmann et Hidalgo sont passés par là. L'inventaire des kebabs, des couloirs de bus et des opticiens aux officines invasives ne présentent pas un grand intérêt pour l'histoire (j'exagère à peine) et le brouillard Londonien peine à masquer la modernité de la City. Ces passages, qui se voulaient être des passerelles du récit, se muent en barricades qui cloisonnent le roman et tiennent le lecteur à distance. J'appelle cela du remplissage. C'est comme si Tesson avait fait un selfie au moment du passage de la Panthère des Neiges.
C'est dommage car les truculences de Cournet, le parcours criminel de Barthélemy et les révoltes Hugoliennes éclairent avec minutie les agitations politiques de l'époque. Les apparitions de l'auteur sont de trop. L'ombre des citations Victor Hugo suffisait : « Parfois, insurrection, c'est résurrection. »
Olivier Rolin est un écrivain qui baroude autant dans l'espace que dans le temps. Non, Je ne parle de l'Ariège. Ce que les gens peuvent être méchants.
J'avais pourtant apprécié ses précédents romans car j'ai un petit faible pour les écrivains voyageurs, métier qui sur le papier, est plutôt sympa.
Après, il faut séparer le pèlerin introspectif qui partage ses ampoules au pied et sa crise existentielle sur les chemins de saint Jacques de Compostelle dans des gîtes qui puent les pieds, des vrais baroudeurs dont la plume dessine l'âme de peuples méconnus ou de terres inconnues.
Il est venu le temps des barricades (je confonds peut-être mes classiques…)
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